« Le jobsharing accroit la productivité, tout en apportant un meilleur équilibre vie pro vie perso »

Connaissez-vous le jobsharing ? Ce concept apparu aux États-Unis dans les années 1970 se traduit littéralement par « partage d’emploi ». Il désigne une organisation du travail où deux personnes se partagent un poste et ses responsabilités. Il se différencie d’un simple temps partiel ou d’un binôme de travail par le fait que les deux collaborateurs ne forment qu’un. « De notre côté, nous n’avons qu’une seule adresse mail et répondons d’une seule voix à nos clients internes », précise Magali Bernard, RRH chez AVEM. Cette dernière partage son poste avec Léna Basile.

Les deux jeunes femmes se sont rencontrées lors d’un évènement de networking. En tant que consultantes RH indépendantes, elles partageaient la même vision innovante des ressources humaines. « Nous avions des parcours similaires du salariat à l’entrepreneuriat, mais aussi les mêmes idéaux pour notre vie professionnelle », explique Magali.

« Notre performance passe aussi par la capacité à offrir aux collaborateurs un véritable équilibre vie professionnelle – vie personnelle »

Au même moment, AVEM cherchait à renforcer sa performance collective, avec une conviction  : « Notre performance passe aussi par la capacité à offrir aux collaborateurs un véritable équilibre vie professionnelle – vie personnelle, au cœur de notre démarche RSE », rappelle Aurélie Pugeat, directrice du Développement humain d’AVEM.

Dans cette recherche de nouvelles formes d’organisation, Aurélie découvre le jobsharing lors d’une conférence donnée par Léna Basile. Ce modèle retient immédiatement son attention : il permet aux collaborateurs de mener à bien un projet de vie — parentalité, engagement artistique, formation ou autre — tout en conservant toute leur place dans l’entreprise. Pour ouvrir la réflexion en interne, elle invite Léna à témoigner de son expérience, un échange qui suscite rapidement l’adhésion.

Aurélie Pugeat

Directrice du Développement humain

Aurélie met en lumière les bénéfices du jobsharing auprès de sa direction :

• un levier RSE concret, en garantissant un équilibre de vie soutenable ;
• une contribution directe à la performance collective, grâce à la complémentarité de deux profils et à une prise de décision enrichie ;
• une organisation plus résiliente, capable d’absorber les aléas sans perte de continuité ;
• une diminution des risques psychosociaux, par une répartition plus harmonieuse des responsabilités.

Vérifier la compatibilité professionnelle

Convaincue par cette approche, la direction donne son accord. Aurélie lance alors la première expérimentation en publiant une offre classique, mais ouverte au jobsharing : un CDD de six mois.

Léna et Magali, qui avaient eu entre-temps le temps de jauger leur compatibilité professionnelle, décident d’y postuler : « Nous avons envoyé une candidature commune, avec un seul co-CV et co-lettre de motivation », explique Léna. Très vite, les deux jeunes femmes sont rappelées par Aurélie qui les reçoit en entretien : « Là encore, nous avons préparé et réalisé l’exercice à deux », explique Léna.

En amont, Léna et Magali avaient passé des tests (via Trimoji) aussi pour évaluer leur complémentarité. « C'était important de savoir si notre duo fonctionnerait au quotidien dans le travail, au-delà du feeling ». Et c’est ce qui s’est passé.

Des rôles « interchangeables »

Désormais, leur organisation est bien rodée : Léna est présente le lundi, mardi, jeudi et le vendredi matin. Quant à Magali, elle travaille le mercredi et vendredi. « Il est important d’avoir des zones de recouvrement, pour la passation d’information entre nous et avec notre manager », appuie Magali.

Le reste du temps, les deux jeunes femmes sont interchangeables : « Le principe du jobsharing n’est pas de se répartir les tâches, les périmètres ou les responsabilités. Au contraire : nous suivons l’ensemble des projets et des missions à deux, afin d’assurer une continuité de l’activité », indique Léna.

Pour rendre compte à leur binôme de toutes leurs actions, les deux jeunes femmes disposent d’outils communs : une signature commune « MagaLéna », une adresse mail, un calendrier et un document OneNote partagés. « Nous avons été accompagnées par Florence (prestataire extérieure à l’entreprise) dans la structuration et la mise en place de cette organisation, à la fois au niveau de notre binôme mais également avec Aurélie, notre manager », précise Léna.

Solidarité, confiance et rigueur : les socles du jobsharing

Cette organisation atypique implique une grande confiance en l’autre, ainsi qu’une forte solidarité : « Si jamais il y a un loupé, il faut soutenir l’autre et ne pas se renvoyer la balle », assure Magali. De la même manière, un profil à l’égo trop poussé ne sera pas compatible avec du jobsharing : « Il ne faut surtout pas être de nature à vouloir prendre l'ascendant ou à se mettre en avant, car on travaille sur pied d'égalité. »

Le duo doit faire preuve de rigueur dans le partage d’information, car cela garantit la continuité, la cohérence et la qualité des décisions. « Il est également important que les profils fassent preuve de flexibilité car c’est ce qui transforme la dualité en véritable force opérationnelle pour répondre aux attentes de leurs clients », note Aurélie Pugeat. Enfin, le binôme doit partager un socle de valeurs communes et la même vision du métier, même si compétences peuvent différer légèrement.

Quels avantages ?

Si Magali et Léna ont des expériences similaires, elles possèdent chacune leur propre casquette : Léna bénéficie d’une solide expérience sur des postes de vision stratégique, tandis que Magali est très à l’aise dans les problématiques opérationnelles. Ces compétences singulières enrichissent le binôme, et plus largement l’ensemble du collectif. « On confronte nos avis, on se nourrit des expériences, de la vision et du fonctionnement de l’autre. Ce qui nous permet d’être plus efficace et de prendre des décisions plus objectives et moins biaisées », assure Léna. Aurélie estime elle aussi que cette complémentarité – lorsqu’elle est bien maîtrisée – est « gage d’efficience ».

Mais la performance est loin d’être le seul avantage du jobsharing. « Il favorise aussi un meilleur équilibre vie pro vie perso », explique Aurélie. Magali et Léna, ont fait le choix de ce fonctionnement pour « retrouver une vie d’équipe et des sujets stimulants » tout en conservant, en parallèle, leur activité de freelances. « Mais d’autres peuvent être attirés par le jobsharing pour des raisons différentes : le besoin de s’occuper d’enfants, de proches aidants ou même l’envie de lever le pied en fin de carrière par exemple », éclaire Léna.

« Allier le meilleur des deux mondes »

En définitive, le jobsharing ouvre pour AVEM une voie qui concilie pleinement ambition sociale et ambition de performance. En permettant à chaque collaborateur d’articuler engagement professionnel et projet de vie, l’entreprise donne corps à ses engagements RSE tout en renforçant sa capacité collective à décider, à s’adapter et à innover.

« Convaincus par le modèle, nous déployons aujourd’hui un second binôme. Plus qu’un dispositif, c’est une manière d’incarner notre vision : celle d’une organisation qui investit dans l’humain pour atteindre une haute performance durable », conclut Aurélie Pugeat.