Inflation, récession, pénurie de candidats... Comment (re)négocier son salaire dans le contexte actuel ?
C’est le bon moment pour demander une augmentation de salaire, mais attention à bien préparer vos arguments !

Oualid Hathroubi, directeur au sein du cabinet de recrutement Hays, a accepté de répondre à nos questions pour savoir comment bien négocier son salaire dans le contexte actuel, que vous soyez salarié ou en recherche d’emploi.
Est-ce le moment idéal pour renégocier son salaire ?
Alors que le contexte inflationniste renchérit le coût de la vie, les salaires ne suivent pas encore la même courbe ascendante dans toutes les entreprises. De quoi donner des idées à certains salariés : serait-ce le bon moment pour renégocier son salaire auprès de son employeur ? C’est un grand oui pour Oualid Hathroubi, mais pas forcément en raison de l’inflation.
« Pour les métiers bien rémunérés – grosso modo à plus de 35 000 euros bruts annuels – l’inflation survient à un moment où il y a une pénurie de candidats dans tous les secteurs. De fait, les candidats sont tous en position de force, inflation ou non. Les rémunérations ont déjà augmenté de façon considérable depuis l’après Covid, en moyenne entre 7% et 10% ! Est-ce que l’inflation joue en ce moment ? Peut-être. Mais c’est difficile à dire vu que tous les salaires augmentent depuis deux ans. »
La hausse des prix ne serait donc pas un très bon argument pour demander une revalorisation salariale d’après notre expert en recrutement, qui plaide pour une approche plus centrée sur votre performance que sur le coût de la vie :
« Selon moi, ce n’est pas forcément une bonne idée de mettre en regard son salaire avec son pouvoir d’achat. Dire à son employeur : ‘mon budget essence a augmenté de 100 euros donc je perds 100 euros sur mon salaire si vous ne m’augmentez pas en conséquence’, ce n’est pas la bonne approche. Il faut avant tout parler de soi et de la valeur qu’on créée. Lors d’une discussion avec son manager, il ne faut pas hésiter à dire ‘voilà ce que je pense apporter à l’entreprise, je considère que je peux continuer à apporter mais je pense qu’en revanche, les rémunérations appliquées ici sont visiblement inférieures à celles qui sont pratiquées ailleurs. Donc je considère que je mérite un petit peu plus par rapport à ce que je réalise et à mes performances. »
« Bien entendu, on parle ici de salaires qui sont déjà dans la moyenne haute : 35k, 40k et au-dessus » précise-t-il. « Pour celui qui gagne moins de 2000 euros par mois, un plein d’essence qui augmente de 40% et qui grève de 100 euros ce qu’il gagne tous les mois, là effectivement, peut-être que c’est une approche différente. »
Comment affuter ses arguments pour obtenir une augmentation ?
Comment démontrer sa valeur à son employeur de façon imparable ? Sans surprise, les indicateurs de performance – les fameux KPI’s – ne sont pas à négliger. Mais l’essentiel de la discussion ne doit pas tourner uniquement autour d’un joli Power Point dédié à vos réussites selon Oualid Hathroubi
« Si vous discutez régulièrement de vos performances avec vos managers et directeurs, ne vous inquiétez pas : ils savent très bien votre valeur et les rémunérations qui sont pratiquées sur le marché. »
Attention en revanche à ne pas réclamer une augmentation complètement irréaliste, qui ne correspond pas aux standards de votre métier. Ce serait d’autant plus dommage que dans le contexte actuel, une demande de revalorisation qui reste raisonnable a toutes les chances d’être acceptée : « Parfois, il y a des salariés qui sont là depuis dix ans et qui sont payés à un niveau largement inférieur au marché. Les managers savent que s’ils doivent les remplacer, ils vont devoir payer les nouveaux salariés 10% à 15% de plus minimum. Dans ce type de cas, ne pas hésiter à solliciter une discussion en signalant que selon nous, notre salaire est en inadéquation par rapport à notre mérite et les pratiques salariales sur le marché. Ensuite, la discussion est assez simple. En ce moment, les entreprises ne peuvent pas se permettre de perdre des gens ! »
Tous les voyants sont donc au vert, vous n’avez plus qu’à oser vous exprimer : « Il n’y a rien de tabou et aucun DRH ne va vous jeter dehors si vous venez pour avoir une discussion constructive. »
De là à rentrer dans un rapport de force si votre employeur fait la sourde oreille ? Attention à ne pas tout confondre rappelle notre expert : « Soit vous êtes payé en dessous du marché, et dans ce cas-là vous pouvez tenter de menacer de partir ailleurs si vous pensez que ça vaut le coup - et vous préparer à vraiment partir si ça n’aboutit pas. Sinon, je déconseille toujours le rapport de force. Un directeur peut toujours craquer et vous augmenter à la suite de votre demande mais s’il se sent forcé, si vous lui tordez le bras… derrière, votre considération et votre évolution au sein de l’entreprise risquent d’en pâtir. Vous le paierez à un moment ou un autre. Mieux vaut rester dans la discussion avec l’employeur : ‘je sais ce que je vaux, je sais ce que tu es capable de me donner, discutons.’ C’est gagnant-gagnant. Le clash ne rapporte rien de bon à long terme. »
Et quand on est en recherche d’emploi ?
Toujours bien se renseigner précise Oualid Hathroubi : « Il existe plein d’outils sur internet - ou vous pouvez contacter des cabinets de recrutement spécialisés - pour connaître votre valeur à quelques milliers d’euros près. »
Là aussi, veillez à ne pas vous enflammer en demandant des sommes exorbitantes. Certes, le contexte de pénurie de candidats peut vous amener à obtenir un meilleur salaire que celui pratiqué en temps normal. Mais l’entreprise ne pourra pas suivre si vous exigez 10 000 euros de plus : « L’entreprise aussi est informée et conseillée. Elle a des grilles de salaire. Elle va suivre une certaine logique mais elle ne peut pas augmenter tout le monde de façon absurde, sinon elle met la clé sous la porte. Le plus important est de déterminer votre rémunération idéale avant d’arriver en entretien : combien vous voulez dans l’idéal et en dessous de combien vous êtes certain de refuser le poste. »
Le pire à faire ? Augmenter vos prétentions salariales pendant le processus de recrutement. Votre crédibilité risque d’en prendre un coup et vous aurez peu de chances d’être recruté in fine. Enfin, n’oubliez pas lorsque vous recherchez un emploi que la rémunération n’est pas l’alpha et l’omega de votre vie professionnelle :
« Réfléchissez bien à ce que vous souhaitez réellement : quelques milliers d’euros de plus ou intégrer une entreprise qui vous plait ? Où la qualité de vie au travail est confortable, où l’organisation du travail vous convient, etc. Une fois que vous avez été embauché, si vous êtes bon dans ce que vous faites, on voudra vous garder et l’employeur sera prêt à payer pour ça. L’herbe est toujours plus verte ailleurs… mais c’est difficile de tout avoir du premier coup. La rémunération fait partie d’un package global, d’un confort de vie. Gagner quelques milliers d’euros de plus mais travailler à 100% en présentiel à 1h30 de chez soi… Ce n’est finalement pas si rentable financièrement et le confort de vie ne sera pas au rendez-vous. »
Crédits photo : only_kim/stock.adobe.com
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