Surcharge de travail : comment la repérer et l'éviter ?

En France, 46 % des salariés expriment des craintes liées à une surcharge de travail, en raison d’une situation de sous-effectif ou d’une cadence de travail effrénée (source : Baromètre Santé des salariés 2023 — Malakoff Humanis). Êtes-vous concerné par le surmenage au travail ? Quels signaux doivent vous alerter ? Comment réagir face à une surcharge de travail ? Retrouver tout ce que vous devez savoir afin de vous préserver de ce phénomène. Nos conseils à la clé !

Qu’est-ce que la surcharge de travail ? - définition

On parle de surcharge de travail lorsqu’un salarié n’arrive pas à venir à bout des tâches qui lui sont confiées dans un délai imparti, et cela, en raison d’une quantité de travail supérieure à ses capacités. Se sentant dépassé, il se voit contraint d’adopter un rythme effréné, qui n’est pas tenable sur le long terme sans que cela ait des conséquences délétères sur sa santé. Cette surcharge de travail résulte d’un manque d’effectif ou bien d’une mauvaise organisation de la part de l’entreprise

Comment se manifeste la surcharge de travail chez les salariés ? - les symptômes

Il peut arriver de devoir faire face à une période d’activité plus intense qu’à l’accoutumée, avec des délais écourtés, et/ou une charge de travail plus conséquente. Cela doit néanmoins rester ponctuel et ne pas durer dans le temps ! Car une surcharge de travail permanente présente des risques avérés pour la santé physique et mentale des salariés.

Les symptômes psychologiques liés à une charge de travail excessive

• fatigue mentale qui peut conduire au burn-out
• fatigue cognitive qui entraîne une baisse de la performance
• stress et anxiété
• difficultés à réguler ses émotions (ex. irritabilité, sautes d’humeur, envies de pleurer)
• déprime ou états dépressifs
• manque de patience
• difficultés à se concentrer et à mémoriser
• isolement social
• démotivation et désengagement
• perte de confiance et d’estime de soi
• remise en question de ses capacités et culpabilité

Les symptômes physiques révélateurs d’une surcharge de travail

• troubles du sommeil (ex. insomnie, réveils nocturnes, sommeil non réparateur)
• éruptions cutanées (ex. eczéma, psoriasis, dermatite)
• douleurs musculaires (ex. tensions dans le cou, le dos, les épaules, les mâchoires)
• problèmes gastro-intestinaux
• variation anormale du poids
• palpitations ou douleurs thoraciques relatives au stress
• baisse des défenses immunitaires et tendance à tomber souvent malade

Ces symptômes peuvent également être les signes d’une maladie professionnelle telle qu’une dépression liée au travail ou un burn-out.

Les obligations de l’employeur en matière de charge de travail : ce que dit la loi

Selon l’article L. 4121-1 du Code du travail, l’employeur doit tout mettre en œuvre afin d’assurer la sécurité et de préserver la santé physique et mentale de ses collaborateurs. En cas de manquement à son obligation, l’employeur encourt une amende de 10 000 euros par infraction et salarié impacté, et peut être poursuivi pénalement, avec un risque de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende maximum.

Comment détecter une charge de travail excessive ?

Les employés surchargés se voient contraints d’effectuer des heures supplémentaires pour tenter de respecter les échéances, au détriment de leur bien-être et de leur équilibre de vie personnel. N’arrivant jamais à terminer leurs tâches, le travail peut devenir une véritable obsession. Certains salariés n’arrivent plus à déconnecter et travaillent de leur domicile à des heures improbables !

En collaboration avec les ressources humaines, le manager doit savoir identifier le problème afin d’y apporter des solutions concrètes. Pour ce faire, il peut se baser sur les indicateurs suivants :

• les alertes des membres de l’équipe
• les horaires de travail des salariés (ex. système de pointage type badgeuse, heures de connexion)
• fréquence à laquelle les délais sont respectés
• le taux d’absentéisme
• le nombre d’absences pour maladie

Comment réagir quand on est confronté à une surcharge de travail ?

Alerter et prouver le surmenage

Si vous croulez sous le travail, inutile d’attendre que la situation se détériore davantage. Vous risqueriez de vous retrouver dans une boucle infernale. Parlez-en rapidement à votre responsable ! Il pourrait remédier à cette problématique grâce à une meilleure répartition de la charge de travail entre les membres de l’équipe, à l’optimisation de l’organisation du service, ou à l’embauche d’un nouveau collaborateur.

Le Code du travail ne définit pas quantitativement la surcharge de travail car celle-ci varie selon divers facteurs : entreprise, nature de l’activité, rôle et niveau de responsabilités des collaborateurs… Néanmoins, un employé peut prouver objectivement que sa quantité de travail est excessive grâce à :

• ses feuilles de temps
• un rapport d’activité contenant le détail des tâches effectuées sur une semaine type
• la comparaison des missions réelles avec celles de la fiche de poste afin de constater un éventuel écart
• la mobilisation du collectif : d’autres collègues concernés par le surmenage au travail, peuvent se joindre à lui afin d’aborder le sujet ensemble

La marche à suivre en l’absence de solution

Si le dialogue avec l’employeur semble rompu, qu’aucune solution n’est apportée malgré l’alerte qui lui a été donnée, vous pouvez :

• adresser un écrit à votre employeur dans lequel vous récapitulez la situation de surcharge et la souffrance au travail qu’elle génère
• contacter les représentants du personnels élus au CSE
• faire un signalement auprès de l’inspection du travail
• chercher de l’aide auprès d’une organisation syndicale
• consulter la médecine du travail

Vous pouvez également réunir toutes les preuves qui attestent de la surcharge de travail, en vue de saisir le conseil des prud’hommes :

• relevé des horaires de travail
• échanges professionnels (mails, sms, messagerie instantanée professionnelle)
• certificats médicaux prouvant que la surcharge de travail dégrade votre santé (ex. stress, burn-out, anxiété, dépression)
• déclarations écrites de collègues qui souhaitent témoigner
• comptes rendus de réunion qui prouvent que la surcharge de travail a été évoquée sans être réglée
• compte-rendu d’entretien annuel présentant des objectifs inatteignables ou un volume de travail trop conséquent

Demander de l’aide à un professionnel de santé

Si le surmenage met votre santé mentale ou physique en danger, il est crucial de demander de l’aide à un professionnel de santé ! En plus du médecin du travail, vous pouvez consulter votre médecin généraliste. Ce dernier pourra éventuellement vous orienter vers un psychologue ou un psychiatre au besoin.

Comment éviter la surcharge de travail ? Les bonnes pratiques !

• noter systématiquement vos heures supplémentaires : en plus de devoir vous les rémunérer, votre employeur prendra conscience du volume horaire hebdomadaire qui vous est nécessaire pour accomplir la charge de travail qu’il vous confie
• dire « non » à une charge de travail supplémentaire : si vous ne savez déjà plus où donner de la tête, accepter une nouvelle mission ne fera que vous mettre davantage en difficulté. Prenez le temps d’expliquer la raison pour laquelle vous déclinez, sur la base d’éléments factuels (ex. dossier en cours, priorités)
• apprendre à mieux s’organiser au travail : une mauvaise organisation personnelle entraîne un manque d’efficacité qui peut aussi conduire au surmenage. Prioriser les tâches importantes, évaluer le temps pour chaque tâche, fixer des échéances, garder une plage dédiée aux imprévus, ne pas négliger les temps de pause font partie des réflexes à adopter
• activer le mode « ne pas déranger » : selon l’Université de Californie à Irvine, il nous faudrait 23 minutes et 15 secondes pour réussir à se concentrer après une interruption. Sur ces plages horaires, le portable est en mode silencieux et les notifications sont désactivées. Vous verrez votre productivité monter en flèche !