Je souffre de « ressentéisme » au travail, c'est grave docteur ?

Ils n’ont pas démissionné… mais sont restés pour les mauvaises raisons. Ils sont les enfants des quiet quitters et les cousins éloignés des présentéistes. Qu’est-ce que les ressentéistes (et existent-ils vraiment) ?

Etes-vous ressentéiste ?

Grande démission, quiet quitting, quiet firing… Les salariés qui claquent la porte de leur entreprise font la une des médias depuis plusieurs mois. Mais qui s’intéresse à ceux qui restent ?

Récemment repéré par Néon, un nouveau néologisme vient de faire son apparition pour désigner l’état d’esprit de certains salariés (trop) fidèles à leur entreprise : le ressentéisme. Ils n’ont pas surfé sur la vague de démissions post-covid car ils tenaient à leur salaire, à la sécurité de l’emploi ou pour toute autre raison personnelle. Et maintenant ? Ils éprouvent une certaine forme de ressentiment et hésitent de moins en moins à le faire savoir !

Non seulement ces salariés sont frustrés par leur situation professionnelle et continuent à travailler, mais leur humeur serait contagieuse et se répandrait en un rien de temps au sein de toute une équipe selon Rota Cloud, fabricant de logiciels de gestion du personnel à l’origine de ce nouveau concept. Un peu comme si, par présentéisme, vous vous rendiez à votre travail en ayant la grippe… et la transmettiez à tout le monde !

Une conséquence logique de la Grande démission

Des salariés qui manquent d’épanouissement professionnel, un phénomène a priori vieux comme le monde, non ? Une invention de Rota Cloud pour se faire un joli coup de pub ? Sans doute, mais pas seulement.

Le Covid a bousculé nombre de vieilles habitudes dans le monde du travail et si les néologismes et anglicismes ont fleuri un peu partout ces derniers mois (on plaide coupable), c’est tout sauf un hasard.

Selon l’éditeur de logiciel, le ressentéisme serait un épiphénomène de la grande démission (Great Resignation ou Big Quit) ! Quand un quart des effectifs de votre entreprise démissionne, vous avez tendance à vous poser quelques questions… Lorsque plus de la moitié s’en va, votre inquiétude prend le dessus et vous risquez de vous sentir mal au travail (voire de démissionner vous-même).

Selon un sondage HeyTeam publié en novembre dernier, les conséquences du départ d’un ou plusieurs collègues sont multiples et affectent le lien entre collaborateur et entreprise : 56% des sondés estiment avoir dû faire face à une surcharge de travail, 31% que leur vie privée en a été affectée et 31% que leur santé mentale ou physique a été détériorée. Or, toujours selon ce même sondage, 74% des salariés interrogés ont vu un collègue partir ces 12 derniers mois (dont les deux tiers étaient des départs volontaires).

Si vous décidez ou êtes contraint de rester, quelles solutions s’offrent à vous ? Une forme de démission silencieuse pardi ! Vous faites la grève du zèle et vous décidez de travailler uniquement pour toucher votre salaire à la fin du mois, ni plus ni moins, sans accepter de surcharge de travail ou de pression supplémentaire... C’est ce qu’on a appelé le quiet quitting.

Le ressentéiste serait donc un successeur du quiet quitter qui aurait décidé de ne plus se cacher. Quand celui-ci avait choisi de rester discret par stratégie, le réssentéiste ne supporte plus cette forme d’apathie… Il éprouve du ressentiment et ne s’en cache pas ! Et cela n’a rien d’étonnant selon Pam Hinds, responsable du personnel chez RotaCloud, pour qui "les employés qui se sentent sous-évalués, sous-appréciés et inquiets pour leur avenir ne seront jamais heureux dans leur travail, et la hausse du ressentiment, bien qu'inquiétante, n'est pas inattendue."

Comment quitter les rivages du ressentiment ?

Côté entreprise, toujours selon le même sondage HeyTeam, une amélioration de la communication (58%) ou du management (70%) lors des différents départs est une piste de progression réelle. Seuls 53% des salariés qui ont vu l’un de leurs collègues partir estiment que leur entreprise a bien réagi.

Côté salariés, Rota Cloud conseille de remettre la franchise et la communication au cœur de votre vie professionnelle :

• Communiquez ! Expliquez les raisons de votre mécontentement avec votre responsable ou les RH.
• Réfléchissez à ce que vous attendez réellement de votre travail et discutez-en avec votre responsable ! Abordez votre plan de carrière, votre satisfaction au travail ou encore votre équilibre vie pro vie perso.
• Prenez soin de votre santé physique et mentale.
• Restez à l'affût d'autres opportunités.
• Rappelez-vous que votre travail peut n'être qu'un travail ! Il n'a pas besoin d’être l’alpha et l’omega de votre vie.

Crédits photo : Bits and Splits/stock.adobe.com