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Évoluer dans sa vie pro

Militaire, cuisinier, menuisier, développeur… Témoignage et conseils d’un serial reconverti !

Par Hugo Diverres Publié le

« Il faut se poser la vraie question : est-ce que tu es heureux dans ce que tu fais ? »

Militaire, cuisinier, menuisier, développeur… Témoignage et conseils d’un serial reconverti !
Le chemin professionnel n'est jamais tout tracé à l'avance... © 1STunningART/stock.adobe.com

Albert* a eu une vie professionnelle riche et variée. Et pour cause, il s’est reconverti pas moins de trois fois au cours de sa carrière. Il nous raconte son parcours, jusqu’à sa dernière reconversion effectuée en totale autonomie, avec pas mal d’abnégation et une bonne dose de culot.

Est-ce que tu peux nous raconter ton parcours de « serial reconverti » ?

Je me suis engagé dans l’armée à 18 ans, sans passer mon bac. À 25 ans, j’avais fait le tour et j’ai saisi la possibilité offerte par l’armée de faire une reconversion. Je me suis orienté vers la cuisine et j’ai obtenu mon CAP à l’Afpa. Pendant quatre ans, j’ai travaillé dans différentes structures, de la restauration rapide au semi-gastronomique. L’Afpa m’a ensuite proposé une formation de chef-gérant en collectivité, ce qui m’a amené à travailler en cuisine centrale. Mais ce poste ne me convenait pas. Je stagnais et je n’avais aucune évolution en vue. J’ai réfléchi à prendre un nouveau tournant et le domaine de la menuiserie m’est venu assez naturellement. J’avais déjà un peu pratiqué avec mon père et j’adorais le bois. J’ai donc refait une formation au Greta.

J’ai d’abord travaillé en ébénisterie. Puis dans une entreprise d’agencement qui faisait du sur-mesure : cuisines, dressings, mobilier, aires de jeux, etc. Au bout de quatre ans, j’ai commencé à faire de l’intérim sur les chantiers, parce que ça payait plus… mais le travail était moins intéressant. Après un énième poste dans une grosse entreprise de menuiserie, je me suis rendu compte que je stagnais à nouveau. La menuiserie, même si les machines et techniques évoluent, fondamentalement, c’est toujours la même chose. Et je n’avais pas envie d’intégrer un bureau d’études…

J’ai besoin d’apprendre tout le temps, sinon je m’ennuie. Et si je m’ennuie, je bouge. J’ai donc cherché à me reconvertir à nouveau.

Quel métier as-tu choisi cette fois ?

Petit, j’avais d’énormes facilités en langues. Je cherchais un métier en lien avec cette compétence. Ma compagne m’a mis sur la voie : « Tu pourrais peut-être essayer un langage de programmation ? C’est un peu pareil qu’apprendre une nouvelle langue. » C’est comme cela que j’ai découvert le code et le développement informatique. J’ai commencé par des cours gratuits en ligne, avec du Python. C’est accessible pour démarrer car le code s’écrit comme tu parles. Ça me plaisait bien alors je me suis dit : « Pourquoi ne pas en faire vraiment mon métier ? »

Tu as donc repris une formation ?

Pas du tout (rires) ! J’ai décidé de m’autoformer. Et j’ai fait un truc assez osé…

Mon beau-frère, qui est architecte logiciel, m’avait recommandé d’apprendre deux technos très demandées : C# et Angular. J’ai regardé les offres sur mon bassin d’emploi et effectivement, ça recrutait sur cette stack. J’ai commencé à me former en autonomie, avec les accès de mon beau-frère à Pluralsight (NDLR : plateforme professionnelle d’apprentissage informatique).

Puis, sur ses conseils, j’ai développé un projet informatique. Au bout de six mois de formation en autonomie, huit heures par jour, je me suis dit qu’il était temps de mettre la machine en route. J’ai mis mon CV en ligne, activé des contacts et 15 jours plus tard, un recruteur est venu me chercher. Mon beau-frère m’avait dit : « Sur ton CV, tu indiques que tu as bossé un an chez moi. S’il faut, je te sers de référence. » Je lui avais demandé de me donner le code source de sa plateforme, pour m’imprégner un peu, mais je suis arrivé à l’entretien avec zéro idée de ce à quoi ressemble un vrai projet pro. J’ai brodé sur le fait que j’avais un an et trois mois d’expérience. J’ai eu du culot, je ne connaissais pas du tout le milieu.

Heureusement, j’ai eu un gros coup de chance lors de l’entretien. Sur mon CV, j’avais mis que j’étais développeur full-stack junior (C# / Angular). Le poste ne concernait pas ces deux langages… Les recruteurs m’ont dit : « On ne va pas te faire un test technique, ça ne servirait à rien puisque tu ne connais pas nos technos. » Et j’ai été pris !

Tout s’est bien passé une fois en poste ?

J’en ai bavé. Pendant deux ans, j’ai enchaîné des semaines de 50 h. J’avais annoncé quelque chose et il fallait être à la hauteur. J’ai mis les bouchées doubles pour rattraper le niveau en cours de route. Visiblement, ma détermination et ce que je livrais donnaient satisfaction : au milieu de ma période d’essai, on m’a annoncé qu’on me gardait.

Cela n’a pas été trop dur de changer de milieu professionnel autant de fois ?

Passer de l’armée à la restauration n’a pas été difficile. Il y a des règles, c’est cadré et structuré. Dans le bâtiment, on te donne de la reconnaissance tout de suite si tu as la technicité. Le respect s’obtient si tu montres que tu es capable. Le plus gros gap, c’est quand je suis devenu développeur. Mais ce gap d’un métier manuel à un métier intellectuel m’a fait beaucoup de bien. J’avais besoin d’un environnement plus stimulant.

Laquelle de tes reconversions a été la plus difficile ?

La toute première. J’étais dans une compagnie de combat donc au niveau des compétences transposables dans le civil, à moins de me lancer dans une carrière de mercenaire, c’était compliqué. Mais j’avais 25 ans et j’étais excité de retourner en formation. Ensuite, tout devient plus facile. Après une première reconversion, on sait à quoi s’attendre lors des suivantes.

La dernière, c’était encore un autre niveau de difficulté. Pour devenir développeur en totale autonomie, même avec de l’aide et un cadre, il a fallu que je sois très discipliné.

Donc, tu penses que toutes les reconversions se ressemblent ?

Selon moi, toutes les reconversions ont une chose en commun : le fait d’apprendre. Cela tombe bien, j’adore ça ! À chaque fois, tu écris aussi une nouvelle page de ta vie, tu découvres et fréquentes d’autres types de personnes. C’est généralement positif et sympa à vivre.

Il y a aussi du négatif dans le fait de se reconvertir ?

Si tous les aspects sont bien réfléchis et que c’est un choix mesuré, je n’en vois pas. En revanche, cela n’empêche pas les difficultés. Pendant une reconversion, tu es souvent au chômage donc tes revenus diminuent. À court terme, c’est un petit sacrifice financier. Mais si tu sais où tu veux aller et ce que tu vises sur le long terme, ce n’est pas un problème. La reconversion, c’est aussi pour gagner mieux et avoir un meilleur métier.

Il y a des choses que tu aurais aimé savoir avant chaque reconversion, que tu aurais fait différemment ?

Je n’aurais pas fait la formation de chef-gérant. J’ai cherché trop succinctement les débouchés. Je me suis dit que c’était une « bonne opportunité » et en fait, non.

J’aurais aussi aimé savoir que j’allais être limité sur les évolutions professionnelles en menuiserie ou en cuisine. C’est quelque chose qui ne me va pas. Travailler tout le temps de la même façon, faire ton truc en mode « usine », la répétitivité… ce n’est pas pour moi. D’autres s’épanouissent dans la stabilité. Moi, non. A chaque reconversion, j’étais autant motivé par le fait de découvrir de nouveaux savoirs que de quitter la routine. La vie, c’est le mouvement, non ? J’adore me remettre en question et changer ce qui ne me plaît pas. Voilà pourquoi une reconversion demande plus de courage à certains qu’à d’autres.

Mais cela reste dans tous les cas un gros changement. On fonce vers l’inconnu. Si tu n’as pas des proches dans le métier, ou pas de possibilité de stage, tu te lances à l’aveugle. Le dev, je me suis lancé à l’aveugle. J’étais content de faire du Python chez moi mais je ne savais pas ce que ça allait donner en entreprise.

Quelles sont les qualités essentielles à posséder pour réussir sa reconversion ?

Aimer apprendre et être curieux. La discipline (et savoir la garder). L’adaptabilité, bien sûr. Mais aussi la capacité à bien se documenter et à trier l’information. Selon moi, c’est même capital : il faut bien s’informer en amont et y consacrer du temps, fréquenter les forums en ligne, etc. Tu es vite noyé sous la masse des formations, et entre celles qui sont pertinentes et celles qui ne le sont pas… C’est essentiel de bien se renseigner sur les débouchés réels. Très important aussi : étudier les offres d’emploi du métier visé pour voir comment ça recrute, combien ça paye, s’il y a vraiment de la demande, etc. Dans le dev, on monte parfois à quatre ou cinq entretiens par exemple. Plus tu en sais, plus tu es préparé.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui hésite à se lancer ?

S’il ne sait pas où aller, de se renseigner à fond. Salaire, évolutions, recrutement dans son bassin d’emploi. Pour trouver un poste de gérant de restauration, j’ai galéré pendant deux mois. Puis j’ai ouvert mon CV à la France entière et 48 h après, j’étais appelé.

Et se poser la vraie question : « Est-ce que tu es heureux dans ce que tu fais ? » On passe beaucoup de temps au travail. Ça n’engage que moi, mais je pense qu’on a tous mieux à faire que de travailler et qu’on aimerait aussi tous très bien gagner notre vie. Quitte à faire une reconversion, autant prendre ces deux éléments en compte.

Quelqu’un qui se pose la question de se reconvertir n’est probablement pas bien dans son entreprise ou dans son travail au quotidien. S’il hésite, il y a de grandes chances qu’il faille y aller !

 

* Prénom modifié

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