Vous utilisez ChatGPT en cachette au travail ? Vous êtes loin d'être seul...

Depuis l’irruption tonitruante de ChatGPT fin 2022, l’intelligence artificielle s’est invitée dans les débats autour du monde du travail, de multiples études pointant du doigt les risques pour le futur de nombreux emplois. Selon une récente enquête Ifop sur l'intelligence artificielle et les Français pour Learnthings.fr, agence spécialisée en data, cela n’empêche pas les salariés de s’en emparer… discrètement. Et avec méfiance.

Comment percevez-vous l’IA ? Entre inquiétude et indifférence, le paradoxe des salariés français

Un peu moins d’un quart des salariés en capacité d’utiliser l’IA dans leur travail l’ont déjà utilisée, contre un peu moins de 14% il y a 5 ans. Une croissance portée par l’apparition des IA génératives grand public comme ChatGPT, Copilot ou Dall-E et qui ne devrait pas connaître la crise dans les années à venir avec l’apparition de nouveaux assistants virtuels toujours plus performants.

Pour autant, les salariés français sont loin d’en tirer la moindre fierté et préfèrent même découvrir les capacités de l’IA sous le manteau… Ils sont ainsi 55% à en avoir fait usage sans en informer leur hiérarchie ! Une utilisation qui reste donc discrète alors même que 63% d’entre eux disent ne pas vouloir être formés à l'intelligence artificielle dans une optique professionnelle (10% le sont déjà et 27% souhaiteraient l’être).

« Ce refus d’être formé à l’IA est particulièrement présent chez les femmes (71% contre 54% chez les hommes), chez les employés (73% contre 46% chez les cadres supérieurs). Il est également fort chez les plus jeunes puisque 58% des 18-29 ans sont concernés, quand bien même leurs aînés témoignent d’un rejet encore plus marqué (71% parmi les 50-59 ans). »

Paradoxal ? L’étude révèle en effet un sentiment ambigu des salariés français vis-à-vis de ces nouveaux outils, puisqu’une majorité d’entre eux se montrent inquiets (51%) quand un bon tiers se dit tout bonnement indifférent. L’enthousiasme autour des IA ne concernerait que 14% des salariés selon l’étude ! Si le récent battage médiatique autour des intelligences artificielles génératives a poussé le plus grand nombre à les découvrir (en cachette), cette expérimentation sauvage a semble-t-il fait diminuer la confiance dans les bénéfices de l’IA pour le travail :

• Quand 46% des salariés estimaient en 2018 que l’IA pourrait améliorer leurs performances, ils ne sont plus aujourd’hui que 29%.
• Quand 41% y voyaient un atout pour leur bien-être, ils ne sont plus que 35% actuellement.

Un danger pour l’emploi ?

Une relation ambigüe à l’IA et une perte de confiance dans ses bénéfices qui s’expliquent sans doute par la peur que celle-ci fait naître autour du futur de nos emplois. Les chiffres de l’enquête Ifop à ce sujet sont éloquents :

• 68% des salariés expriment des craintes vis-à-vis de l'IA et anticipent des conséquences négatives
• 56% considèrent l'IA comme un danger pour l’emploi
• 40% des salariés pensent que l'IA pourrait à terme réaliser la majorité de leur travail
• 27% estiment que ce transfert de tâches à l'IA se produira dans les dix prochaines années
• Une perspective peu réjouissante ! D’autant que, comme le précise learnthings.fr, ces craintes sont bien plus fortes chez ceux qui l’utilisent le plus : les cadres supérieurs (77%).

Les années à venir viendront confirmer ou non le bien-fondé de ces différentes peurs induites par l’IA. Car toujours d’après cette même étude, 64% des Français pensent que l'IA pourra un jour agir comme les humains (ils étaient 32% en 1972). Or, de l’avis des spécialistes de l’intelligence artificielle générative, c’est un scénario de science-fiction ! A moins que les géants de la Tech ne percent un jour les mystères de l’intelligence artificielle générale…

Crédits photo : Prostock-studio/stock.adobe.com