Volvo Group : « Comme un smartphone, un camion peut être reconditionné et avoir plusieurs vies » 

« Le transport routier représente 7 % des émissions de CO₂ en Europe », rappelle Yannis Hajji, responsable RSE chez Renault Trucks. Face à l’urgence climatique, le groupe Volvo s’est fixé un objectif ambitieux : proposer des solutions sans énergies fossiles à l'horizon 2040.

Mais il faut aller plus loin pour inverser la tendance : « 95 % de l’empreinte carbone de Renault Trucks provient de l’utilisation de nos camions sur route, pas de leur fabrication. » Et concernant les modèles diesel déjà en circulation, il est souvent plus pertinent sur le plan environnemental de les conserver et d’optimiser leur consommation, plutôt que de les envoyer à la casse pour produire de nouveaux véhicules électriques. « Un camion peut parcourir jusqu’à un million de kilomètres. Alors pourquoi le remplacer avant ? »

Une réalité qui a conduit le groupe à miser sur l’économie circulaire, pour offrir jusqu’à « quatre ou cinq vies » supplémentaires aux véhicules.

Cette mutation appelle de nouvelles compétences : « La transformation du transport routier n’en est qu’à ses débuts. Elle ouvre un champ immense à celles et ceux qui souhaitent avoir un impact concret et trouver du sens dans leur métier », assure Yannis.

Du moteur thermique au tout électrique

L’engagement du groupe Volvo ne date pas d’hier. « La réduction de la consommation des moteurs thermiques a toujours été très importante pour nous. A la fois pour réduire l’impact environnemental de nos activités et pour aider nos clients à baisser leurs coûts d’usage. C’est un cercle vertueux ! »

Cette stratégie porte déjà ses fruits : « En 50 ans, on a divisé la consommation de carburant par trois et réduit les émissions de CO₂ de 40 %. » Avec 60 000 camions vendus par an dans le monde, l’impact est loin d’être négligeable.

Pour arriver à ce résultat, Renault Trucks a exploré l’ensemble des énergies alternatives au diesel au fil des ans : gaz naturel, biocarburants, moteurs hybrides... pour finir par arrêter son choix sur la technologie électrique. « C’est aujourd’hui la solution la plus efficace et mature pour décarboner le transport routier », affirme Yannis.

La circularité : un enjeu souvent oublié

Le hic ? « Les véhicules diesel déjà en service resteront sur le marché plusieurs années. On parle beaucoup d’électrification des véhicules, mais très peu de l’économie circulaire autour du camion. Alors qu’un camion peut être reconditionné et avoir plusieurs vies. Comme un smartphone ! »

Renault Trucks travaille sur le sujet depuis une dizaine d’années. « On a fait le choix de prolonger la durée de vie des camions, plutôt qu’en produire toujours des neufs. » Une stratégie audacieuse résumée en trois axes : régénérer, reconvertir, réemployer.

Régénérer : offrir une seconde vie aux camions

Les anciens modèles profitent d’une remise à niveau complète dans l’un des Used Trucks Center de Renault Trucks.« Ils sont reconditionnés selon un cahier des charges spécifique, avec un panel de tests qui peut dépasser les 200 points de contrôle », détaille le responsable RSE.

Ce check-up intégral, appelé programme « Restart », vise à les rendre aussi fiables qu’un modèle neuf… mais avec beaucoup moins de ressources ! « Un camion régénéré, c’est cinq tonnes d’acier en moins, sept tonnes de CO₂ et 184 m³ d’eau économisés par rapport à la production d’un véhicule neuf. »

Reconvertir : changer d’usage, pas de camion

Certains camions trop sollicités sont transformés pour des usages moins intensifs. « Ils peuvent être réemployés pour d’autres activités, sur des chantiers par exemple. » Encore une fois, l’idée est d’allonger leur cycle de vie, tout en évitant de produire un véhicule neuf.

Réemployer : valoriser les pièces existantes

Le constructeur dispose d’une usine dédiée au reconditionnement de moteurs, boîtes de vitesses et autres pièces majeures. « Une boîte de vitesse réemployée permet d’économiser jusqu’à 80 % d’énergie et dispose d’une fiabilité identique par rapport à une pièce neuve, illustre Yannis. Et nos camions sont recyclables à 95 % ! »

Le rétrofit, une innovation qui rebat les cartes

Autre projet qui mérite d’être mis en lumière : le rétrofit. « C’est le fait de convertir une voiture thermique en voiture électrique. La carcasse reste la même, on change juste le moteur. »

Renault Trucks est un pionnier en la matière. « En 2024, nous sommes les premiers en France à avoir obtenu l’homologation d’un camion thermique converti en véhicule 100 % électrique. » Une innovation qui témoigne de l’investissement du groupe dans la R&D (recherche et développement).

Quid du recyclage des batteries électriques ?

Quand on parle d’électromobilité, la question du recyclage des batteries arrive rapidement sur le tapis. Pour Yannis, c’est presque un non-sujet : « À terme, nous n’aurons quasiment plus besoin d’acheter du lithium ni d’autres minéraux, car le recyclage des batteries permettra de réintroduire ces matériaux directement dans les phases de fabrication des nouvelles. »

Les batteries trop usées pour assurer la traction d’un camion trouveront un nouvel usage dans le stockage stationnaire d’énergie (pour alimenter des installations solaires ou éoliennes, par exemple). Avant d’être recyclées pour récupérer les métaux critiques (cobalt, cuivre, lithium, nickel, manganèse, etc). Une boucle presque totalement fermée, qui réduit la dépendance aux matières premières.

Impact, engagement… et reconnaissance

Cette révolution industrielle n’est pas qu’une affaire d’ingénieurs. « Elle repose sur l’ensemble des collaborateurs de Renault Trucks. Qu’on travaille en atelier, dans un bureau d’études, aux achats ou à la communication, tout le monde participe à un transport durable pour l’avenir. »

Et l’entreprise sait comment motiver les troupes. « En 2025, notre niveau de rémunération est supérieur de 30,9 % au Smic. Le salaire minimum cadre est de 41 400 euros bruts par an, soit 3 450 euros par mois. Quant à la prime de participation, elle dépend aussi de l’atteinte de nos objectifs de décarbonation ! »