Handicap : ces salariés qui prouvent que le maintien dans l’emploi fonctionne

Au sein du Groupe Martin Belaysoud, distributeur professionnel spécialisé dans les secteurs du bâtiment et de l’industrie, la politique s’intègre naturellement dans une culture d’entreprise qui en a toujours porté les valeurs. Depuis 2021 et la création de sa mission handicap, l’entreprise structure une démarche complète : de la sensibilisation interne à l’accompagnement individuel, en passant par des partenariats avec les acteurs de l’emploi spécialisé.

Et les résultats sont tangibles. Dans sa DOETH 2024 (déclaration obligatoire d’emploi des travailleurs handicapés), le taux d’emploi des personnes en situation de handicap atteignait respectivement 5,79 % et 6,38 % dans ses filiales Téréva et Mabéo Industries. Des résultats proches ou supérieurs au seuil légal de 6 % et qui, dans le cas de Téréva, ont doublé en quatre ans.

Pour le Groupe, l’inclusion ne se limite pas à des recrutements ciblés. Elle repose avant tout sur le maintien dans l’emploi : accompagner chaque collaborateur dès l’apparition d’une difficulté pour qu’il puisse continuer à exercer son métier dans de bonnes conditions. Cette approche repose sur plusieurs piliers : des correspondants handicap formés, un budget alloué pour des aménagements, et une collaboration étroite avec Cap emploi et la médecine du travail. L’objectif est que chaque salarié concerné bénéficie d’un parcours adapté. Une réalité sur le terrain au sujet de laquelle Stéphanie Sauvage, Valérie Thibault et Julien Estrade (ou X), salariés du Groupe, ont accepté de témoigner.

« Les conditions de travail sont vraiment adaptées à mes besoins »

Stéphanie a rejoint Mabéo Industries, en octobre 2022, comme technico-commerciale sédentaire. Cette dernière a rapidement transmis sa RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) à l’entreprise, en toute confiance. Après une première discussion avec sa responsable RH, une étude ergonomique est menée. Grâce au budget handicap du Groupe, son poste est entièrement réaménagé : bureau assis-debout, fauteuil ergonomique, clavier et écran adaptés. « Je me sens aujourd’hui parfaitement bien à mon poste. Les conditions sont vraiment adaptées à mes besoins, et ça change tout », explique Stéphanie.

Stéphanie

Technico-commerciale sédentaire chez Mabéo Industries

Cet investissement matériel a eu un impact direct sur sa santé et son confort, mais surtout sur son sentiment d’appartenance. « Au début, j’avais peur de coûter à l’agence ou d’être perçue comme différente, mais tout le monde a été ravi pour moi. Cela a été très bien accueilli, commente-t-elle. Je trouve que Mabéo prend le sujet du handicap au sérieux. C’est loin d’être le cas partout, et c’est un vrai point fort. »

« Le temps nécessaire est pris pour nous accompagner »

Le parcours d’aménagement de poste de Valérie, salariée de Téréva, a commencé après une visite médicale de reprise lors de laquelle le médecin du travail a validé son retour, mais a souligné la nécessité d’adapter son environnement de travail. Cette dernière a ensuite été contactée par Cap Emploi, dans le but d’analyser son poste.

« Le plus long, c’est le retour de la MDPH, note-t-elle. Mon dossier a été déposé en octobre 2024, j’ai eu une réponse fin mars 2025. » Une fois la RQTH obtenue, tout s’enchaîne : intervention d’un ergothérapeute, essais de matériel sur site, ajustements selon la morphologie et les besoins. « A tout moment, nous pouvons les contacter si un problème survient. Le temps nécessaire est pris. »

Valérie

Salariée de Téréva

Valérie estime désormais avoir « une qualité de travail très acceptable ». « Ma souris ergonomique est idéale pour mes poignets et le support de documents est génial : il devrait être fourni à tous les commerciaux ! » Dans son parcours, elle considère que son entreprise a été réactive et disponible : « Je trouve que Téréva est à l’écoute de nos demandes et gère très bien ces problématiques de handicap, plus ou moins importantes. Ma responsable des ressources humaines est toujours très réactive dès l’envoi des documents. »

« Je me sens bien dans l’équipe et intégré comme le serait un autre collaborateur »

L’arrivée dans le Groupe de Julien s’est réalisée en dehors des canaux de recrutement habituels, et ce dans une optique d’ouverture vers le travail protégé et la création de passerelles vers l’emploi durable.

En effet, pour lui, tout commence lors d’une journée d’immersion DuoDay * sur la plateforme Téréva de Brive-la-Gaillarde (Corrèze). « J’avais envie de découvrir un peu plus le métier et la journée de découverte s’étant très bien déroulée, j’ai continué une semaine d’essai de mise à disposition de l’Adapei ** vers Téréva », raconte Julien. A la fin de cette période, ce dernier est embauché en CDI. Encadré par le service des ressources humaines, son responsable de service et les équipes de l’Adapei, Julien a bénéficié d’un accompagnement progressif et sécurisant : « La période de mise à disposition a été très bien encadrée. Nous avons réalisé des points réguliers tous ensemble afin de connaître les besoins et adaptations nécessaires. »

Sa prise de poste s’est, de même, déroulée sans accroc malgré certaines craintes personnelles : « Ce n’était pas évident de reprendre une activité salariée « normale » en sortant du secteur protégé. Par exemple, il n’y avait pas de productivité à atteindre au sein de l’Adapei. Donc, forcément, je craignais de ne pas répondre aux attendus au départ. » Il bénéficie également d’avantages spécifiques : « Les deux jours de congés supplémentaires permettent de ne pas prendre de congés ou d’heures pour réaliser les contrôles/démarches liés à mon handicap. » 

Il en va de même pour son intégration : « Je me sens bien dans l’équipe et intégré comme le serait un autre collaborateur. La démarche est bien, autant pour les personnes en situation de handicap que pour l’entreprise, le parcours se fait naturellement », conclut Julien.

* Le DuoDay vise à créer des binômes formés d’une personne valide ou d’un bénévole et d’une personne en situation de handicap. Ces dernières découvrent l’environnement de travail et l’activité de leur partenaire.

** L’Adapei, anciennement connue sous le nom d’Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés, est une organisation à but non lucratif française qui fonctionne grâce à des délégations départementales. Elle s’engage dans le domaine de l’hébergement pour les personnes atteintes de handicap intellectuel et dans la direction d’établissements et de services d’accompagnement professionnel.