Tony Estanguet : "On veut des Jeux Olympiques accessibles et populaires y compris sur les questions d'emplois"

Combien d'emplois vont être créés grâce aux Jeux Olympiques ?

Pour le moment nous sommes dans une phase de rencontres avec les branches professionnelles pour voir quelle est la part des emplois qui vont être créés Elles ont de l'expérience et elles savent transformer un chiffre d'affaires en emplois créés. A partir de là on va avoir un ordre d'idées un peu plus précis. Les grands groupes qui travaillent avec des sous-traitants ont aussi beaucoup d'informations à ce sujet. De leur côté, on leur demande de nous remonter les informations concernant les créations d'emplois pour ensuite les plugger sur la cellule Pôle emploi créée pour l'évènement. C'est en effet un engagement fort de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, de dédier une cellule Pôle emploi pour les emplois des Jeux 2024. En tout, près de 11 700 emplois seront créés dans le domaine de la construction, 60 000 dans le tourisme et 78 300 en lien avec l'organisation de l'évènement.

Comment maintenir la durabilité de ces emplois après les Jeux ?

Le secteur de la construction est le plus concerné par cette question car il s'agit du premier secteur mobilisé. Le gouvernement a pris connaissance de notre cartographie et il a lancé deux contrats d'études prospectives pour justement mieux identifier les passerelles possibles entre Paris2024 et les projets du Grand Paris. Notre axe principal ce sont les formations, les compétences et la durabilité. On veut former plus que d'habitude pour mieux anticiper les besoins futurs.

Le comité des Jeux souhaite que les entreprises de l'ESS (économie sociale et solidaire) puissent prendre part aux Jeux. Concrètement, à quelles opportunités auront-elles accès ?

Ce qui est certain c'est qu'on ne pourra pas imposer des entreprises ESS dans les appels d'offres des marchés publics parce que cela ne respecte pas le code des marchés publics. En revanche, nous essayons d'identifier tous les freins qui l'empêcheraient d'accéder ou de gagner ces marchés. Il nous faut mieux les connaitre afin de savoir quels types d'accompagnement nous pouvons mettre en place notamment avec la Maison des Canaux et ESS 2024, la plateforme solidaire. L'objectif c'est de les aider à bien répondre aux appels d'offres et de leur donner les outils pour rivaliser avec les grandes entreprises. Il y a donc une phase de sourcing afin d'identifier les bons périmètres et les quantités en fonction de ce que ces entreprises peuvent absorber. Nous pouvons aussi les aider en leur réservant des marchés à travers les clauses sociales. Ainsi, marché par marché, on peut créer des règles : attribuer 25 % de la blanchisserie du village par une entreprise qui emploie du public en situation de handicap par exemple.

L'idée c'est de montrer que les Jeux sont ouverts à tous et pas seulement aux grands groupes ?

Oui, on ouvre les champs des possibles ! Les Jeux ne sont pas juste une grosse machine qui accueillent des sportifs de haut niveau et de grandes entreprises. L'objectif est de réfléchir ensemble à comment on peut en faire bénéficier à plus de monde. Il y a là un véritable défi, beaucoup trop d'acteurs se disent : "Ce n'est pas pour moi, c'est réservé aux grandes entreprises, aux grands groupes je n'ai pas ma chance". Les JO font peur parce que c'est gros et on a l'impression que c'est réservé aux autres. Comment faire passer le message que c'est possible ? Tout n'est pas écrit, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent. Mais oui, il y a des opportunités pour tous.

Quelle est la part des emplois liés à l'ESS ?

Nous ne la connaissons pas encore mais c'est un sujet qu'on va suivre car nous nous devons d'être exemplaire sur ce sujet. Nous voulons casser l'image élitiste d'une machine inaccessible. Nous voulons des Jeux populaires et accessibles y compris sur les questions d'emplois.

(CR : BenjaminBoccas/Paris2024).