Le télétravail présente des risques pour la carrière des femmes

Si le télétravail s’est développé massivement après la pandémie de Covid-19, sa mise en place et son fonctionnement reste encore imparfait dans les entreprises, notamment du point de vue de la prise en compte de certains risques associés. Un récent rapport du Haut-Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes pointe les conséquences négatives de ce télétravail sur les carrières féminines, compte tenu des inégalités existantes dans la sphère domestique. Selon le HCE, les entreprises doivent être sensibilisées sur le sujet afin d’éviter que les femmes soient réassignées à domicile et que leur travail soit invisibilisé.

L’accès au télétravail plus difficile pour les femmes

Les salariées seraient plus susceptibles de se voir refuser un télétravail alors qu’elles sont souvent plus demandeuses que leurs homologues masculins. En effet, pour les femmes, « le télétravail peut être perçue comme un outil facilitant l’articulation de la sphère familiale et professionnelle » constate la chercheuse en sociologie, Gabrielle Schütz.

Elle a cherché à analyser l’existence de biais genrés sur les critères d’octroi du télétravail dans les entreprises. Et, selon elle, des stéréotypes de genre semblent exister dans certaines organisations. « Ainsi pèse plus souvent sur les femmes, le soupçon que le télétravail leur permettrait de moins travailler pour se consacrer aux activités familiales » souligne l’étude.

Les hommes et les femmes ne télétravaillent pas dans les mêmes conditions.

Aux hommes, le bureau quand les femmes travaillent dans la chambre ou sur la table du salon. Cela vous semble peut-être caricatural mais c’est le résultat d’une étude Coconel menée par l’Ined. Elle révèle que pendant le premier confinement, 39 % des hommes disposaient d’une pièce dédiée au travail contre 25 % de femmes. Ces dernières sont d’ailleurs plus nombreuses à partager leur pièce avec d’autres personnes, 39 % contre 24 % d’hommes. D’où le fait qu’elles soient aussi plus facilement dérangées par leurs enfants lorsqu’ils sont à la maison en même temps qu’elles.

Le télétravail aurait aussi engendré un volume de travail horaire accru pour les salariées. 23% d’entre elles déclarent avoir vu leurs temps de travail augmenter contre 15% des hommes. La porosité entre la vie professionnelle et la vie privée fragilise aussi plus les femmes qui sont plus souvent, interrompues pour la gestion de tâches domestiques et familiales.

Des opportunités de carrière réduites

« Les femmes sont davantage concernées par le mode hybride, tandis que les hommes sont plus nombreux à avoir repris à plein temps en présentiel » note Rachel Silvera, économiste et maîtresse de conférences à l’Université Paris-Nanterre.

Le télétravail entraînant une diminution des temps d’échange informel entre collègues peut se révéler un frein à l’entretien des réseaux professionnels alors qu’ils jouent un rôle important dans les évolutions de carrière.

Selon le rapport du Haut-Conseil à l’égalité, « la culture du présentéisme qui se traduit par le simple fait d’être vu au bureau peut affecter les évaluations de performance et les promotions. Le risque pour les télétravailleuses est que leur travail soit invisibilisé par rapport aux personnes en présentiel. »

Les solutions pour éviter ce déséquilibre hommes/femmes

Le Haut-Conseil à l’égalité émet des recommandations pour limiter les risques d’inégalités hommes/femmes lors de la mise en place du travail à distance. Il propose par exemple d’intégrer le sujet de l’égalité professionnelle dans les accords collectifs sur le télétravail. Le rapport souhaiterait aussi mieux former les managers en charge d’équipe en distanciel en incluant un volet d’égalité professionnelle dans leur formation.

Selon le rapport, l’entreprise doit pouvoir garantir à chaque salarié de pouvoir venir travailler sur site et de bénéficier d’un espace de travail adapté même en cas de mise en place d’une pratique de flex-office. Il invite ainsi les employeurs à développer des tiers-lieux ou des espaces de coworking pour permettre aux salariés de ne pas toujours rester à distance. D’après le HCE, le télétravail à 100% multiplie les risques d’isolement pour les femmes, il recommande donc un mode de travail hybride avec une alternance de présentiel et de distanciel.

Enfin, pour que le télétravail ne devienne pas une solution de garde pour les femmes, le rapport suggère aussi le renforcement des politiques d’entreprise pour soutenir la parentalité.

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