La santé mentale au travail en 10 chiffres clés

Le coût annuel de la prise en charge de l’Assurance maladie des maladies mentales et des troubles psychiques en France s’élève à 23 milliards d’euros. C’est le premier poste de dépenses de cette branche de la sécurité sociale. Ces maladies et troubles concerneraient 13 millions de Français, soit une personne sur cinq, selon le ministère de la Santé et de la prévention. C’est un peu moins de la moitié du nombre d’actifs (30 millions). Si le travail ne peut pas être directement associé à ces chiffres, il est, pour de nombreuses personnes, difficilement indissociable de leur vie personnelle. Retour sur les chiffres à connaître sur la santé mentale au travail en France.

42 %

C’est la part des salariés français en détresse psychologique modérée selon le dernier Baromètre d’Empreinte Humaine avec OpinionWay, publié à l’automne 2024. Une baisse de 6 points par rapport à l’année précédente. Donnée plus inquiétante encore 15% des personnes interrogées se déclarent en détresse psychologique élevée.

Empreinte Humaine définit la détresse psychologique comme chevauchant « à la fois des symptômes de dépression et d’épuisement. » Non traitée, elle peut entrainer des problèmes de santé tels que « diverses maladies psychosomatiques, l’hypertension artérielle, différents troubles anxieux, la dépression sévère et des troubles addictifs. »

8 salariés sur 10

Estiment que leur situation de détresse psychologique est liée au moins partiellement au travail, toujours selon le Baromètre d’Empreinte Humaine avec OpinionWay. Les salariés qui ont ce sentiment sont majoritairement employés de TPE (49%), PME (42%) et entreprises de taille intermédiaire (ETI) (53%). La détresse psychologique serait moins présente dans les grandes entreprises de plus de 5 000 salariés (32%).

Le niveau détresse élevée touche davantage les jeunes (28% des 18-29 ans), les employés (20%) et les télétravailleurs à temps plein (26%).

6 actifs sur 10

61% des actifs français se sentent stressés au moins une fois par semaine, a révélé l’enquête People at Work 2024 : l’étude Workforce View * publiée en octobre 2024 et menée par ADP Research. Une baisse de 10 points vis-à-vis de l’année précédente (71%) qui cache cependant un stress quotidien élevé en légère hausse (19% contre 17% en 2023).

23 %

Le pourcentage de femmes qui déclarent un niveau de stress élevé au travail contre 15% des hommes. Chez les actifs, le niveau de stress est lié au sexe, comme à l’âge. Plus les salariés vieillissent, plus ils sont stressés. Une tendance qui s’inverse seulement à l’approche de l’âge de départ à la retraite. Les plus touchés sont les 45 à 54 ans (22% déclarent être stressés tous les jours). En comparaison, pointe l’étude, 18% des salariés entre 25 et 44 ans et 10% des 18-24 ans ressentent quotidiennement du stress au travail.

Les résultats de l’étude menée par ADP Research mettent également une variabilité du stress au travail en fonction du secteur d’activité du salarié. Dans les arts et la culture, 81% des travailleurs déclarent ressentir du stress au moins une fois par semaine, 73% dans le retail, l’hôtellerie-restauration et les loisirs, 67% dans l’informatique et les télécommunications. Sans grande surprise, ce sont les salariés du secteur de la santé qui sont les plus stressés (22%).

70 %

Le stress du salarié varie également en fonction de son niveau hiérarchique. 70% c’est le pourcentage de cadres supérieurs déclarant ressentir du stress au moins une fois par semaine à ADP Research, suivis des managers intermédiaires et des managers de proximités (64%). Au quotidien, les stagiaires et intérimaires ressentent cependant les niveaux de stress les plus élevés au travail (23%).

2 sur 3

Une donnée positive cette fois : la part des salariés français qui estime qu’ils peuvent exprimer une situation de stress ou de mal-être sans être mal vus, souligne le baromètre Empreinte Humaine avec Opinion Way. Sur cette question, l’accompagnement des collaborateurs est essentiel et montre des résultats. En effet, l’étude observe 1,5 à 2 fois moins de problèmes de santé mentale au travail lorsque des pratiques de prévention précédentes existent.

Dans ce cadre, la formation des managers est primordiale. Aussi, 66% des salariés français estiment que leur manager est attentif à leur bien-être psychologique et 65% qu’il instaure des pratiques positives à cet effet.

54%

Seulement, c’est la part des salariés qui estiment que le droit à la déconnexion est réellement appliqué dans leur entreprise (pas de réunions tardives, pas de mails auxquels ils doivent répondre en dehors de heures de travail) signale l’étude d’Empreinte Humaine.

Selon le cabinet indépendant, les employeurs avancent sur la protection de la santé et de la sécurité psychologique de leurs salariés. Or, le chemin est encore long. Seuls 47% des personnes interrogées estiment ainsi que les formations sur la prévention des risques psychosociaux et la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) sont accessible pour l’ensemble des salariés et 43%, que les collaborateurs sont consultés à ce sujet.

91 %

C’est le pourcentage d’employés qui estiment que la QCVT est prioritaire ou importante d’après le baromètre Qualité de Vie et Conditions de Travail 2025 de Qualisocial en partenariat avec Ipsos. Or, moins d'un salarié sur quatre a accès à un plan de prévention complet en santé mentale au sein de son organisation (23%).

Du côté des entreprises, on constate pourtant les bienfaits de telles mesures : dans son baromètre 2024, Qualisocial estimait que 61% de ces dernières ayant instauré des politiques de QVCT constataient un effet positif sur la santé mentale de leurs salariés. Un chiffre qui monte de 10 points (71%) pour les employeurs les plus avancés sur ce sujet.

10 %

Le taux, probablement sous-estimé, des suicides identifiés comme étant en lien potentiel avec le travail en 2018, d’après une étude de Santé Publique France menée en collaboration avec huit instituts de médecine légale et le CépiDc (Centre d’épidémiologie des causes médicales de décès - Inserm), parmi les personnes dont la situation par rapport à l’emploi était connue, 28% étaient en emploi au moment du décès. Parmi celles-ci, le travail semblait avoir joué un rôle dans 42% des suicides. Aussi, les hommes (10%) semblaient légèrement plus impactés que les femmes (8%) par ce lien.

33 %

La part des salariés ayant déclaré à OpinionWay leur sentiment d’inutilité au travail. D’autres conditions de travail sont mises en cause par ces derniers comme les empêchant de bien effectuer leur travail et impactant leur santé psychologique :

• Ne pas pouvoir dire non à une charge de travail alors qu’ils sont déjà débordés (46%) ;
• Avoir des outils de travail qui ne fonctionnent pas ou inadéquats (49%) ;
• Le manque de temps (55%) ;
• Devoir faire de la « quantité » au détriment de la « qualité » du travail (50%) ;
• Etre contraint de travailler (ou d'effectuer un travail) d’une façon qui heurte leur conscience (37%) ;
• Le manque de retour sur leur travail (50%) ;
• La peur des reproches ou du blâme en cas d’erreur (40%).

Quand on est en souffrance psychologique que ce soit dans la vie professionnelle ou privée, il peut notamment devenir difficile d’accomplir ses tâches quotidiennes et son travail. Si vous ne pouvez ou ne voulez pas vous adresser à un collègue/manager/RH, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à des proches. L’Assurance maladie a également répertorié une liste de lignes d’écoute et de nombreuses ressources à votre disposition.

* Enquête a été menée auprès de plus de 34 000 actifs dans 18 pays, dont près de 2 000 en France.