« Les candidats cherchent la flexibilité de l’intérim et la fiabilisation de leur parcours professionnel »

Dans un marché de l’intérim en pleine métamorphose, comment répondre aux nouvelles aspirations des candidats ? R.A.S Intérim, depuis sa création en 1969, a toujours eu à cœur de les écouter. En ce sens, elle a récemment lancé une étude sur les attentes de ses intérimaires. Décryptage avec Oualid Querfani, secrétaire général de R.A.S Intérim.

Depuis peu, un nouveau type de candidat a rejoint le marché de l’emploi : l’intérimaire « de carrière ». « Aujourd’hui, les candidats cherchent à la fois la flexibilité de l’intérim et la fiabilisation de leur parcours professionnel, commente Oualid. L’intérim n’est plus perçu comme une rampe de lancement de la vie pro mais comme une voie de choix pour concilier ses aspirations, des contraintes ou envies personnelles et le monde du travail, comme générateur de ressources. »

« Le rapport au travail a changé »

Ces changements seraient le fait d’une nouvelle génération de travailleurs. « La précarité qui collait à la peau de l’intérim existe toujours. En revanche, dans le même temps, le rapport au travail a changé ! Les candidats ont un besoin de flexibilité accrue et cherchent des missions avec du sens, des entreprises dont ils partagent les valeurs. Aussi, le rythme imposé par le CDI est de moins en moins attrayant pour tout un pan d’actifs », souligne l’expert. Deux possibilités s’offrent aujourd’hui aux jeunes actifs, analyse Oualid : « Le CDD/CDI classique qui présente 0% de flexibilité et 100% de sécurité. Les métiers ubérisés* avec 100% de flexibilité et 0% de sécurité. A mi-chemin, l’intérim défend un modèle de ‘flexisécurité’. Flexibilité car le candidat choisit sa mission, son rythme et ses entreprises, et sécurité car son employeur, R.A.S Intérim, lui apporte une sécurisation légale, au niveau de la santé, de la sécurité au travail ainsi qu’une montée en compétence et un suivi. »

Ce nouveau rapport au travail est inhérent, pour Oualid, à notre société de consommation. « On consomme désormais le travail comme les loisirs. Le rapport au travail commence à se rapprocher de celui aux services tiers et notamment quand on fait le parallèle avec l’e-commerce : dans le travail temporaire, le modèle digital est une tendance de plus en plus prégnante. Les candidats s’attendent toujours à avoir une agence de proximité dans laquelle ils seront reçus mais, s’ils ne veulent pas se rendre sur place pour demander un bulletin de paie ou signer un contrat, ils peuvent être totalement autonomes avec leur smartphone », appuie-t-il. Dans l’idée de prendre « le meilleur des deux mondes », R.A.S Intérim propose à ses intérimaires 190 agences sur le territoire français ainsi qu’une offre digitale complète pour permettre à ses intérimaires et ses clients d’être « ultra autonomes dans leur recours et leur consommation de l’intérim. » Or, précise Oualid, chaque candidat est obligatoirement vu une première fois en agence pour son inscription et afin d’échanger sur ses compétences.

Autre nouveauté : depuis quelques années, le marché de l’intérim fait face à l’arrivée de profils autrefois tournés vers le CDI. « Ceux qu’on appelait Cols Blancs issus des métiers du tertiaire, pointe Oualid. Avant, l’intérim était particulièrement utilisé dans les milieux industriels, logistiques sur des qualifications type Cols Bleus. Aujourd’hui, quand on regarde les pénuries de recrutement auxquelles font face les entreprises, l’intérim est devenu une corde à l’arc de toutes les directions des ressources humaines pour faire de la pré-embauche et permettre de séduire des candidats qui n’ont pas tout de suite envie d’un CDI. »

« On crée de la compétence, des parcours et des rencontres »

De ces multiples constats, R.A.S Intérim a pris le parti de se positionner comme un acteur responsable, inclusif et proche de ses intérimaires, dans la co-construction de leur parcours professionnel. « Si on veut continuer à exister sur ce marché, il est essentiel de créer de la compétence, de la ressource. Nous avons notamment notre service 24/7 et nous sommes spécialisés, depuis notre création, sur des métiers précis comme ceux du transport, notre fer de lance. Notre plus grande fierté est d’être le premier formateur de conducteurs et conductrices poids lourds, hommes et femmes. Une innovation qui nous est propre, grâce au parcours spécifique « Agir au féminin » dont le but est de créer des classes spécifiques aux femmes sur des métiers dits très masculins. Nous sommes convaincus que la mixité sociale est un vecteur de bien-être au travail », souligne Oualid.

La formation, avenir de l’intérim ? « La formation sur des profils, accréditations, qualifications fait qu’on répondra aux attentes de nos clients et des intérimaires dans un vrai projet professionnel. On ne se ‘limite’ pas à faire correspondre un CV à une demande client. On crée de la compétence, des parcours et surtout des rencontres. Pour cela, on pourrait juste utiliser l’intelligence artificielle, or ce n’est pas le but ! » insiste-t-il. Un modèle plus durable selon le secrétaire général de R.A.S Intérim : « On veut créer de vraies cultures professionnelles qui aboutiront à de longs parcours, des CDI, des aventures. Nos meilleurs ambassadeurs sont d’ailleurs tous nos intérimaires qui ont goûté au CDI et se tournent de nouveau vers l’intérim pour sa flexibilité ou, au contraire, ceux qui ont pris des responsabilités et font appel à nous pour leur trouver des candidats. Il n’y a rien de plus beau ! »

« On est fiers de nos intérimaires ! »

L’engagement des professionnels du travail temporaire participe de cette vision pour l’avenir. « Au-delà de la féminisation des métiers, nous travaillons également sur l’insertion, avec un maillage de notre réseau dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) déterminés par l’Etat. Notre objectif ? Tendre la main aux personnes éloignées de l’emploi et qui vivent dans ces quartiers, pour les ramener sur le marché », indique Oualid. Le troisième axe de travail de R.A.S Intérim : l’emploi des personnes en situation de handicap. « La première étape est de trouver ces personnes car la déclaration d’un handicap est compliquée. Rencontrer les candidats permet de déceler une potentielle RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) et de les accompagner pour soulager leur anxiété, parfois, vis-à-vis d’une potentielle discrimination. Une fois passée cette étape, nous identifions les qualifications des candidats concernés et on peut les envoyer chez un client en toute sécurité. »

Et de conclure : « On est fiers de nos intérimaires, vraiment ! Cette notion de fierté est extrêmement importante chez nous et on essaye de la transmettre au quotidien. Dans notre secteur, les entreprises de travail temporaire ont de plus en plus ‘honte’ de faire de l’intérim et souhaitent se positionner comme des fournisseurs de solutions RH. Chez R.A.S Intérim, au contraire, on développe notre manière de faire de l’intérim, car l’intérim, c’est notre passion ! »

* Selon la définition du gouvernement, l’ubérisation du travail est « la remise en question de structures économiques traditionnelles par la mise en relation directe des clients et des prestataires, via des plateformes numériques. […] Les travailleurs des plateformes sont juridiquement indépendants. Ils ne sont pas soumis à un lien de subordination tel que le définit un contrat de travail mais ils sont pourtant dépendants des plateformes. Source d'insécurité pour les travailleurs, l'ubérisation a ainsi été remise en cause lors de procès pour "salariat déguisé". »