Présentéisme au travail : définition et solutions pour s’en défaire

Ce mot ne vous dit rien ? Et pourtant, une enquête de 2020 du Ministère du travail indique que 62 % des salariés français ont fait au moins un jour de présentéisme. Loin d’être nouveau, ce phénomène fait référence aux travailleurs qui se rendent au travail alors même qu’ils sont malades, épuisés ou affectés par des problèmes personnels. Bien que répandue, cette pratique n’est pas sans conséquence. Définition, raisons, solutions : tout comprendre sur le présentéisme.

Qu’est-ce que le présentéisme ?

Le présentéisme désigne une perte de productivité qui survient lorsqu’un employé vient au travail alors même qu’il se sent malade, traverse une période stressante ou ressent des douleurs. Bien que physiquement présent, il n’est pas pleinement opérationnel et ne peut réaliser pleinement ses missions. Il est important de souligner que les salariés concernés s’efforcent de donner le meilleur d’eux-mêmes, malgré leur incapacité à être performants.

Quelles sont les conséquences du présentéisme ?

À l’instar de l’absentéisme, le présentéisme impacte l’entreprise et le collaborateur de multiples façons.

Pour l’entreprise

Un salarié en situation de mal-être est plus susceptible de commettre des erreurs qui peuvent coûter cher à l’organisation et affecter l’esprit d’équipe. De plus, continuer de se rendre au travail – plutôt que de se reposer ou d’améliorer son état – ne fait qu’accentuer le problème. Conséquence : la baisse de performance et de qualité dans son travail persiste. Plus encore, un salarié malade et contagieux prend le risque de transmettre sa maladie à ses collaborateurs, à ses clients ou à ses patients.

Pour l’employé

Le présentéisme a des effets négatifs qui s’aggravent avec le temps. Venir au travail sans être en forme, c’est aussi s’épuiser et se rendre plus vulnérable aux maladies et aux risques d’accidents du travail. Sur le long terme, le présentéisme peut avoir de lourdes conséquences sur la santé physique et mentale des salariés.

Comment expliquer le présentéisme ? 6 causes possibles

Le présentéisme étant lié à des raisons variées et parfois inévitables (préoccupations personnelles ou de santé), il s’agit d’un phénomène récurrent. Certains facteurs contribuent toutefois à augmenter les risques.

Une charge de travail importante

Si l’employé a de nombreuses tâches à accomplir, parfois dans un délai serré, il peut ressentir une pression à se rendre au travail même malade. Ce phénomène est aggravé s’il n’est pas soutenu par sa hiérarchie ou n’a pas la possibilité (ou l’envie) de déléguer une partie de son travail à ses collaborateurs.

Culture d’entreprise anxiogène

Certains salariés peuvent ressentir une pression de la part de la direction. La peur d’être mal perçu ou de passer à côté d’une augmentation ou d’une promotion peut les inciter à ne pas prendre de congés maladie. En cause : un management fondé sur le contrôle et la compétition.

Une addiction au travail

Le présentéisme peut toucher les employés qui travaillent de façon excessive et compulsive. Souvent ambitieux, ils ressentent le besoin de prouver leur valeur par le travail et ont tendance à négliger leur santé.

L’instabilité de l’emploi

Un collaborateur qui a peur de perdre son emploi (contrat temporaire, menace de la direction, etc.) est plus sujet au présentéisme. La raison : son besoin de conserver son travail et de prouver sa valeur à l’entreprise.

De grandes responsabilités

Les personnes ayant d’importantes responsabilités, ou qui exercent un emploi avec un fort impact sur les autres (enseignement, santé, etc.), affichent généralement un taux de présentéisme élevé. La peur de retarder leur équipe et de les accabler de travail supplémentaire est l’une des raisons.

Une loyauté excessive

Certains salariés ressentent le besoin d’affirmer leur appartenance à l’entreprise et de prouver leur implication. Ils continuent alors de se rendre au travail, même en étant moins en forme et performant.

Victime de présentéisme ? Nos conseils pour privilégier votre bien-être

Vous ressentez une pression à être constamment disponible et réactif ? Vous rechignez à l’idée de prendre des congés même en cas de maladie ou de fatigue importante ? Vous êtes probablement concerné par le présentéisme. Heureusement, il est possible d’agir en faveur de votre bien-être et de modifier votre état d’esprit. Voici quelques solutions.

Faire des pauses

Tout au long de la journée, faites en sorte de profiter de pauses courtes régulières. Vous octroyer quelques minutes toutes les heures (ou deux heures) aide en effet à vous ressourcer et à vous recentrer. Éloignez-vous de votre bureau pour marcher, faire des étirements ou vous resservir une boisson par exemple. Enfin, prévoyez en amont des pauses longues : la prise de congés est la clé pour prévenir l’épuisement professionnel.

Prioriser votre santé

En dehors de votre travail, essayez de prendre soin de vous au maximum. Cela passe par dormir suffisamment, de mieux manger, de faire de l’exercice et surtout : de vous reposer. Si vous souffrez de présentéisme, misez avant tout sur la récupération pendant votre vie personnelle.

5 stratégies efficaces pour réduire le présentéisme au travail

Face aux conséquences négatives du présentéisme, les entreprises prennent des mesures concrètes afin d’agir contre ce problème. Heureusement, il est plus facile d’agir contre le présentéisme que l’absentéisme. Parmi les bonnes pratiques.

Changer la culture de l’entreprise

En valorisant ceux « qui ne comptent pas leurs heures », la culture managériale joue un rôle majeur dans la pratique du présentéisme. La première étape ? Inverser la tendance. Une culture d’entreprise axée sur le bien-être commence par un environnement psychologiquement sûr, où les travailleurs se sentent soutenus – et non critiqués - lorsqu’ils doivent s’absenter. Il s’agit notamment de normaliser explicitement la prise de congés en cas de maladie ou d’épuisement. Les salariés seront ainsi moins réticents à l’idée de se reposer, au lieu de craindre les conséquences d’une absence auprès de leur manager.

Proposer plus de flexibilité

Des horaires flexibles ou la possibilité de faire du télétravail sont des options intéressantes pour les salariés qui souhaitent continuer à travailler malgré la maladie ou un problème personnel. En plus de favoriser le rétablissement, ces mesures améliorent le bien-être, la fidélité, l’engagement… et ainsi la productivité globale.

Être à l’écoute des travailleurs

Le présentéisme est parfois un mal « silencieux » qui met du temps à être détecté. Pour l’éviter, la prévention est essentielle. Une bonne façon de l’anticiper est d’évaluer régulièrement le bien-être des salariés. Une enquête sur l’équilibre vie professionnelle/vie privée ou une évaluation sur la charge de travail constituent un excellent indicateur. En étant conscient du présentéisme et en restant vigilants, les dirigeants, le management et les RH peuvent réfléchir à des moyens concrets pour lutter contre cette pratique.

Privilégier les résultats plutôt que le temps de présence

Pour limiter le présentéisme, les entreprises doivent mettre l’accent sur la qualité du travail et les résultats obtenus, plutôt que le temps de présence du collaborateur. Cela peut décourager ceux qui ont la mauvaise habitude de rester au travail seulement pour être vus, même en étant peu productifs.

Former les managers

Pour que les employés se sentent moins coupables à l’idée de prendre un congé, le manager doit comprendre son rôle et montrer l’exemple. De plus, il doit apprendre à reconnaître les signes du présentéisme (retrait social, fatigue qui dure, baisse de performance notable…) et être capable d’apporter des réponses appropriées. Un dialogue ouvert sur le stress au travail, ainsi qu’un discours qui privilégie la santé à l’assiduité, sont des éléments qui peuvent faire la différence dans la lutte contre le présentéisme.