Management au féminin : des stéréotypes et obstacles qui persistent

Les femmes managers sont toujours victimes des stéréotypes de genre malgré un meilleur accès aux postes à responsabilités. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée par l’IFOP à la demande de l’agence spécialisée en data FLASHS et de l’entreprise d’hébergement web Hostinger auprès de 2 500 Françaises et Français.

Une fonction encore perçue comme masculine ?

C’est la bonne nouvelle de l’étude : être dirigé par une femme ou un homme n’a aujourd’hui aucune importance pour près de 7 actifs sur 10 ! Si 22% des salariés déclarent préférer travailler sous les ordres d’un homme, cette proportion a largement diminué depuis 1987 où ils étaient encore 46% à plébisciter le management masculin. Cette vision reste tout de même nettement présente dans certains secteurs comme la construction ou l’industrie.

Par ailleurs, un peu moins de 30% des actifs jugent qu’il est plus facile de travailler avec un homme qu’avec une femme (-10 pts depuis 1987) contre 11% qui considèrent l’inverse. Si l’on peut se réjouir qu’une large majorité des sondés n’y voit aucune différence (60%), l’étude met en évidence un avis bien plus tranché chez les jeunes hommes : 55% des moins de 29 ans jugent ainsi plus facile de travailler avec un autre homme !

Pour Louise Jussian, chargée d’études Opinion & Stratégies d’Entreprise à l’IFOP, ces clivages sont à l’image de ceux mis en évidence par d’autres enquêtes de société : « Les jeunes hommes et les jeunes femmes adoptent de plus en plus sur les questions sociétales des positions divergentes. On voit ainsi dans cette enquête qu’un nombre non négligeable de jeunes hommes affichent clairement leur préférence pour un environnement et un management au masculin, confirmant l’émergence d’une vision plus traditionaliste, voire l’adhésion pour certains d’entre eux à des thèses très masculinistes. Par ailleurs, et ça n’est pas une surprise, des secteurs d’activité comme la construction laissent encore peu de place à la mixité entre femmes et hommes. »

A noter également que 67% des Français pensent que les femmes et les hommes managent différemment. Preuve que le caractère genré du management reste un vrai sujet, notamment pour la gent féminine : elles sont 71% à le déclarer contre 62% d’hommes.

Certaines femmes se sentent encore illégitimes à exercer des responsabilités

C’est un sujet qui fait consensus : 74% des sondés pensent qu’il est plus facile pour un homme de faire carrière et atteindre des postes à hautes responsabilités. Les femmes sont d’ailleurs 79% à le dire et cette perception est d’autant plus forte chez les 18-24 ans (82%) et parmi les catégories socio-professionnelles supérieures (89%).

Malgré ce sentiment, une proportion identique d’hommes et de femmes se disent prêts à gagner en responsabilité : parmi les salariés n’occupant pas de fonctions managériales, 31% seraient prêts à sauter le pas s’ils en avaient l’occasion. Cette aspiration est particulièrement notable chez les jeunes salariés puisque 69% des 18-29 ans aimeraient un jour pouvoir occuper un poste de direction ou de management. De quoi tordre le cou à l’idée que la jeune génération ne veut pas s’engager…

En revanche, il existe bel et bien une frontière genrée dans le renoncement au management ! Parmi les femmes qui ne souhaitent pas accéder à cette fonction, 57% estiment ne pas avoir la personnalité d’un manager (contre 45% chez les hommes) et 50% redoutent des conséquences sur leur vie privée (vs 36%). C’est d’autant plus vrai chez celles dont la mère était mère au foyer, parmi les catégories populaires et les plus jeunes (18-29 ans).

« S’il est réconfortant de constater que femmes et hommes aspirent dans des proportions similaires à accéder à des postes à responsabilité, les raisons pour lesquelles certaines femmes y renoncent – manque de confiance, sentiment d’illégitimité ou crainte de ne pouvoir assumer vie privée et vie professionnelle – restent marquées par un conditionnement toujours très présent », note Louise Jussian.

Un « sexisme d’atmosphère » qui pénalise toujours la carrière des femmes

Enfin, l’étude révèle que le quotidien des femmes managers est encore largement impacté par le sexisme. Plus d’une femme sur deux révèle avoir déjà entendu des propos sexistes envers d’autres femmes occupant un poste de management. Par exemple, « elle est de mauvaise humeur, elle doit avoir ses règles » à propos d’une femme faisant preuve d’autorité, un commentaire désobligeant sur la tenue vestimentaire ou le physique, une plaisanterie sur ses compétences, sous-entendre qu’elle doit son poste à des faveurs sexuelles, etc.

Lorsqu’on demande aux femmes si elles ont le sentiment d’avoir été victimes de discrimination sur leur lieu de travail en raison de leur genre, elles sont 37% à répondre par l’affirmative. Cela concerne les augmentations de salaire, les évolutions de poste, la prise de responsabilité ou encore le travail au quotidien.