L’IA ne volera pas (encore) votre emploi… mais pourrait empêcher vos enfants d’en trouver un

Et si l’IA ne détruisait pas votre emploi, mais empêchait les plus jeunes d’en décrocher un ? Selon des chercheurs de Stanford, l’intelligence artificielle ne provoque pas encore de raz-de-marée sur le marché de l’emploi mais semble initier une fracture générationnelle. Le signe annonciateur d’un mouvement plus vaste ?

Pourquoi les emplois des plus jeunes sont-ils les plus impactés par l’IA ?

L’IA est partout… Difficile de ne pas en avoir entendu parler ces derniers mois. L’intelligence artificielle serait même la plus grande disruption technologique depuis Internet. Et, cerise sur le gâteau, l'IA pourrait menacer votre emploi.

Vous ne voyez rien venir pour l’instant ? Ce serait tout à fait normal selon une récente étude de trois chercheurs de l’université américaine de Stanford. Erik Brynjolfsson, Bharat Chandar et Ruyu Chen comparent ainsi l’effet de l’IA sur l’emploi au canari dans la mine : à l’image du volatile censé prévenir les coups de grisou – s’il mourait ou se taisait, le danger était imminent – on ne perçoit pour l’instant que quelques signaux précoces. Mais ceux-ci pourraient annoncer un changement bien plus massif à venir.

Ainsi, parmi les 46% des salariés américains utilisant déjà des outils d’IA au travail, peu risquent d’être licenciés dans les mois qui viennent. En revanche, les jeunes travailleurs de moins de 25 ans voient les opportunités chuter fortement dans les métiers les plus exposés à l’impact de l’IA, comme le développement web ou le service client. Déjà -13% d’emploi pour les 22-25 ans. A l’inverse, les travailleurs les plus expérimentés bénéficient d’une croissance continue de l’emploi dans ces mêmes secteurs.

Cet impact différencié de l’IA sur le marché de l’emploi en fonction de l’âge n’est pas anodin. Cela signifie que l’intelligence artificielle remplace en premier lieu les connaissances théoriques, le domaine favori des débutants. Les connaissances tacites, celles qu’on accumule avec l’expérience, sont au contraire bien plus difficiles à automatiser…

Des secteurs épargnés… et même renforcés

L’IA a donc plus tendance à exclure les jeunes du marché de l’emploi. Bonne nouvelle toutefois : les salaires ne sont pas impactés et les jeunes qui parviennent à décrocher un emploi dans les secteurs les plus exposés à l’automatisation ne subissent pas de dévaluation de leur rémunération.

En outre, certains secteurs moins exposés comme les métiers du soin connaissant une progression continue de l’emploi, toutes générations confondues. Quant aux domaines où l’IA agit comme assistant et augmente les capacités humaines (direction, IT, stratégie), elle favorise l’emploi, même pour les débutants.

En clair, les grands perdants sont les salariés juniors exerçant dans les métiers les plus exposés à l’IA ; les canaris du marché de l’emploi mondial. Preuve, une nouvelle fois, que l’adaptabilité et la capacité à faire évoluer ses compétences restent les meilleurs leviers d’employabilité pour toutes les générations.