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Être bien au travail

Conscious unbossing : pourquoi les jeunes salariés n'ont plus envie de manager

Par Emma Cauty Publié le

La tendance du conscious unbossing s’installe chez les jeunes diplômés. Pour quelles raisons ne souhaitent-ils plus occuper le rôle de manager ?

Conscious unbossing : pourquoi les jeunes salariés n'ont plus envie de manager
Un phénomène qui prend de l'ampleur. © DC Studio/stock.adobe.com

52 % des actifs issus de la génération Z ne désirent pas devenir manager au cours de leur carrière. Ce chiffre, provenant d’une étude publiée par Robert Walters en 2024, bouleverse la vision conventionnelle de la réussite professionnelle. En France comme dans d’autres pays, les jeunes salariés expriment avec fermeté leur manque d’envie d’occuper un poste d’encadrement. Stress, manque de reconnaissance, perte de contact avec le terrain : cette fonction, autrefois considérée comme une étape clé de l’évolution professionnelle, est aujourd’hui fuie par les collaborateurs.

Pourquoi les jeunes ne souhaitent-ils plus manager ? Comment les entreprises peuvent-elles s’adapter à cette nouvelle réalité ? Hellowork décrypte.

Qu’entend-on par conscious unbossing

Le terme conscious unbossing désigne le fait de refuser volontairement un emploi de manager. Il fait référence au great unbossing, philosophie adoptée par les géants américains Meta, Citigroup et Salesforce au début de l’année 2024, en licenciant de nombreux cadres intermédiaires dans le but de réaliser des économies et de confier davantage de pouvoir décisionnel aux employés.

En France comme ailleurs, les postes de managers ne constituent plus un objectif à atteindre pour la génération Z, née entre 1995 et 2010. Pour les jeunes diplômés accédant au monde du travail, le management symbolise un modèle organisationnel obsolète, fondé sur la hiérarchie et la bureaucratie.

Si gravir les échelons pour acquérir progressivement des responsabilités était autrefois perçu comme un signe de réussite, c’est aujourd’hui tout l’inverse qui est valorisé : 77 % des actifs interrogés par Robert Walters déclarent préférer un mode de progression individuel au management d’équipe. Passer d’une entreprise à une autre en pratiquant le job hopping ou se lancer en tant qu’indépendant sont ainsi des solutions qui séduisent les jeunes diplômés.

Abonnés à différents réseaux sociaux, abreuvés d’actualités alarmantes et témoins de la réussite d’entrepreneurs à succès sur les réseaux sociaux, les membres de la génération Z oscillent entre la volonté de donner du sens à leur carrière, le désir de liberté et la perspective de revenus élevés, tout en s’éloignant peu à peu des postes de managers.

Selon The Conversation, le conscious unbossing touche toutefois davantage les jeunes élevés dans des milieux aisés. Ces derniers cherchent à exprimer leur leadership à travers leur impact social et écologique, plutôt que par l’intermédiaire d’un emploi à responsabilités. À l’inverse, les diplômés issus des classes populaires perçoivent toujours les postes de managers comme des vecteurs d’évolution.

Pourquoi les jeunes actifs ne souhaitent-ils plus manager ?

Plusieurs facteurs expliquent ce désintérêt grandissant pour le management.

La recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle

Le refus des jeunes de s’engager dans des rôles de management n’est pas anecdotique : il révèle une mutation profonde de l’environnement professionnel, où le temps personnel, l’acquisition de compétences et la formation continue sont plus valorisés que l’acquisition de responsabilités.

La jeune génération souhaite adopter un lifestyle plus sain que celui de ses aînés, où l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle occupe une place centrale. Cette tendance a été amplifiée par l’épidémie de COVID-19, qui a provoqué une véritable crise de sens chez les salariés alors que l’économie française était à l’arrêt. Loin de vouloir faire passer leur travail avant leur bien-être, ils désirent privilégier leur développement personnel.

Des emplois stressants

Le poste de manager est perçu comme une source de stress par la génération Z. Suivi des objectifs, pression hiérarchique, gestion des équipes : selon eux, la fonction managériale exige une énergie considérable, synonyme de burn-out.

L’étude menée par Robert Walters souligne ainsi que 69 % des actifs considèrent qu’un emploi de cadre intermédiaire inflige une pression élevée à son titulaire, n’étant pas compensée par une rémunération suffisante. Chez des jeunes attirés par la flexibilité et le bien-être au travail, l’abandon des postes de managers devient la seule option.

Un manque de reconnaissance humaine et financière

Selon la génération Z, les managers ne bénéficient pas toujours d’une rémunération proportionnelle à leur charge de travail. Pire encore, la reconnaissance humaine, provenant de l'équipe, des supérieurs ou de la société, fait souvent défaut. Les jeunes diplômés refusent ainsi d’occuper un emploi qui les place en première ligne des critiques sans recevoir de valorisation compensatrice.

Face à ce manque de reconnaissance, les salariés préfèrent adopter un train de vie plus sécurisant et routinier, sans prise de responsabilités. Se contenter d’un salaire d'employé devient ainsi une promesse de tranquillité pour les jeunes actifs.

Comment lutter contre le conscious unbossing ?

Redéfinir la fonction du manager

Le rôle du manager doit évoluer afin de devenir plus attractif aux yeux des juniors. Pour s’éloigner de l’image du responsable prenant des décisions unilatérales sans prendre en compte la réalité du terrain, il gagnerait aujourd’hui à être plutôt présenté comme un coach, capable de soutenir ses collaborateurs, de connecter leurs compétences, d’encourager leur réflexion et de leur livrer un feedback constructif.

La formation joue ici un rôle crucial : en procurant aux managers des outils pour mieux accompagner leur équipe, une entreprise redonne du sens à leur mission et améliore la perception des fonctions de management par ses effectifs.

Mettre fin au management vertical

La politique de management traditionnelle, basée sur une structure hiérarchique verticale et une concentration du pouvoir décisionnel, ne séduit plus les jeunes. Et si l’horizontalité faisait son entrée dans les entreprises ? Notamment à l’aide d’une gouvernance partagée, où chaque salarié est responsabilisé et prend pleinement part aux décisions.

L’unbossing est une véritable tendance, en France comme à l’étranger. Le management vertical, rigide et éloigné de la réalité du terrain, est en passe de devenir obsolète, car il freine la prise d’initiative et la coopération dans de nombreuses structures.

Créer des postes experts et décisionnaires

Tous les collaborateurs ne bénéficient pas des compétences nécessaires pour encadrer une équipe. Manager est un art, qui exige une intelligence émotionnelle développée, un certain sens de l’écoute et de grandes capacités de communication. S’il s’agit de la seule option qui lui est proposée pour évoluer, un excellent profil technique ou créatif peut ainsi devenir un mauvais manager.

Au-delà de l’évolution du rôle de manager, c’est l’ensemble de la structure hiérarchique qui mériterait être repensée pour créer des postes à la fois experts et décisionnaires, permettant aux collaborateurs de parcourir les échelons tout en restant au contact du terrain et de leur savoir-faire.

Bernard Marie Chiquet, spécialiste de la question, aborde ainsi la notion d’expertise libérée dans ses articles. Dans le média Harvard Business France, il souligne la nécessité de confier le pouvoir décisionnel à la personne qui détient la compétence associée, sans considérer son statut hiérarchique : une réponse concrète et efficace à la tendance du conscious unbossing.

Face à ce désamour du management, y compris des managers déjà en poste, les organisations devront repenser leurs pratiques pour offrir des parcours d’évolution alignés avec les aspirations des nouvelles générations.

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