« Le handicap, comme toute autre forme de différence, est une source de performance »

En France, plus de 3 millions de personnes bénéficient d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Parmi elles, 45 % sont actives. Au-delà des obligations légales, certaines entreprises s’engagent durablement à leur inclusion. C’est le cas de RTE, gestionnaire du réseau public de transport d'électricité en France métropolitaine. Entretien avec Sabrina Casseri, DRH région Nord, en charge des sujets de diversité pour l’entreprise.

« Des actions pour maintenir et développer les compétences »

L’approche de RTE en matière de handicap vise l’inclusion. Cela revient à assurer, dans un premier temps, que les salariés en situation de handicap bénéficient d’un cheminement professionnel comparable à celui d’un salarié ne présentant pas de handicap. « Pour atteindre cet objectif, nous menons des actions pour maintenir et développer les compétences, en nous adaptant aux besoins spécifiques des personnes en situation de handicap », explique Sabrina.

La mise en œuvre de ces objectifs est rendue possible grâce à un réseau de correspondants diversité dans toutes les régions. « Sous le terme de diversité, nous incluons le handicap, l’égalité professionnelle femmes-hommes et toutes les autres dimensions interculturelles. Les correspondants sont responsables de l’ensemble des actions en faveur de la diversité : accompagnement, sensibilisation des salariés et des managers, etc. », continue-t-elle.

Sabrina Casseri

DRH région Nord chez RTE

En la matière, l’engagement de RTE n’est pas récent : « Cela fait de nombreuses années que nous sommes investis sur ces sujets, notamment le handicap. Notre détermination reste la même : maintenir une bonne dynamique et continuer à collaborer avec le secteur du travail protégé et adapté (STPA). Nous y consacrons des volumes financiers importants : environ 3,5 millions d’euros par an, répartis sur l’ensemble des régions. »

« Que chacun puisse exercer son métier dans les meilleures conditions »

Le second axe de travail de Sabrina et de ses collègues repose sur le maintien dans l’emploi : « Nous mettons en œuvre des dispositifs de compensation du handicap en lien avec la médecine du travail, qui définit les besoins des salariés. Notre objectif est que chacun puisse, selon sa situation, exercer son activité professionnelle dans les meilleures conditions », abonde la DRH. 

Sur ce point, les correspondants en charge de la diversité dans les régions et les médecins du travail collaborent étroitement pour « sensibiliser, lever les freins et rassurer les salariés. Certains d’entre eux ont encore des appréhensions : crainte pour leur carrière ou d’être « étiquetés » comme personnes en situation de handicap. Nous cherchons à démontrer que, pour nous, le handicap, comme toute autre forme de différence, est une source de performance », insiste-t-elle.

Une politique qui prend en compte de nombreux aspects de la vie du salarié : « Nous nous penchons sur le recrutement (CDI, alternants, stagiaires), l’inclusion (aménagements de poste, adaptation de la charge de travail, accessibilité, logement, transport, formation, parcours professionnels équitables), l’accompagnement de la mobilité interne, les aides financières et les autorisations d’absence pour les démarches RQTH, ainsi que l’insertion externe via les achats dans le secteur protégé », détaille Sabrina.

Des adaptations en lien avec chaque métier

La moitié des salariés de RTE travaillent dans le domaine de la maintenance des lignes et des postes électriques. L’entreprise compte également des métiers d’ingénierie pour le développement du réseau et l’exploitation du système électrique, de la R&D, ainsi que des fonctions support : RH, juridique, SI-Télécoms, achats, communication, etc.

Adapter un poste peut impliquer des ajustements d’horaires pour « les personnes dont le handicap entraine de la fatigue ou des difficultés de port de charge. On peut adapter le temps de travail, fournir des outils spécifiques, comme des solutions de transcription adaptées pour les personnes malentendantes, ou encore financer l’adaptation d’un véhicule professionnel pour faciliter les déplacements. »

« Des mesures incitatives pour développer l’emploi direct »

L’approche de l’entreprise en matière de handicap est globale, mais les initiatives de sensibilisation sont ajustées en fonction des besoins régionaux. « Nous entretenons des partenariats, notamment avec l’association Arpejeh, ce qui nous permet d’accueillir des stagiaires en situation de handicap pour des journées interentreprises. Cela sensibilise aussi nos salariés à ces questions », illustre Sabrina.

RTE participe également à des forums sur le handicap et organise des actions pendant la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) : « Des associations sont venues faire des mises en situation (déplacements, jeux sensoriels) autour du handicap visuel et nous sensibilisons aussi aux handicaps invisibles, pour montrer qu’ils peuvent entraîner des difficultés réelles, même si elles ne sont pas perceptibles à l’œil nu. »

Les recrutements, en chiffres, cela donne quoi ? « Nous visons un taux d’emploi de 6 % de personnes en situation de handicap. Nous en sommes actuellement à 5,35 %. Nous avons donc mis en place des mesures incitatives pour développer l’emploi direct. Nous cherchons à embaucher chaque année 20 personnes en situation de handicap, ainsi qu’une trentaine de stagiaires et d’alternants dans la même situation », répond Sabrina.

Un court-métrage qui aborde le handicap « avec justesse »

En tant que partenaire de l’association L’Hippocampe, RTE participe au festival Regards Croisés. Ce dernier est dédié aux courts-métrages portant sur le thème « Métiers et Handicaps ». Cette année, l’entreprise présente une vidéo qui aborde la question du handicap en entreprise avec un regard d’employeur vraiment différent voire cocasse », explique Sabrina.

Entre mai et septembre, un « groupe miroir » de 16 personnes, composé de salariés en situation de handicap, de correspondants diversité et de représentants d’organisations syndicales, a travaillé sur le film. Celui-ci sera présenté les 6 et 7 novembre au Palais du Grand Large de Saint-Malo. « Ce groupe s’est réuni à trois reprises pour approuver le concept proposé par l’agence Tulipe & Cie et les thèmes à aborder, puis partager ses commentaires sur le scénario et visionner le film terminé », ajoute-t-elle.

Le résultat : un court-métrage d’animation de six minutes, découpé en cinq scénettes, où l’on vit les aventures d’Éclair, chien guide de Claire, salariée déficiente visuelle. « Nous avons cherché à mettre en évidence divers types de handicap, y compris les handicaps invisibles. Le film aborde le handicap avec justesse et une pointe d’humour, mais sans excès. Il a reçu d’excellents retours du groupe miroir. Nous espérons qu’il sera primé au festival ! » Un projet encore « top secret » : « Nous ne sommes pas autorisés à le diffuser avant le festival pour préserver sa nouveauté. Il sera ensuite valorisé en interne, en fonction des retours et des possibilités de communication. »

Et de conclure : « RTE est une entreprise aux fortes valeurs d’inclusion. Nous aidons les personnes en situation de handicap à s’intégrer et à progresser dans leur carrière. Notre devise pour résumer la diversité est la suivante : “Tous différents, tous compétents”. Cela reflète parfaitement notre philosophie : un handicap, c’est d’abord une différence, mais c’est aussi une richesse », conclut Sabrina.