« Quand on est Commissaire de justice, on ne fait pas des expulsions toute la journée ! »
Violaine déconstruit les clichés qui collent à la peau de la profession de commissaire de justice (ex-huissier).
Pour être commissaire de justice (la profession a changé de nom depuis l’an dernier), il vaut mieux aimer le contact humain. Juriste de proximité, ce professionnel garantit l’exécution des décisions de justice et s’assure aussi de leur bonne réception par les destinataires (à leur domicile). Violaine Trémolières-Eveno est commissaire de justice à Ploërmel, en Bretagne. Elle nous raconte son quotidien, loin des clichés d’un métier semble t-il peu apprécié car méconnu.
« Pour faire ce métier, il faut aimer le terrain : on s’invite chez les gens en permanence ! »
Lorsqu’elle était sur les bancs de la faculté de droit de Vannes en Licence, puis de Lyon II en Master, Violaine se distinguait de ses camarades de promotion : « Contrairement aux autres étudiants, je ne me rêvais pas avocate ou magistrate, alors que ce sont les métiers dont les professeurs nous parlaient le plus. » Tout en se questionnant sur son avenir professionnel, elle effectue des recherches sur les débouchés de sa formation et découvre le métier de commissaire de justice.
« Comme on en parlait très peu lors de mes études, ça m’a rendu curieuse. Je trouvais que ça alliait la théorie et la pratique et j’avais envie d’être sur le terrain, de rencontrer des personnes dans leur environnement. On s’invite chez les gens en permanence ! » Elle poursuit en souriant : «. Quand on est commissaire de justice, on est souvent sur les routes pour se rendre dans de nouveaux endroits au quotidien (exploitations agricoles, entreprises, particuliers, collectivités…).
À l’issue de son Master 2 -procédure et voies d’exécution-, elle se lance dans deux ans de stage au sein d’une étude puis passe un examen d’entrée finale dans la profession. « Aujourd’hui, c’est l’inverse : on passe d’abord cet examen à l’Institut de formation des commissaires de justice puis on réalise deux ans de stage mêlant enseignements et travail dans un office », confie Violaine.
« On a cette idée d’une personne froide et insensible alors que nous avons un vrai rôle social ! »
Elle ne regrette pas son choix : « Je ne me vois pas faire autre chose, j’adore mon métier ! » mais elle déplore l’image négative qui lui est encore trop souvent attachée. « On a cette idée d’un commissaire de justice froid et insensible qui exécute et point final. Alors qu’on est la profession du droit qui a le rôle social le plus important. »
L’image de « l’homme à lunettes en costume gris comme dans le film les trois frères » s’éloigne aussi. La profession se féminise : « J’en suis la preuve », sourit la jeune trentenaire. Alors que la première femme huissier de justice a été nommée en 1948, et que les femmes représentaient 20% des huissiers de justice au début des années 2000, cette proportion a plus que doublé aujourd’hui. Les candidates sont aujourd’hui largement majoritaires au concours d’entrée dans la profession selon les données de la Chambre nationale des Commissaires de justice.
Violaine s’est aussi habituée aux réactions lorsqu’elle dévoile son métier : « On me dit parfois : 'ah oui il en faut !' comme si c’était vraiment un métier choisi par défaut. En fait, la plupart des gens pensent que lorsqu’on est huissier, on fait des expulsions ou des saisies de mobilier toute la journée mais je n’aurais pas choisi ce métier si c’était mon quotidien ! »
« Quand on est Commissaire de justice, on n’est pas le shérif, ce n’est pas le far-west. Nous devons seulement faire en sorte d’appliquer des décisions de justice rendues. Tout cela est encadré en terme de procédures, il y a un cadre légal, on ne fait pas n’importe quoi n’importe comment. Nous sommes les garants de l’état de Droit. Le temps de se faire justice soit même est révolu depuis bien longtemps.»
« On ne s’ennuie jamais ! »
À quoi ressemble la journée type d’un commissaire de justice ? « Il n’y a pas vraiment de journées types, c’est l’avantage du métier, on n’a pas de routine, on se s’ennuie jamais ! », s’exclame la professionnelle.
« Par exemple, le matin on peut être appelé sur un constat de grève dans une entreprise des environs. Ça m’est arrivé pendant la période des manifestations contre la réforme des retraites. Et l’après-midi, on va sur un constat de réception de chantier : on fait beaucoup ce type de procédure en ce moment. Il y aussi des journées plus théoriques où je rédige des actes juridiques ou des constats par exemple. » Des missions qui vont varier selon la zone d’exercice.
Le métier est aussi soumis à des urgences et il arrive à Violaine de dormir près de son téléphone : « Dès que ça sonne, il faut partir, on peut être appelé concernant des dégâts des eaux ou des incendies pour constater les dommages au petit matin. Ça fait toujours un petit pic d’adrénaline. »
Pour exercer ce métier, Violaine estime qu’il faut être très rigoureux : « On n’a pas le droit à l’erreur ! » Des compétences dans le dialogue et l’écoute sont aussi nécessaires pour débloquer des situations sur le terrain : « Il faut toujours expliquer aux personnes pourquoi on est là, et surtout éviter la menace qui est inefficace. Cela nécessite de s’adapter à chaque situation. Parfois on intervient dans des contextes difficiles : c’est le cas des impayés de loyer ou des conflits de garde d’enfants. Il faut toujours trouver la bonne posture face à nos interlocuteurs. »
Un métier qui peut s’exercer en tant que salarié ou dans un office
Pour exercer le métier de commissaire de justice, il existe différents statuts : on peut devenir salarié, mais on peut aussi racheter tout ou une partie des parts d’un office, ou en créer un dans une nouvelle zone d’installation réglementée. Une fois le choix effectué, vous devez attendre une nomination officielle du Garde des Sceaux.
Violaine est devenue rapidement associée gérante d’un office à la sortie de ces études et s’en est donnée les moyens : « On pourrait croire qu’il faut beaucoup d’argent ou que c’est une profession fermée avec un côté « de père en fils » mais plus aujourd’hui. Mes parents n’étaient absolument pas dans ce secteur d’activité. J’ai souscrit un prêt et j’ai pu racheter des parts pour m’installer dans l’office où je travaille actuellement. »
Côté salaire, les rémunérations dépendent de ces différents statuts. « Si vous êtes associé gérant, cela dépendra du chiffre d’affaires de votre étude, ça peut aller de 3 000 brut à plus de 10 000 brut environ. En comptant les charges, je dirais qu’un commissaire de justice associé gagne en moyenne 5 ou 6000 euros net par mois. Cela peut être parfois moins ou parfois plus selon les offices ».
« Pour un commissaire de justice salarié, on peut gagner a minima 3 000 euros net par mois ». Des salaires confortables mais justes pour ces professionnels qui ne comptent pas leurs heures. « Effectivement, je dirais qu’il faut aimer beaucoup travailler mais le métier est varié et on ne voit pas le temps passer ! », conclut Violaine.
Crédits photo : Hellowork
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