Les robots de téléprésence vont-ils remplacer les managers de chair et d'os ?

Comment humaniser le management en télétravail ? Le contexte a certes mis en évidence la facilité à télétravailler mais aussi ses manques, comme les discussions informelles, ingrédients nécessaires à l'innovation. "Individuellement, les salariés nous expliquent qu'ils travaillent mieux depuis chez eux. Ils ne sont pas dérangés sans cesse par leurs collègues et déclarent en faire plus en moins de temps. Mais on ne peut pas pour autant parler de management. Chacun agit de son côté sans être dans la logique du collectif", regrettait lors du confinement, Alexandre, cadre dans la communication.

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Pour tenter de retrouver une "forme de collaboration naturelle", des entreprises commercialisent aujourd'hui des robots de téléprésence, expliquent dans un article le site The Conversation, Emmanuelle Léon et Maral Muratbekova-Touron, professeures de management. Une technologie bien plus simple que son nom l'indique : à savoir un iPad installé sur une tige, et guidé par le salarié à distance. Et une technologie plutôt pensée pour les managers qui peuvent ainsi communiquer avec leurs équipes restées, elles, en entreprise. "Mais est-ce suffisant pour compenser la distance physique ?" interrogent les chercheuses.

Elles rapportent  les conclusions de leur étude qui fait part de quatre conditions nécessaires à une "implémentation réussie de tels outils dans un collectif de travail".

La confiance. Sans confiance entre les collaborateurs et leur manager, ces outils ne pourront pas vraiment prendre. "En bref, seul un excellent manager de proximité peut imaginer un jour utiliser un tel outil".

Les routines. Il importe de maintenir des règles de vie en entreprise, comme saluer les collaborateurs le matin, organiser des réunions en cercle avec le manager qui anime comme s'il était vraiment présent.

L'organisation. La position du robot dans le bureau doit donner des indications aux collaborateurs : par exemple si la perche n'est pas dans l'open-space cela peut  vouloir dire "ne pas me déranger".

L'anthropomorphisme. Quand le manager dit "je" en parlant du robot et que les collaborateurs jouent avec la perche ("comme le soulever de terre, tourner autour de lui ou encore le décorer"), c'est que cet outil a été adopté au bureau. "Mais cela ne s'arrête pas là. Pour le manager, l'anthropomorphisme finit par engendrer une certaine dépendance à l'outil, puisqu'il se sent seul et s'ennuie quand il ne peut pas l'utiliser".

Plutôt que de laisser cet outil aux seuls managers, le robot pourrait être une solution intéressante pour faciliter davantage le télétravail. Les collaborateurs qui travaillent à distance tournent dans la semaine et celui qui est en télétravail ce jour-là aurait la possibilité d'utiliser la perche pour maintenir le lien. Mais le vrai problème du télétravail n'est pas tant le manque de lien que de sa durée. Il faut régulièrement revenir au bureau pour souder et maintenir un esprit d'équipe. Robot ou pas.