« Les métiers de la data attirent de plus en plus de jeunes femmes »

Bien que la data (ou donnée en français) soit encore relativement méconnue du grand public, elle est pourtant de plus en plus précieuse et incontournable dans le monde de l’informatique et des entreprises. Les métiers liés à son traitement et son analyse sont ainsi en pleine expansion. Inspirée, Esther Lucas a choisi, il y a 20 ans, de se lancer dans une carrière dans la donnée. Elle est aujourd’hui à la tête de la direction stratégie data du groupe In Extenso. Retour sur son parcours et ses fonctions.

Le parcours professionnel d’Esther a commencé comme consultante technique sur des progiciels * puis a évolué vers la data. « J’ai eu la chance de commencer à travailler dans la data au sein des Messageries lyonnaises de presse. Ce domaine m'a plu car il permet d’allier compétences techniques et connaissances fonctionnelles au sein de l’entreprise. J’ai ensuite travaillé dans d’autres secteurs comme les mutuelles puis le soin à la personne », retrace-t-elle.

Un challenge et une offre data à étendre

En septembre 2024, elle a intégré In Extenso, groupe spécialisé notamment dans l’expertise-comptable. « C’était une création de poste et tout était à construire, même si une brique data finance était déjà présente. Ma mission est de valoriser le capital des données et de développer l’utilisation de la data en interne, ainsi qu’à l’externe, c’est-à-dire auprès de nos clients », explique Esther.

Esther Lucas

Directrice stratégie data du groupe In Extenso

Avec son équipe, Esther doit ainsi développer l’offre pour « servir au maximum les intérêts de tous » : « Je suis accompagnée de quatre collaborateurs, qui sont data engineer, data analyst et data architect. Toute la partie réseau et infrastructures est assurée par la DSI (direction des systèmes d’information). On met progressivement en place des solutions évolutives et paramétrables qui permettront de répondre aux besoins métiers. En parallèle, on accompagne les équipes métiers dans la compréhension et l’utilisation de ces solutions », précise-t-elle.

« Des indicateurs fiables pour orienter les choix stratégiques d’une entreprise »

L’activité d’une entreprise et de ses collaborateurs, génère une grande quantité de données. « Il y a, par exemple, les données relatives aux ressources humaines, à la finance et les données propres à chaque entreprise et à son activité, comme les données clients... Il s’agit de valoriser nos données pour offrir de nouveaux services tant internes qu’externes », détaille Esther.

Il est désormais essentiel pour une entreprise, peu importe son secteur, de piloter son activité à partir de la donnée. « La data ne se résume pas à des séries de chiffres ou de statistiques. Elle permet de comprendre des comportements, d’anticiper des tendances et d’améliorer des processus. Pour ce faire, on va la collecter, la structurer, la gouverner et bien entendu la sécuriser, tout en respectant la confidentialité des informations et la conformité au RGPD. En d’autres termes, on va exploiter les données pour en faire un levier de performance et d’innovation. Cela nous aidera à améliorer notre efficacité, à renforcer notre relation avec la clientèle ... », éclaire Esther.

Toutes ses expériences professionnelles ont un socle commun : leur partie technique, indique Esther : « Les outils diffèrent entre les entreprises et évoluent, mais la logique de base est toujours la même. La partie fonctionnelle n’est, en revanche, pas transposable. Il faut s’adapter au discours de chaque entreprise tout comme à la donnée en elle-même. »

« Je n’ai pas ressenti de frein à mes candidatures ou ma progression »

Au départ analyste, Esther a progressivement grimpé les échelons. « J’ai eu des enfants et j’ai choisi de travailler à 80% pendant dix ans. J’ai évolué au fil du temps et ce, plus rapidement quand ils ont grandi. Cela a peut-être aussi été facilité par le fait de changer d’entreprise », raconte-t-elle.

Avec du recul, Esther n’estime pas avoir éprouvé de difficultés liées à son genre, au cours de sa carrière : « Après mes études, je n’ai pas ressenti de frein à mes candidatures ou ma progression ! » soutient-elle.

Chez In Extenso, elle encadre des hommes. « Le service est en construction ! Par le passé, j’avais un bon tiers d’effectifs féminins. Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais la data se féminise un peu plus et attire davantage les femmes que d’autres métiers de l’informatique et ce, en particulier chez les nouvelles générations. Les femmes représentent 24 % des salariés du numérique en France ** », précise Esther.

Son conseil : « Osez ! L’important c’est que cela vous plaise. La data n’est pas un métier d’hommes. Je suis également persuadée que la mixité favorise un meilleur équilibre des équipes.» conclut-elle.

* Un logiciel est qualifié de progiciel lorsqu’il s’agit d’un logiciel applicatif polyvalent, offrant une multitude de fonctionnalités, et constitué d’une collection de programmes personnalisables. Il est conçu pour être utilisé par un public étendu.

** Source : Insee, Emploi, chômage, revenus du travail - Edition 2024