Livreur de repas à domicile : quel salaire ?

Les beaux jours font fleurir les envies de pique-nique dans les parcs, où chacun commande à emporter, en un clic sur l’une des nombreuses plateformes de livraison. Si cette pratique est devenue banale, c’est grâce à l’essor des plateformes de livraison de repas à domicile. Deliveroo, Uber Eats ou encore Stuart emploient de nombreux livreurs à domicile indépendants obligés de faire beaucoup d’horaires pour gagner leur vie. Mais combien gagne vraiment un livreur de repas à domicile ? Un journaliste du Parisien a exercé ce métier pendant plusieurs semaines et livre ses conclusions.

En moyenne, un salaire de 1200 euros

Le métier de livreur de repas à domicile reste précaire. C’est ce que confirme l’autorité de régulation du secteur (Arpe) : le revenu des livreurs indépendants travaillant pour les différentes plateformes a diminué ces quatre dernières années. En tenant compte de l’inflation, l’Arpe a constaté une baisse du taux horaire brut de 34,2% chez Uber Eats, 26,6% chez Stuart et 22,7% chez Deliveroo.

Ces chutes de revenus entraînent un alourdissement de la charge de travail des livreurs de repas à domicile. En trois semaines de travail, soit plus de 150 livraisons, le journaliste du Parisien embauché en tant que livreur a gagné près de 743 euros, dont 28 euros de pourboire. Mais, en enlevant les cotisations sociales et les frais de location du vélo, il tombe à 526 euros pour 45,5 heures de travail effectuées.

Seulement, le journaliste explique que le temps de travail comptabilisé par la plateforme ne reflète pas la réalité du métier où il faut parfois attendre plusieurs heures pour réceptionner une commande et rester connecté sur l’application en continu pour espérer obtenir une course.

La plupart des livreurs confient gagner 1200 euros en moyenne soit moins que le Smic actuellement (1426 euros net par mois). « Pour espérer gagner 2000 euros, il faut travailler 7 jours sur 7 et près de 14H par jour » confie le journaliste. Des estimations de salaire confirmées par l'Arpe qui révélaient un revenu moyen inférieur au Smic lors de son enquête réalisée en mai 2024.

Des conditions de travail qui nuisent à la santé physique et mentale selon l’ANSES

Ce rythme de travail effréné où chaque livreur peut se retrouver à effectuer une vingtaine de courses par jour pour quelques euros a de nombreuses conséquences sur la santé. Un rapport de l’Anses publié fin mars pointe directement les conditions de travail imposées par les plateformes.

« Ces livreurs cumulent des effets à court et plus long terme liés notamment à une pression constante, un isolement et un environnement de travail difficile » note l’Anses.

À court terme, le risque principal du métier, c’est l’accident de la route qui peut entraîner de nombreux troubles musculosquelettiques. À moyen et long terme, le métier peut avoir des effets sur la santé mentale en raison de la pression permanente des notifications et à l’absence de relations professionnelles stables. Des troubles du sommeil ou même des pathologies respiratoires ou cardiovasculaires peuvent survenir en raison des horaires à rallonge et de l’environnement de travail en milieu urbain.

Le management algorithmique utilisé par les plateformes est aussi souligné comme risque majeur pour la santé en raison de sa deshumanisation.