4-5 ans au même poste ? La durée idéale selon les salariés français (mais la Gen Z n'est pas d'accord)

Selon notre récente enquête, la majorité des actifs vise 4 à 5 ans. Mais cette vision est loin de faire l'unanimité chez les moins de 30 ans, qui privilégient des trajectoires plus courtes et plus variées.

Une norme qui ne fait plus consensus

Longtemps, la fidélité à un employeur était perçue comme une vertu. Rester dix, vingt, parfois trente ans dans la même entreprise témoignait d'un engagement exemplaire. Mais cette époque semble révolue : selon notre dernière enquête, les actifs estiment désormais que la durée idéale à un même poste se situe autour de 4 à 5 ans.

Un consensus apparent qui masque toutefois de frappantes différences générationnelles. Car si un tiers des sondés (33 %) se projette sur 5 à 10 ans, la génération Z a une toute autre vision : 35 % des moins de 30 ans ne s'imaginent pas rester plus de deux ans au même poste, contre 18 % seulement tous âges confondus. À l'inverse, seuls 24 % des jeunes envisagent de dépasser les cinq ans, contre 52 % de l'ensemble des répondants.

Les chiffres de l'ancienneté en France

Ces aspirations trouvent un écho dans les chiffres de l'Insee. En 2023, près de 40 % des salariés français occupaient leur emploi depuis 10 ans ou plus. À l'opposé, 16,9 % étaient en poste depuis moins d'un an. L'ancienneté reste donc une réalité pour une part significative des actifs, mais elle varie considérablement selon l'âge. Et c'est plutôt logique : 66,5 % des salariés de 50 ans ou plus sont en poste depuis au moins dix ans, contre seulement 33 % des 25-49 ans.

Plus révélateur encore : la fragilité des premiers mois. Selon la Dares, 36,1 % des CDI sont rompus avant leur premier anniversaire. Le premier motif de rupture ? La démission, qui concerne 16,1 % des contrats signés. Chez les 15-24 ans, la probabilité de départ avant un an grimpe à 45,6 %, assez largement au-dessus des autres tranches d'âge (moins de 35 %).

Génération Z : vraiment plus volage ?

Ces chiffres alimentent un débat récurrent : les jeunes sont-ils devenus incapables de s'engager ? Comme souvent, la réalité est plus nuancée qu'il n'y paraît.

D'un côté, les données sont frappantes. Selon une étude mondiale de Randstad publiée en 2025, la durée moyenne en poste de la Gen Z dans les cinq premières années de carrière n'est que de 1,1 an, contre 2,8 ans pour la génération X. Parmi eux, 52 % recherchent activement un nouveau poste et seuls 11 % envisagent de rester durablement chez leur employeur actuel.

De l'autre, des chercheurs appellent à relativiser ce mythe du job hopping. Une étude du National Institute on Retirement Security (NIRS) montre que l'ancienneté médiane des 25-34 ans en 2024 est de 2,7 ans, quasiment identique à celle des baby-boomers au même âge en 1983. Selon les auteurs, ce sont les conditions économiques, bien plus que l'âge ou le comportement des générations, qui déterminent le turnover. Autrement dit : les jeunes ont toujours davantage bougé en début de carrière.

Si cette mobilité des plus jeunes bouscule les repères, faut-il s'en inquiéter ? Pas nécessairement. Ce que révèle notre enquête, comme les études récentes, c'est que la durée idéale n'existe pas en soi. Elle dépend du secteur, du poste et surtout, des aspirations de chacun. Rester trois ans pour cocher une case sur un CV n'a pas vraiment de sens si l'on n'y trouve vraiment plus rien à construire. Partir au bout de dix-huit mois peut être un choix parfaitement stratégique, à condition de savoir l'expliquer à un recruteur.