Lilie, monitrice-éducatrice : « L’alternance est la meilleure manière d’apprendre ce métier »

Pour Lilie, travailler avec des personnes en situation de handicap représente plus qu’un simple emploi : c’est un véritable engagement et un métier qu’elle n’a pas choisi par hasard. Elle nous explique pourquoi.

Après l'obtention d’un BTS en diététique, Lilie a effectué un service civique à la Banque Alimentaire de l’Ain, pour lequel elle accompagnait une salariée en situation de handicap dans son travail. En parallèle, elle réalisait des remplacements au Foyer d’hébergement (FH) et Service d’accompagnement de jour (SAJ) de Domagne. À la fin de son service civique, Lilie a poursuivi les remplacements dans cet établissement de l’Adapei de l’Ain. En 2022, elle est ensuite entrée en formation de moniteur-éducateur, en alternance, entre l’ADEA de Bourg-en-Bresse et le foyer de Domagne.

« L’objectif était de s’imprégner du terrain »

Pendant deux ans, Lilie s’est familiarisée avec son métier au contact de l’équipe du foyer, qui compte 15 salariés (éducateurs, psychologue et infirmière). « Le rythme d’alternance était assez soutenu : environ deux semaines de formation théorique suivies de deux semaines de pratique. Contrairement à mes remplacements, où je passais d’un groupe de vie à l’autre, j’ai demandé à être affiliée à un seul groupe pour toute la durée de mon alternance. Cela me permettait de renforcer mes liens avec les résidents et d’obtenir un suivi plus régulier pour mes écrits », explique-t-elle.

Au cours de sa première année, Lilie a consacré la majeure partie de son temps à observer et à analyser les situations plutôt qu’à rédiger des rapports ou à présenter des exposés. « L’objectif était de s’imprégner du terrain. La deuxième année, en revanche, s’est avérée plus intense ! On avait beaucoup d’écrits et d’oraux à réaliser, en parallèle du travail », souligne-t-elle.

« J’ai gagné en maturité et en professionnalisme »

L’alternance a permis à Lilie d’acquérir davantage de connaissances : « On peut travailler grâce au bon sens, mais il faut quand même apprendre un certain nombre de choses avant d’accompagner des personnes en difficulté », pointe-t-elle. Cette dernière estime également s’être enhardie sur le terrain. « Je n’étais pas systématiquement accompagnée par un autre éducateur auprès des résidents, donc j’ai dû prendre confiance en moi. En assumant davantage de responsabilités, je gagnais en maturité et en professionnalisme. Dans l’ensemble, j’ai trouvé cette expérience géniale ! » ajoute-t-elle.

Ces deux années passées sur le terrain ont renforcé sa décision. « J’ai réalisé que c’était ce que je voulais faire. Selon moi, c’est la meilleure manière d’apprendre ce métier », souligne Lilie.

« Nos missions sont ancrées dans le quotidien des résidents »

Effectivement, le métier de moniteur-éducateur se pratique avant tout sur le terrain. « Nos missions sont ancrées dans le quotidien des résidents, dans l’accompagnement éducatif et aux soins. Un éducateur spécialisé, même s’il est sur le terrain, aura davantage un rôle de coordination et des missions administratives. Au foyer de Domagne, nos missions sont assez similaires mais cela varie en fonction des établissements », éclaire Lilie.

Le foyer accueille 53 résidents âgés de 21 à 75 ans, dont 12 dans l’unité de vie sur laquelle se concentrent les tâches de Lilie. « Ce sont des personnes présentant un handicap mental pour la plupart. Quelques personnes sont atteintes de handicap physique ou de troubles du comportement. Nous avons des travailleurs comme des personnes à la retraite », indique-t-elle.

Lilie s’épanouit particulièrement lorsqu’elle travaille avec des adultes. « Au départ, ce n’était pas vraiment un choix, mais finalement, cela me convient parfaitement. Au cours de stages, notamment à l’Itep (Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique) d’Ambronay, j’ai déjà travaillé avec des enfants, mais j’ai réalisé que ce n’était pas ce que je désirais pour le moment. C’est vraiment différent du travail avec des adultes », ajoute-t-elle.

« J’apprécie soutenir les personnes dans les défis qu’elles rencontrent »

Depuis juin, Lilie a officiellement intégré l’équipe du foyer en tant que salariée à temps plein. « Durant ma deuxième année d’apprentissage, ma cheffe de service a commencé à aborder le sujet. J’hésitais encore entre rester ici ou explorer d’autres options. Finalement, je suis revenue vers elle en disant que j’étais prête à signer, si l’offre était toujours d’actualité », raconte-t-elle. Et elle l’était ! Après son entretien de fin d’alternance, Lilie a immédiatement commencé son contrat en CDI.

Ce qui l'anime au quotidien ? « J’apprécie particulièrement l’idée de travailler avec des personnes et de les soutenir dans les défis qu’elles rencontrent. J’aime aussi me sentir utile et aider les autres. Bien que tout ne fonctionne pas toujours mais on essaye tout ce qu’on peut d’un point de vue éducatif. Nous discutons en équipe de toutes les questions, même lorsque tout va bien », répond-t-elle.

Selon Lilie, ce n’est pas un hasard si quelqu’un choisit d’être moniteur-éducateur. « Travailler dans un foyer pour adultes handicapés est, en quelque sorte, une vocation. Aussi, quand on entre dans un parcours d’apprentissage, il faut savoir que c’est un engagement. Il est donc important de s’y tenir », commente-t-elle.

« Je souhaite faire mon expérience sur le terrain »

Tout comme ses collègues, Lilie bénéficiera d’une formation continue tout au long de sa carrière professionnelle. « Cet été, j’ai fait des vœux pour ma formation en me servant du catalogue fourni par l’Adapei. Je vais apprendre beaucoup de choses dans les prochains mois. Je suis actuellement formée en matière de vie intime, affective et sexuelle, et je suis référente de ce projet. En dehors de ces formations obligatoires, la lecture d’ouvrages peut aussi enrichir notre pratique professionnelle », souligne-t-elle.

La suite pour Lilie ? « C’était un choix de devenir monitrice-éducatrice et non pas éducatrice spécialisée ! Je ne rejette pas complètement l’idée de devenir éducatrice spécialisée mais pour le moment, c’est la manière dont je souhaite faire mon expérience, sur le terrain », conclut-elle.