Les femmes utilisent moins l'IA que leurs collègues masculins : voici pourquoi
Cet article a été écrit sans utiliser l’intelligence artificielle, par une femme.

On ne compte plus les articles sur le sujet. Depuis bientôt deux ans, l’IA et en particulier ChatGPT, sont sur toutes les bouches. Vendues aux entreprises comme un levier prodigieux de productivité, ces technologies déclenchent encore la méfiance de nombreux travailleurs. Un enflammement bien plus genré qu’on ne l’imagine, selon une récente étude américano-danoise.
Au travail, le recours à ces technologies serait davantage masculin, relèvent Anders Humlum, de l’université de Chicago et Emilie Vestergaard, de l’université de Copenhague, dans un document de travail publié en juin. Pour conduire leurs recherches, ces derniers ont interrogé 100 000 Danois dans 11 professions où la technologie pourrait faire gagner du temps aux salariés comme le journalisme, le développement de logiciels, l’enseignement ou les ressources humaines.
Un manque de confiance féminin
En collaboration avec l’autorité centrale d’études statistiques danoise, Danmarks Statistiks, les universitaires ont questionné les personnes interrogées sur leur fréquence d’utilisation de ChatGPT et ce qui pouvait les empêcher d’y avoir recours, entre novembre 2023 et janvier 2024. Ces résultats ont ensuite été couplés à leurs antécédents individuels sur le marché du travail, leurs revenus, leur richesse ou encore leur niveau d’éducation, issus des archives étendues et connectées danoises.
Résultat, les chercheurs ont relevé que la moitié de travailleurs interrogés avaient déjà utilisé l’outil d’OpenAI et 72% de ceux-ci, dans le cadre du travail. Le taux d’utilisation varie cependant en fonction des professions. En tête, celles à forte dominance informatique et hautement qualifiées comme les développeurs de logiciels et les spécialistes du marketing, avec un taux d’adoption d’environ 78%. « Les professions ayant des exigences moins élevées et où les employeurs peuvent restreindre l’utilisation, comme les employés de bureau et les conseillers financiers, ont le taux d’adoption le plus bas, environ 36% », écrivent Anders Humlum et Emilie Vestergaard.
De ce constat, les universitaires ont soulevé des résultats qualifiés de « stupéfiants » concernant l’écart de genre dans l’utilisation de ChatGPT : les femmes sont 20% de moins susceptibles de l’utiliser que les hommes exerçant la même profession. Une différence moins importante (16%) mais qui persiste entre des collègues aux tâches semblables, au sein d’une même entreprises. Des résultats d’autant plus frappants chez les développeurs de logiciels parmi lesquels seulement la moitié des femmes ont rapporté utiliser l’IA générative contre deux tiers des hommes, tout comme dans les ressources humaines ou le support informatique.
Sur les raisons de ces disparités, les chercheurs avancent une première explication : le manque de confiance des femmes. Plus réceptives à l’information relative à l’intelligence artificielle que les hommes, elles soulignent davantage un besoin de formation pour utiliser cette technologie.
Des métiers plus à risque face au développement de l’IA
Ces résultats font écho à un article récemment publié par le Forum économique mondial selon lequel, sur 25 000 personnes interrogées à travers le monde, 59% de travailleurs hommes âgés de 18 à 65 ans disent utiliser des outils d’IA générative au moins une fois par semaine, contre 51% de femmes. Des disparités d’autant plus notables chez les plus jeunes : 71% des hommes de 18 à 24 ans disent utiliser l’IA contre 59% de femmes. Des données qui inquiètent du côté de Davos : un tel déséquilibre, s’il n'est pas corrigé, pourrait amplifier les iniquités entre les sexes dans les métiers dit de « cols roses », autrement dit traditionnellement réservés aux femmes. Des métiers plus susceptibles d’être automatisés comme le service client, l’éducation et la santé et pour lesquels les opportunités professionnelles pourraient s’amoindrir pour les femmes, qui risqueraient d’être remplacées non pas par l’IA mais des hommes formés à ces outils.
Toujours selon Davos, la solution serait à trouver du côté des entreprises. Elargissement des compétences et des équipes informatiques, vision partagée avec les travailleurs ou encore discussion avec la Génération Z * seraient une première étape dans l’encouragement des femmes à adopter l’IA générative. D’autant que l’écrasante majorité des salariés interrogés (98%) – femmes comprises – ont déclaré qu’ils auraient besoin de perfectionner leurs compétences au cours des cinq prochaines années en raison des changements apportés par l’IA. Or, les chefs d’entreprise estiment que seulement 40% de leurs effectifs nécessitent une telle formation. Une déconnexion qui « crée de l’anxiété chez les travailleurs qui se demandent comment l’IA générative pourrait perturber ou éliminer leurs fonctions professionnelles », précise l’article.
Des chiffres inquiétants, alors qu’aux Etats-Unis, par exemple, 80% de femmes occupent un emploi exposé de manière significative à l’automatisation par l’IA, contre 60% des hommes **. A l’échelle mondiale, cela représente 49 millions d’emploi menacés selon l’Organisation internationale du travail (août 2023) qui estime à 180 millions le nombre d’emplois féminins qui seront, dans le futur, augmentés par l’IA.
En attendant, et sur une note plus positive, les professionnelles de l’intelligence artificielle se réunissent à travers le monde pour porter la voix d’une IA inclusive. C’est le cas de la structure à but non lucratif Women in AI, dont la branche française propose formations et mentorat à cet effet. Une solution, parmi tant d’autres, pour mettre un pied à l’étrier, si l’envie vous prend.
* La Gen Z en anglais, regroupe les personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, généralement entre 1997 et 2012.
** Selon le rapport « Generative AI and the future of work In America », du McKinsey Global Institute (juillet 2023).
- X
Sur la même thématique
Préparez-vous à
décrocher votre job !
155 000
CV lus en moyenne chaque jour, soyez le prochain à être vu !
soyez visible auprès des recruteurs
916 382
offres en ce moment, on vous envoie celles qui collent ?
soyez alerté rapidement
Toutes les offres d’emploi
- Paris
- Lyon
- Toulouse
- Marseille
- Nantes
- Bordeaux
- Rennes
- Lille
- Strasbourg
- Nice
- Montpellier
- Aix-en-Provence
- Dijon
- Grenoble
- Angers
- Reims
- Annecy
- Metz
- Tours
- Nanterre
- Accueil
- Média de l'emploi
- Suivre l'actu de l'emploi
- Les femmes utilisent moins l'IA que leurs collègues masculins : voici pourquoi
{{title}}
{{message}}
{{linkLabel}}