Démission silencieuse : tout savoir sur le phénomène du quiet quitting
Décryptage d’un désengagement discret qui questionne et redéfinit notre rapport au travail.

Depuis plusieurs années, la démission silencieuse, ou quiet quitting gagne du terrain dans les entreprises de l’hexagone. Et pour cause, 37 % des salariés français considèrent qu’ils font partie des quiet quitters (enquête Ifop et Makers). Comptant de plus en plus d’adeptes chez les travailleurs, ce phénomène ne cesse d’inquiéter les employeurs. Mais en quoi consiste cette démission silencieuse ? Comment reconnaître le quiet quitting ? Quelles sont ses conséquences pour les entreprises ? Comment prévenir ce phénomène ?
Le quiet quitting, de quoi parle-t-on ? : définition et origines
Le quiet quitting est un terme qui nous vient des États-Unis, et qui se traduit en français par « démission silencieuse ». Il désigne une tendance qui consiste pour les salariés à ne plus s’investir au-delà des missions définies par leur fiche de poste. Ainsi, les travailleurs se limitent au strict minimum, dans l’optique de ne plus accepter de charge de travail excessive, et de refuser de céder à la pression et au stress induits par le rythme de travail moderne.
Contrairement à la grande démission qui avait secoué les États-Unis en 2020 à la suite de la pandémie mondiale de Covid, les adeptes de la démission silencieuse n’envisagent pas de rompre leur contrat de travail. Ils souhaitent néanmoins ralentir leur cadence de travail, parfois extrême, et donc néfaste pour leur santé physique et mentale.
C’est en 2021 que le quiet quitting fait son apparition en Chine. On le découvre sur le réseau social TikTok, à travers le hashtag #tangping, qui signifie « rester allongé ». Ses partisans appellent les travailleurs chinois à s’opposer aux injonctions en matière de productivité, et à « ne plus se donner corps et âme au travail ». Le mouvement sera rapidement censuré par les autorités chinoises.
Il renaîtra de ses cendres aux États-Unis en 2022. Toujours sur TikTok, un new-yorkais encourage les salariés à cesser de se surinvestir au travail. Il y dévoile sa méthode : faire le strict minimum afin de lutter contre la « culture du burn-out ». Cette vidéo se répand comme une traînée de poudre ! Ainsi né le hashtag #quietquitting, qui prône le désengagement professionnel en faveur d’un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle.
Qu’est-ce qui pousse les salariés à la démission silencieuse ?
La démission silencieuse est le fruit d’une quête de sens, mais aussi d’une remise en question profonde du modèle capitaliste et de la place centrale que le travail occupe dans nos vies. Les démissionnaires silencieux regrettent souvent que l’activité professionnelle puisse éclipser très largement les autres activités du quotidien. Depuis l’épidémie de Covid 19, on assiste à ce besoin de revenir à l’essentiel. Les individus aspirent à un meilleur équilibre de vie, et souhaitent avoir plus de temps pour eux. Dorénavant, travailler doit être un moyen, et non plus une fin en soi !
D’autre part, les adeptes du quite quitting rejettent massivement l’injonction à la performance qui repose sur un perpétuel dépassement de soi et de ses limites. Parmi eux, des salariés ont fait l’expérience de l’épuisement professionnel, au détriment de leur santé et de leur bien-être. La démission silencieuse s’impose alors comme un acte de résistance passive contre la culture de la surperformance, du productivisme morbide et de la déshumanisation au travail.
D’autres facteurs, seuls ou cumulés, peuvent expliquer le désengagement professionnel par la démission silencieuse :
- la volonté de préserver sa santé physique et mentale
- le manque de reconnaissance au travail
- l’absence d’intérêt et de motivation pour les missions confiées
- la présence d’un conflit éthique ou d’une non-adhésion aux valeurs de l’entreprise
- une rémunération peu attractive
- l’absence de perspectives d’évolution
Savoir reconnaître les signes d’une démission silencieuse
Le choix des salariés d’adhérer à la démission silencieuse peut parfois traduire un certain mal-être. En ce sens, il demeure essentiel pour les managers de savoir identifier les signes caractéristiques de la démission silencieuse. Cela peut permettre d’engager le dialogue afin de trouver des solutions adaptées aux problématiques des collaborateurs.
Voici une liste non exhaustive des signes qui peuvent être révélateurs du quiet quitting :
- s’en tenir aux horaires de travail obligatoires
- décliner les heures supplémentaires
- refuser des missions ou des responsabilités qui ne sont pas définies par le contrat de travail et la fiche de poste
- faire strictement valoir son droit à la déconnexion
- ne plus apporter son aide aux collègues
- refléter un manque de motivation flagrant ou un changement d’attitude
- être fatigué, notamment suite à une période de travail intense
- ne pas se joindre aux événements informels de l’entreprise pendant ou en dehors des heures de travail (déjeuners à l’extérieur, afterwork, séminaires…)
- être à l’origine de tensions au sein de l’équipe de travail. Certains collègues peuvent ne pas comprendre ce manque d’investissement et le vivre comme une injustice. Certains n’acceptent pas de voir leur charge de travail augmenter en conséquence.
Attention toutefois. Tant qu’un salarié accomplit les missions pour lesquelles il perçoit une rémunération, et qu’il fournit un travail de qualité, l’employeur n’a aucune raison légitime de lui reprocher un manque d’investissement.
Quelles sont les conséquences d’une démission silencieuse pour l’entreprise ?
Les entreprises qui comptent essentiellement sur le surinvestissement de leurs salariés risquent fort d’en pâtir ! Pour cause, la démission silencieuse peut entraîner une réaction en chaîne :
- une baisse de la productivité : le manque d’initiative et d’investissement en raison du désengagement des salariés entraîne inéluctablement une baisse de la productivité
- une nécessité de recruter de nouveaux collaborateurs : pour palier le travail ou les heures supplémentaires que les salariés ont cessé de faire
- un risque de turn-over plus élevé : le démissionnaire silencieux peut, à tout moment, quitter l’entreprise pour rejoindre un employeur qui propose des conditions de travail en accord avec ses attentes
- une détérioration de l’ambiance de travail : décalage et incompréhension avec les collègues et le manager
- une dégradation de la marque employeur : il y a peu de chance pour qu’un collaborateur en quiet quitting recommande l’entreprise pour laquelle il travaille. Il est cependant possible qu’il n’en dise pas que du bien !
Comment prévenir le quiet quitting ? - 3 conseils efficaces
Déployer ou améliorer sa politique de qualité de vie et conditions de travail (QVCT)
Puisque la démission silencieuse traduit avant tout un besoin d’équilibre personnel, et une quête de sens au travail, soigner la qualité de vie et les conditions de travail est une priorité absolue ! Pour ce faire, soumettre un questionnaire QVCT aux salariés peut faciliter l’identification de leurs besoins et de leurs attentes en la matière.
À l’issue, et en fonction des résultats de cette enquête, il sera possible de mettre en place des actions concrètes comme :
- proposer des horaires de travail flexibles
- adopter la semaine de 4 jours
- instaurer le travail hybride (alternance entre présentiel et télétravail)
- proposer une politique de rémunération attractive
- veiller à assurer l’égalité professionnelle pour tous (parents, égalité femme/hommes, inclusion de personnes en situation de handicap…)
- revoir la répartition de la charge de travail
- proposer des missions stimulantes et challengeantes
- proposer une action de formation
- instaurer un programme de montée en compétences pour reconnaître l’engagement des salariés
- solliciter régulièrement le feedback des salariés…
Organiser des points réguliers avec l’équipe de travail
Organiser régulièrement des points d’équipe est indispensable afin d’instaurer un climat de confiance entre les employés et le manager. Pour cause, selon une étude récente d’Opinion Way pour Tellent, 34 % des employés envisagent de quitter leur entreprise à cause de mauvaises relations avec leur manager. Celles-ci pourraient également expliquer certaines démissions silencieuses.
Ainsi, les réunions collectives permettent au chef d’équipe de prendre la température en matière de bien-être, de satisfaction et d’engagement. Si nécessaire, il peut adapter la charge et les conditions de travail, repréciser les objectifs et se tenir disposé à répondre aux besoins individuels des membres de l’équipe. Il s’agit d’une occasion idéale pour déceler les prémices d’une éventuelle démission silencieuse.
Soigner le parcours d’intégration et fidéliser les salariés
La qualité du parcours d’intégration contribue considérablement à l’engagement ainsi qu’à la fidélisation des salariés. C’est ce que révélait une étude de Brandon Hall Group en 2022, selon laquelle un bon processus d’onboarding peut augmenter la rétention des employés de 82 %. Ainsi, certaines bonnes pratiques simples peuvent faire toute la différence :
- envoyer un mail de bienvenue au salarié avant son arrivée avec toutes les informations pratiques (horaires de la première journée, accès au site, parking, solution de restauration…)
- nommer un tuteur pour accompagner la nouvelle recrue durant son intégration
- informer en amont les collègues de l’arrivée du salarié
- préparer son environnement de travail et son matériel professionnel
- organiser le planning de la première journée et des premières semaines
- programmer un déjeuner d’accueil…
- X
Sur la même thématique
Préparez-vous à
décrocher votre job !
155 000
CV lus en moyenne chaque jour, soyez le prochain à être vu !
soyez visible auprès des recruteurs
928 734
offres en ce moment, on vous envoie celles qui collent ?
soyez alerté rapidement
Toutes les offres d’emploi
- Paris
- Lyon
- Toulouse
- Nantes
- Marseille
- Bordeaux
- Strasbourg
- Rennes
- Lille
- Nice
- Montpellier
- Aix-en-Provence
- Reims
- Dijon
- Angers
- Grenoble
- Annecy
- Tours
- Caen
- Metz
- Accueil
- Média de l'emploi
- Être bien au travail
- Démission silencieuse : tout savoir sur le phénomène du quiet quitting
{{title}}
{{message}}
{{linkLabel}}