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Être bien au travail

« Et si nous arrêtions de juger les chômeurs ? » : ce poète traverse la France pour déconstruire les clichés

Par Julian Picot • Publié le

Rencontre avec Jonas Verhaeghe (alias Mojo), auteur du spectacle-conférence « Tout travail mérite sa laisse ».

« Et si nous arrêtions de juger les chômeurs ? » : ce poète traverse la France pour déconstruire les clichés
Du 30 avril au 30 mai, Mojo sillonne la France à vélo pour présenter son spectacle "Tout travail mérite sa laisse". © Jonas Verhaeghe

Et si la recherche d'emploi était aussi un moment pour réfléchir, grandir… et se réinventer ? C'est l'une des nombreuses questions que pose Jonas Verhaeghe, alias Mojo, dans son spectacle « Tout travail mérite sa laisse ». Cet artiste poète-slameur parcourt les routes de France à vélo tout au long du mois de mai, avec une envie : libérer la parole sur le travail. Comment retrouver du sens dans nos métiers ? Pourquoi le chômage fait-il encore si peur ? Et si le travail à temps partiel, la semaine de quatre jours ou le télétravail nous aidaient à nous épanouir autrement ? Mojo vous invite à une introspection sur votre rapport au travail et plus profondément, sur vous-même.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à créer ce spectacle sur le travail ? Comment s’est construit ce format hybride entre conférence, poésie et théâtre ?

L'origine du spectacle repose sur mes réflexions autour du monde du travail. Notre époque est très troublée, par l'IA notamment. Qu'est-ce qu'on va encore pouvoir faire dans quelques années ? Qu'est-ce que l'on ne pourra plus faire ? Ce n'est pas vraiment débattu. On prend le travail comme une réalité inamovible. C'est pourquoi j'essaie d'interroger nos pratiques et de les remettre en question à travers ce spectacle. J'ai envie de désacraliser la recherche d'emploi, de rendre ce débat accessible à tous, et de partir du témoignage de ceux qui viennent me voir en spectacle. L'écriture du slam et de la poésie me permet d'être percutant et incisif, j'adore !

Qu'est-ce qui se cache derrière le titre « Tout travail mérite sa laisse » ? Qu'est-ce que vous souhaitez dénoncer ?

Je suis un poète, attiré par la langue française, et le mot « laisse » a plusieurs significations. D'une part, ce sont les obligations et les sacrifices qui émanent d'un emploi, mais d'autre part, c'est une structure poétique en vers dans des récits médiévaux. À travers ce spectacle, j'essaie de montrer qu'il est possible de se détacher de ces laisses qui nous accrochent au travail. Mon propos n'est évidemment pas de tout rejeter de ce monde-là, mais de questionner et de mettre en lumière ses impératifs.

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Vous le précisez dans votre spectacle, d’après une étude de l'anthropologue américain David Graeber, un tiers des employés considère son travail comme inutile. Qu'est-ce que cette statistique révèle de notre rapport au travail, selon vous ?

Je pense qu'il est encore possible aujourd'hui de trouver un emploi qui a du sens. En revanche, je suis convaincu qu'il est impossible, à notre époque, d'être dans un plein emploi plein de sens. Que devient-on avec le développement des machines ? Est-ce qu'on continue à faire du travail juste pour produire des choses qui sont souvent vides de sens, déconnectées de nos besoins réels ? Ou plutôt, on essaye collectivement de profiter des bénéfices qui ont été faits, mais aussi de trouver du sens dans des activités associatives ou bénévoles, quitte à moins dépenser ? Il existe des solutions déjà en place à petite échelle que j'aborde dans mon spectacle : le travail à temps partiel, la semaine de quatre jours et le télétravail, par exemple. Donner du sens à son travail ne relève pas seulement de l'entreprise : chaque salarié doit réaliser une introspection sur lui-même. La méthode Ikigaï semble assez efficace pour cela. Elle consiste à donner un sens à sa vie en trouvant un emploi à l'équilibre entre ce qu'on aime, ce dont le monde a besoin, ce pour quoi vous êtes payé et ce pour quoi vous êtes doué. Est-ce que votre travail répond à ces valeurs ? Telle est la question que chacun doit se poser personnellement, mais beaucoup ont peur des répercussions financières en quittant leur emploi. Selon moi, le filet de sécurité français n'est pas suffisant pour nous pousser à prendre des risques.

Mojo, à vélo, sur les routes de France pour son spectacle "Tout travail mérite sa laisse". © Jonas Verhaeghe

Vous avez été équipier dans un fast-food, journaliste people, entraîneur de tennis de table, mais vous avez décidé de quitter le salariat pendant la période Covid pour vous dédier à la poésie. Comment avez-vous vécu cette transition ? Elle illustre une reconversion militante ou une quête de sens personnelle ?

Les deux, c'est littéralement une quête de sens militante. J'étais à la recherche d'un métier qui pouvait avoir un impact (à mon échelle) sur la société. D'ailleurs, lorsque je questionne les spectateurs sur les emplois qui ont du sens, ce sont les métiers autour du soin (médecin, infirmière, etc), les métiers autour de l'agriculture et les métiers autour de l'éducation (professeur, instituteur, etc) qui ressortent. J'ai eu environ six expériences en tant que salarié. Chacun est légitime et capable de faire des recherches et de s'informer sur le monde du travail. C'est comme cela que s'est construite ma conférence gesticulée. Ce n'est pas un discours d'expert ou de scientifique. C'est le discours d'un travailleur, parfois confronté à de l'absurdité ou au contraire, à des moments agréables au travail, qui a souhaité prendre du recul et partager. Nous sommes tous capables de cette réflexion, mais notre emploi ne nous laisse pas le temps. On a très peu de disponibilités pour questionner le travail. J'ai bénéficié de ce temps grâce au chômage et aujourd'hui, j'essaie d'offrir des pistes de réflexions pour que ça se démocratise. Je pense aussi qu'il y a une très forte culpabilisation du statut de chômeur ou de demandeur d'emploi : nous avons peur d'être jugés, alors au lieu de prendre ce temps-là pour se questionner, on en vient à se mettre sous pression, à manquer d'énergie pour lire ou se former à d'autres pratiques. Ce statut est tellement mal vu qu'il ne nous permet pas de grandir en tant qu'être humain.

bon à savoir

D'après le site La langue française, la conférence gesticulée est un objet hybride entre le spectacle et la conférence. Elle cherche à produire du savoir politique, à donner des clés d’analyse et permet d’aller plus loin grâce aux ateliers qui s’ensuivent.

Parallèlement à ce spectacle, vous relevez un autre défi : faire votre tournée à vélo. Pourquoi ce choix ? Est-ce qu'il y a un lien avec ce que vous dénoncez dans votre spectacle ?

J'adore faire du vélo, voyager partout en France de manière légère et rencontrer de nouvelles personnes. Je suis guidé par mon enthousiasme. C'est sûr que je dépasse les 40 heures par semaine, mais j'adore mon métier ! Je ne me pose pas la question car je sens que c'est utile. Si on sent qu'on est heureux au travail, il n'y a plus de questions à se poser. Cette voie n'est pas facile à trouver, j'en suis conscient, mais elle est possible.

Mojo parcourt la France à vélo pour son spectacle. © Jonas Verhaeghe

 

Qu’espérez-vous que le public retienne à la fin de votre spectacle ?

J'espère qu'ils retiendront qu'il y a de l'espoir. L'utopie, ce lieu qui n'existe pas, est peut-être plus proche de ce que l'on croit. Il existe des pistes de réflexion collective ou individuelle pour retrouver du sens au travail. J'aimerais que les spectateurs repartent en ayant conscience qu'on peut faire changer les choses, à différentes échelles.

Mojo présentera son spectacle "Tout travail mérite sa laisse" du 30 avril au 30 mai. © Jonas Verhaeghe
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