Les congés illimités chez Goldman Sachs doivent-ils nous faire rêver ?
Depuis le 1er mai, les cadres supérieurs de la banque d’investissement Goldman Sachs sont invités à prendre autant de congés qu’ils le souhaitent.

La mesure, inédite dans le secteur de la finance, doit servir à lutter contre le surmenage, mais aussi à attirer de nouveaux talents. Un système de congés qui séduit autant qu’il suscite le débat en France. Mais est-ce vraiment un progrès pour les salariés ?
Opération « vacances flexibles » à Wall Street
Dans un mémo interne, révélé par The Telegraph, on apprend que la banque américaine a mis en place un nouveau système de congés nommé « vacances flexibles », dans lequel les « associés et les directeurs généraux » sont libres de prendre des congés « lorsque cela est nécessaire ». En clair, les hauts cadres de l’entreprise sont invités à se reposer et partir en vacances quand ils en ont besoin, sans limite de temps !
L’objectif est de lutter contre la surcharge de travail et les risques de burn out chez les cadres supérieurs de la banque américaine, qui enchaînent parfois plus de 100h de travail par semaine… Un rythme éreintant, typique de la finance, qui ne convient plus aux forcément jeunes collaborateurs. L’année dernière, un groupe d’analystes junior a ainsi posé un ultimatum à Goldman Sachs pour améliorer leurs conditions de travail, réclamant un plafonnement des heures à 80h/semaine et un bannissement du travail le samedi.
Promouvoir le repos et… attirer les talents !
Si la fin du travail le samedi a été acceptée sans broncher par Goldman Sachs, la fronde interne de ses jeunes éléments semble avoir été entendue par la direction à plus d’un titre. Car dans un contexte de concurrence féroce sur le marché de l’emploi américain, le secteur bancaire peine à attirer les meilleurs talents, notamment face aux entreprises de la tech, voire à recruter tout court… Plusieurs banques de Wall Street tentent ainsi de renouveler leur image poussiéreuse, mettant à mal certains codes vestimentaires, revalorisant les salaires ou investissant dans le bien-être au travail !
Le programme « vacances flexibles » va clairement dans ce sens : en plus des vacances illimitées pour les hauts cadres, les autres employés auront désormais l’obligation de prendre au moins 15 jours de congés par an dès 2023, dont 7 jours consécutifs minimum. A cela s’ajoutent également deux jours de congés supplémentaires pour les juniors.
Les congés illimités, une bonne idée à importer en France ?
A première vue, les contextes américain et français sont loin d’être similaires. En France, les salariés bénéficient tous de cinq semaines de congés payés obligatoires, qu’ils soient cadres dirigeants ou non, contre 10 à 20 jours en moyenne outre-Atlantique, à négocier avec son employeur en fonction de son ancienneté. Mais sur le principe, rien n’interdit aux entreprises hexagonales de proposer un plus grand nombre de jours de congés que le minimum prévu par les dispositions légales en vigueur.
Qui ne souhaiterait pas pouvoir poser autant de congés qu’il le souhaite ? De prime abord, n'importe quel salarié serait tenté d'y être favorable ! La question est pourtant plus complexe qu'il n'y paraît et plusieurs arguments s’opposent, sur le concept comme sur sa mise en place. D'ailleurs, peu d'entreprises françaises ont sauté le pas… C'est le cas de l'entreprise d'informatique lyonnaise Anikop , qui a eu recours à un coach pour y parvenir, ainsi que de deux autres organisations. Seulement. Et si ce n’était tout simplement pas fait pour tout le monde ?
Un concept venu de la Silicon Valley
Notons d’abord que les entreprises pionnières en la matière sont souvent issues du domaine de la Tech. A l’image de Netflix, le principe des vacances illimitées a d’abord été mis en avant pour leur permettre de se forger une image d’entreprise cool, où le bien-être des salariés est au cœur des préoccupations, et attirer ainsi les meilleurs talents.
Revers de la médaille, en intégrant une entreprise que tout le monde souhaite rejoindre, la quantité de travail à fournir en contrepartie est telle que, dans la réalité, peu de salariés osent prendre plus de congés que leurs collègues… Pire, la plupart des salariés prennent en réalité moins de congés que dans les autres entreprises et ne peuvent donc se faire rembourser les congés non pris !
Les points positifs des congés illimités :
- Un meilleur équilibre de vie. A certains moments de notre vie, nous n’avons pas forcément la tête au travail à 100%... Vie familiale, difficultés personnelles, maladie, fatigue, etc. Chacun peut un jour avoir besoin de plus de congés de façon ponctuelle, avant de revenir au travail l’esprit plus libéré et plus productif.
- L’autonomie au travail. Pour prendre autant de congés que l’on souhaite, la responsabilisation de chaque salarié est nécessaire. Une autonomie que certains recherchent ardemment dans leur vie professionnelle…
- La flexibilité. Les congés illimités s’inscrivent dans une dynamique de flexibilité du temps de travail. Moins de présentéisme, adaptation des horaires aux besoins de chacun, etc. Là encore, la flexibilité semble être une aspiration très forte de la part des salariés depuis la crise sanitaire.
- La confiance. La mise en place d’une culture d’entreprise centrée autour de la confiance est nécessaire avec ce système. La confiance entre l’employeur et les employés en premier lieu, qui ne doivent pas être suspectés d’abus, mais aussi la confiance entre tous les collaborateurs … Un élément qui renforce la cohésion au sein de l’entreprise.
- La communication. Si votre collègue prend 15 jours de congés sans prévenir et vous laisse une charge de travail beaucoup plus conséquente, vous risquez de ne pas apprécier ! Bien communiquer en interne est donc essentiel pour la mise en place des congés illimités. Or une bonne communication est toujours positive au sein d’une organisation.
Les points négatifs des congés illimités :
- Autonomie au travail. Une autonomie que certains recherchent… quand d’autres sont incapables de l’acquérir ou ne souhaitent pas l’assumer. Tout le monde n’est pas fait pour travailler en autonomie totale !
- Une pression cachée. A priori, chacun fait ce qu’il veut… Dans la mesure où le travail est fait ! Si un employé n’atteint pas ses objectifs personnels, il peut être tenté de renoncer à une partie de ses vacances ou vouloir travailler pendant ses congés. Paradoxalement, l’autonomie de chaque salarié peut entraîner une pression accrue sur certains d’entre eux.
- Une mauvaise cohésion d’équipe. L’injustice peut vivement être ressentie entre les salariés si chacun ne prend pas le même nombre de jours de congé… Sachant que l’autonomie est au cœur du système, qui joue le rôle d’arbitre en cas de conflits ? Plus largement, la gestion personnelle du temps de travail et des congés individualise toujours plus les salariés… qui peuvent parfois se sentir bien seul. Fait-on encore partie d’un collectif dans ces conditions ?
- La croissance de l’entreprise entravée. Puisque plus personne ne contrôle les congés, rien n’empêche un salarié de les prendre lorsque la charge de travail est la plus conséquente… De quoi déstabiliser l’entreprise dans son business à certaines périodes ? L’ultra flexibilité ne peut pas être adaptée à tous les modèles économiques.
- Un cadre légal contourné. Pour passer au système de « vacances illimitées », il faut souvent bouleverser toute une organisation du travail légalement encadrée. Le Code du travail impose 5 semaines minimum de congés payés à chaque salarié, qui doit également prendre trois semaines de vacances d'affilée entre le 1er mai et le 31 octobre, sauf si le salarié y renonce expressément. Sans parler de la durée légale du travail… S’il peut s’avérer être un carcan, ce cadre est avant tout une protection pour les salariés.
Crédits photo : iVazoUSky/stock.adobe.com
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