Êtes-vous à deux doigts de craquer au travail ? Ces signaux doivent vous alerter

Et si le secret pour mieux vivre au travail se cachait… dans votre système nerveux ? C'est précisément ce que racontent Bruce Hoang et Sébastien Mary dans leur livre Le pouvoir du mouvement, paru aux éditions Eyrolles. Les réactions de votre corps ne sont pas aléatoires. À chaque moment de la journée, vous associez inconsciemment une couleur intérieure : feu vert, feu orange ou feu rouge, révélateur de votre état physique et émotionnel. Reste à savoir dans quelle couleur globale vous vous situez… et si vous êtes, peut-être, à deux doigts de craquer.

« Le corps sait bien avant nous si nous sommes en sécurité ou non »

La métaphore des feux tricolores s'inspire de la théorie polyvagale, imaginée par le neuroscientifique américain Stephen Porges. Celle-ci vous aide à mieux comprendre les réactions de votre corps face au stress, mais surtout, à appréhender ces mécanismes. Êtes-vous en sécurité ? Votre corps vous alerte-t-il ? Comment retrouver votre calme ? « Le corps sait bien avant nous si nous sommes en sécurité ou non. Lorsque vous êtes en réunion, le body language est le premier facteur de signal. Le corps est une information inconsciente, et le mouvement permet de conscientiser ce système-là », explique Sébastien Mary, ostéopathe et kinésithérapeute.

Concrètement, comment cela se traduit-il dans notre quotidien ? D'après les auteurs du livre Le pouvoir du mouvement, notre système nerveux active des feux de circulation intérieurs. « Votre système nerveux autonome va agir de manière inconsciente et automatique. En fonction du contexte, comme le stress, il enclenche l'une des trois voies : le feu vert, le feu orange ou le feu rouge », raconte Bruce Hoang, directeur communication digitale et data chez Orange France.

Feu vert, feu orange, feu rouge : dans quel état êtes-vous ?

En ce moment même, votre corps a choisi une couleur, mais il pourrait basculer à tout moment, sans que vous en ayez conscience. Comprendre ces états et apprendre à les réguler vous aidera à préserver votre bien-être au travail et à rester performant.

Feu vert : tout va bien !

« Vous êtes collaboratif, actif et créatif. Votre respiration est fluide, votre voix est posée, vos gestes sont calmes. Vous souriez et vous êtes relâché », illustre Sébastien Mary. Par exemple, dans une réunion très importante, vous n'hésitez pas à faire un brin d'humour pour vous présenter, parce que vous vous sentez en sécurité. Mais comment rester dans le périmètre de ce feu vert ? « Le premier conseil, c'est de se connaître soi-même, se détecter et s'écouter. Comment fonctionne votre corps pour pouvoir se mettre en condition ? Quelles sont les préférences motrices qui vous ancrent dans le feu vert ? », questionne Bruce Hoang. Dans le cas de la réunion, deux feux peuvent par exemple être activés : le vert pour créer une ambiance qui pousse à la productivité, et l'orange pour vous rendre performant dans votre prise de parole. Tout est une question de dosage et d'équilibre.

Feu orange : danger détecté !

Vous ratez une deadline, votre bus pour vous rendre au travail, ou vous êtes pointé du doigt au cours de cette fameuse réunion, votre feu orange s'active. Visage tendu, mains crispées, posture défensive… Vous êtes en alerte face à un danger imminent. « Le feu orange n'est pas mauvais en soi. Il vous stimule, vous donne de l'énergie. Nous utilisons d’ailleurs cette montée d'adrénaline et de cortisol au réveil. Un état utile pour réaliser une tâche, à condition de ne pas y rester trop longtemps », prévient Sébastien Mary. Si votre taux hormonal reste élevé alors que vous n'en avez plus besoin, vous risquez le burn-out ou des maladies chroniques. Autrement dit, le feu rouge.

Comment basculer d’un feu à l’autre, et revenir dans le feu vert ? Grâce au mouvement ! « C'est essentiel, encore plus lorsqu'on connait ses postures et ses préférences motrices. Faire des pauses actives, se remettre au travail, pratiquer des techniques de respiration, discuter avec son entourage », clarifie Bruce Hoang, avant de poursuivre. « Nous sommes aujourd'hui en mesure de connaître ce qui convient à chaque profil et c’est une des clés pour aller mieux : vous gagnez du temps, en récupération et en prise de conscience, et vous revenez dans le feu vert, en évitant le feu rouge », clarifie Bruce Hoang.

Feu rouge : STOP, rien ne va plus !

Le feu rouge est avant tout un état de calme et de récupération, utilisé pour s'endormir, à condition d'en sortir le lendemain matin. « Chacun a besoin de cet état rouge pour se replier et se ressourcer, mais vous ne devez pas y rester trop longtemps », explique Bruce Hoang, avant que Sébastien Mary ne complète. « En entreprise, rester trop souvent dans le feu orange mène à l'effondrement. » Votre système autonome se met en pilotage automatique et décide de vous basculer en rouge. Par exemple, lorsque vous avez enchaîné des réunions toute la journée et que votre corps sature. « Il devient lourd, fermé, le regard est fuyant, la voix monotone, dérobe, tout ralentit. Sans compter une fatigue extrême, une perte de motivation ou de mémoire, un évitement social, et effectivement, un burn-out si cela continue. »

Est-ce déjà trop tard ? À en croire Bruce Hoang et Sébastien Mary, non ! « Votre système cherche à revenir au vert, il suffit de l’écouter », recommandent les auteurs du livre Le pouvoir du mouvement, avant de conclure. « C'est peut-être le moment pour vous de prendre une pause, de vous reposer, ou de discuter de vos angoisses. »

Être en feu orange permanent est un facteur de réussite et de méritocratie en entreprise. On pense que plus on travaille, plus on aura de valeur et plus on sera récompensé. Sauf que c'est tout l'inverse pour la santé et pour la performance de la personne ! Aujourd'hui, nous sommes qu'au début de la prise de conscience de ces sujets-là par les entreprises. L'enjeu majeur pour les dirigeants, c'est de comprendre que le stress est un état neurophysiologique et non pas une faiblesse individuelle.

Bruce Hoang, directeur communication digitale et data chez Orange France.