5 choses à savoir si vous avez un problème de santé au travail

Vous avez l’impression d’être surchargé et cela nuit à votre santé ? Vous ressentez des douleurs spécifiques liées à votre activité professionnelle ? Emmanuelle Cadic-Gautier, médecin du travail à l’AST 35, service de prévention et de santé au travail d’Ille-et-Vilaine (Bretagne) vous explique comment elle peut venir en aide aux salariés qui ne se sentent plus bien dans leur travail.

Vous pouvez consulter un médecin du travail à tout moment

N’attendez pas forcément votre visite obligatoire (en moyenne, tous les 5 ans) si vous avez des questions spécifiques à poser en matière de santé au travail. Vous pouvez prendre rendez-vous avec votre service de médecine du travail tout au long de l’année, si vous en éprouvez le besoin. Les motifs peuvent être variés : problèmes de santé mental, surmenage ou même harcèlement moral ou sexuel. « Il est aussi possible de solliciter votre médecin du travail si vous êtes en arrêt sans que votre employeur ne soit au courant », conseille la médecin.

Vous n’avez pas le droit de refuser une visite médicale

« C’est un devoir que vous avez vis-à-vis de votre employeur quand il vous demande de la faire. Si vous ne venez pas, en dehors d’un imprévu ou d’un problème de santé, il faut que vous préveniez votre employeur car ça peut être considéré comme une faute »

Vous pouvez parler d’une situation de mal-être à votre médecin du travail sans que votre employeur ne le sache

Comme tout professionnel de santé, un médecin du travail est soumis au secret médical. Il n’a donc pas le droit de divulguer des informations sur votre état de santé à votre employeur ou à vos collègues. Vous pouvez donc confier sans craintes, une pathologie dont vous souffrez ou un antécédent médical douloureux sans craindre que d’autres personnes soient au courant.

Vous pouvez demander à passer un examen médical

« Lors d’une visite médicale, on ne fait pas spécifiquement de soins comme quand vous allez chez un spécialiste ou un généraliste. En tant que médecin du travail, on va plutôt évaluer votre état de santé, récupérer des informations auprès d’autres docteurs et avec toutes ces données, on peut adapter le poste de travail du salarié », explique Emmanuelle Cadic-Gautier. Des tests d’audition ou de vision peuvent par exemple être réalisés en fonction de l’activité que vous exercez.

Un médecin peut préconiser des mesures à votre employeur

Si lors de votre visite, vous invoquez des problèmes avec les horaires ou vos tâches au quotidien qui impactent directement votre santé, le médecin peut préconiser à votre employeur, en concertation avec lui, des adaptations sur votre poste ou vos conditions de travail. « L’idée c’est que le salarié puisse être sur son poste de travail le plus longtemps possible en bonne santé, confie la médecin du travail, nous pouvons aussi également préconiser des formations, des reconversions qui peuvent être au sein de l’entreprise quand il arrive des accidents de la vie et des arrêts longs. » C’est également le rôle du médecin du travail de déclarer une inaptitude pour un salarié. Il revient ensuite à l’employeur de trouver une solution pour vous reclasser au sein de l’entreprise, sauf si votre état de santé vous rend inapte à toute activité professionnelle.

L'avis de l'experte : que faire si votre employeur ignore les préconisations du médecin du travail ?

Le suivi de santé au travail est un droit pour le salarié et un devoir pour l’employeur. Si l’employeur ne prend pas l’initiative d’organiser une visite, le salarié peut directement contacter le service de santé au travail ou le médecin du travail dont il dépend pour prendre rendez-vous. C’est ce qu’on appelle une "visite à la demande du salarié". Cette démarche est personnelle et confidentielle : l’employeur n’a pas à être informé de cette visite si le salarié ne le souhaite pas, et les échanges avec le médecin sont couverts par le secret médical. En revanche, avec l’accord explicite du salarié, le professionnel de santé peut communiquer certaines préconisations à l’employeur concernant, par exemple, l’adaptation du poste ou des missions. Une attestation de visite peut également être transmise dans les mêmes conditions, avec des préconisations à destination de l'employeur. S'il refuse d’appliquer ces recommandations pour des raisons d’impossibilité, il doit motivé ce refus, le justifier clairement et en discuter avec le médecin du travail afin de rechercher d’autres solutions : aménagement du poste, reclassement, etc. Dans le cas contraire, il manque à son obligation légale. Selon l’article L. 4121-1 du Code du travail, l’employeur doit "prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs". En cas de manquement, un signalement à l’inspection du travail peut être envisagé.

Stéphany Merlat-Louchart, fondatrice de PACPREV, spécialisée dans la prévention, l’accompagnement et le conseil en santé et sécurité au travail.

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