8 conseils d’expert pour réussir votre entretien

Nicolas Chalom, responsable des ressources humaines d’In Extenso Île-de-France, vous livre ses conseils pour séduire les recruteurs.

1. S’approprier son CV

Avant l’entretien, on doit évidemment préparer un dossier de candidature. Chez In Extenso, Nicolas et ses collègues recruteurs ne demandent pas de lettre de motivation. « Elles peuvent se révéler intéressantes quand elles apportent une plus-value. Or, 99,9% du temps, ce n’est pas le cas. Je préfère recevoir du candidat un compte-rendu d’entretien, par la suite, qui démontrera davantage sa compréhension du poste proposé ainsi que sa motivation », indique-t-il.

Nicolas Chalom

Responsable des ressources humaines d’In Extenso Île-de-France

Mieux encore pour valoriser sa candidature : un CV clair et structuré, sur une page et sans fautes d’orthographe. Aidez le recruteur dans sa compréhension de votre parcours. Indiquez votre poste, l’entreprise, son secteur (« On ne connait pas toutes les entreprises du monde ! ») et pourquoi pas l’effectif. Puis donnez les missions principales avec le juste dosage de précisions pour inciter le recruteur à vous rencontrer tout en gardant des informations à lui donner en entretien. « Le candidat doit aussi s’approprier ce document et y faire figurer des compétences judicieuses. Ce n’est pas la peine de tomber dans les clichés « rigoureux, organisé, ponctuel », etc. Des qualités importantes, certes, mais qui ne démarqueront pas un candidat d’un autre. Il doit être à l’aise avec son CV et pouvoir en parler, même sans l’avoir devant lui », affirme Nicolas.

Pour un seul et même poste, les équipes RH d’In Extenso reçoivent des dizaines de CV. « Si leur ton est neutre, sans saveur, avec des fautes d’orthographe, etc. Cela ne donne pas envie. Attention, pour autant, à ne pas non plus tomber dans l’exotisme absolu », prévient-il.

2. Éviter de venir « en touriste »

L’entretien constitue un exercice subtil qui nécessite une certaine préparation, rappelle Nicolas. « Si je prends l’exemple de la connaissance qu’a le candidat de l’entreprise, c’est parfois extrêmement décevant. De même, relisez l’offre pour laquelle vous êtes en entretien. Quand ce n’est pas le cas, on a un peu l’impression que le candidat est venu « en touriste ». »

Un manquement particulièrement visible en Île-de-France, regrette le responsable RH : « La finance est confrontée à un marché du travail particulièrement tendu. Cela veut dire que les candidats sont sur-sollicités. Ils font ainsi moins d’efforts pour se renseigner sur l’entreprise, car ils ont pléthore de contacts. Il faut malgré tout prendre l’exercice au sérieux. Pour un candidat, avoir le choix c’est bien, rater une opportunité, c’est dommage ! »

3. Rentrer dans l’échange lors de l’entretien

Pour Nicolas, un bon entretien n’est pas un interrogatoire du candidat. « Le but consiste plutôt à le mettre suffisamment à l’aise pour qu’il puisse subtilement se livrer. Et on a besoin qu’il se livre, car l’enjeu du recrutement, c’est un peu comme un achat immobilier. On visite un appartement pendant une demi-heure et on l’achète avec un crédit sur 25 ans. Là, on rencontre un candidat pendant une heure et on fait un pari sur la suite de sa carrière professionnelle, en le recrutant ou pas. Autant avoir le plus possible d’informations pour sécuriser la décision qui peut être à prendre. Et ceci est valable dans les deux sens ! » illustre-t-il.

4. Se montrer le plus honnête possible

Un candidat doit, de même, s’efforcer d’être le plus honnête possible dans les informations qu’il va donner au recruteur. D’après Nicolas, « le recrutement s’apparente à un exercice de séduction, de part et d’autre. Le candidat met en avant ses compétences et son profil. Nous, on promeut une entreprise, un poste, un cadre de travail. Il faut que ça matche ! Pour cela, chacun doit s’exprimer franchement, tout en jouant d’artifices. C’est un équilibre à trouver, pour séduire sans décevoir son interlocuteur. »

5. Savoir parler de son parcours de manière structurée

Parler de soi, en particulier face à un recruteur, n’est un exercice aisé que pour une minorité de candidats. Il s’avère donc pertinent d’adopter une manière structurée d’aborder votre parcours.

Conscient de cette difficulté, Nicolas cherche à créer un climat de confiance dès les premières minutes du rendez-vous. « Avant le questionnement à proprement parler, j’entame une introduction, une phase de détente et d’explication du déroulement de l’entretien car le candidat est probablement stressé, et c’est normal ! On vous proposera généralement un café ou un verre d’eau, ne refusez pas cette convivialité, même si vous ne le buvez pas », conseille-t-il.

Nicolas laisse toujours l’honneur au candidat : « Si je commence par l’entreprise, les réponses du candidat peuvent être conditionnées par rapport aux informations données. Ma première question consiste donc toujours à demander au candidat de me parler de lui. Cela me permet aussi de voir quel angle il va choisir pour sa présentation. Est-ce que ce sera de manière chronologique ? Va-t-il évoquer directement son poste actuel ? Va-t-il me parler d’abord de lui en tant que personne ? Peu importe ! Cela donne matière à engager la conversation. »

Pour le candidat, l’enjeu est aussi de prouver sa capacité à la synthèse. « Je le précise quand je pose la question et, malheureusement, on est souvent toujours sur cette présentation générale 30 minutes plus tard. Cela permet d’apprécier comment la personne entend la consigne, quelque part. Ensuite, c’est du ping-pong, questions/réponses. On peut digresser sur une expérience en particulier, car je cherche à comprendre comment et dans quel contexte il a travaillé », insiste Nicolas.

Une technique imparable selon lui ? « Celle de l’entonnoir, répond Nicolas. C’est-à-dire une construction du type : "J’ai travaillé dans telle entreprise située à tel endroit, qui travaille dans tel secteur d’activité, qui emploie tant de salariés, etc. J’étais rattaché à tel service sous la coupe de tel manager. Mon poste était celui-là. Voilà mes missions." Et puis, on va comme ça du général au particulier. Quand on suit cette structure, cela permet aux recruteurs de mieux vous comprendre et d’éviter de poser trop de questions. »

6. Occuper le temps de parole

Car, oui, cela peut être un avantage. Répondez précisément à la question posée et ne parlez pas pour combler un vide présupposé, mais aidez le recruteur à mieux vous connaitre. Ainsi, il aura moins la nécessité de vous poser des questions. « En occupant le temps de parole sur des sujets que l’on maîtrise, on évite la prise de risque d’un recruteur nous interrogeant sur nos loisirs, le dernier livre lu, etc. Si, sur une heure, on arrive à tenir 45 minutes sur des sujets professionnels et qui peuvent toucher à la motivation et aux valeurs propres au candidat, cela permet d’éviter d’aller sur des terrains plus inconfortables. »

Pour arriver à structurer votre discours, Nicolas vous conseille de vous entraîner. Vous devriez vous exercer « autant dans la présentation de votre parcours que sur votre motivation. Cela vous permet de gérer le temps. Faites le devant une glace, avec un ami ou votre famille ».

7. Poser les (bonnes) questions

Un recruteur peut associer un manque de questions à un défaut de curiosité. « On doit toujours préparer des questions, en évitant certaines vues comme rédhibitoires. Si, en premier entretien, on pose la question de la valeur du ticket restaurant, cela interroge sur le centre de motivation du candidat. En revanche, poser des questions sur votre future équipe et manager, les perspectives d’évolution dans l’entreprise, etc., s’avère intéressant. Les autres questions sur les bénéfices du CSE, la gouvernance ou le restaurant d’entreprise, peuvent être posées dans un second temps », rappelle Nicolas.

8. Prêter attention à sa posture

On ne le répètera jamais assez : le jogging et les baskets en entretien, ce n’est pas approprié et garder son manteau par 40 degrés, c’est étrange. Pour Nicolas, le tout est d’adopter une tenue neutre. Vous ne savez pas qui vous aurez en face de vous. Vos choix vestimentaires, autant que votre posture, comptent dans l’image qu’aura le recruteur de vous. « Quand on est stressé, adopter la bonne posture n’est pas forcément aisé. Vous n’avez simplement qu’à vous asseoir naturellement, avec les mains sur la table. Sortez une feuille et un stylo, cela occupera vos mains ! Il est essentiel, aussi, de regarder son ou ses interlocuteurs, et de considérer les deux personnes. Bien entendu, la politesse est essentielle, dire bonjour et penser à couper son téléphone. N’hésitez pas, non plus, à remercier les recruteurs à la fin de l’entretien », conclut Nicolas.