Aller au contenu principal
Évoluer dans sa vie pro

Peut-on travailler moins et gagner plus grâce au jobsharing ?

Par Celia Riguidel Publié le

On vous dit tout sur cette pratique qui fait des émules outre-Atlantique !

Peut-on travailler moins et gagner plus grâce au jobsharing ?

Dans le monde du travail, interrompre ou réduire son activité pro implique souvent de faire une croix sur sa carrière. Or, une femme sur deux fait ce choix à la naissance de son premier enfant, contre 6% des pères, d’après une enquête du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle réalisée en 2019.

Pour lutter contre le plafond de verre, certaines ont choisi d’emprunter une nouvelle voie : le jobsharing, ou partage d’emploi en français. Plus qu’un simple aménagement horaire, cette nouvelle manière d’envisager le travail semble répondre aux attentes des nouvelles générations, tous genres confondus. À savoir travailler moins sans renoncer à ses ambitions pros. Est-ce possible grâce à ce système ?

Pour répondre à cette question, la journaliste Chloé Goudenhooft a tendu son micro à plusieurs jobsharers pour le podcast Travail (en cours) de Louie Media. Voici une synthèse de leurs échanges :

Un concept qui bouscule les codes du monde du travail

Le jobsharing est apparu aux Etats-Unis dans les années 70. Le concept est simple : deux personnes à mi-temps se partagent un poste à plein temps au sein d’une même entreprise. Et ce, quelle que soit la fonction occupée : « Le mi-temps s’applique bien à certains types de postes (accueil du public, assistanat…), mais c’est moins évident sur des postes à haute responsabilité », explique Lucien Flament, avocat en droit social.

Si, aux USA, 31% des entreprises proposent cette solution (contre 27% en Allemagne et 25% en Suisse et au Royaume-Uni*), le phénomène reste encore très marginal dans notre pays. La sociologue américaine Joan Acker, citée dans le podcast, explique cette défiance par le fait que le monde du travail véhicule l’image d’un travailleur sans contraintes, hormis celle de gagner sa vie. « Implicitement, c’est un homme », souligne la journaliste.

Une grande disponibilité est donc attendue si vous voulez prétendre à un poste haut placé. Un dirigeant est censé « s’occuper de ses équipes, trancher, insuffler une vision », on imagine mal qu’il soit interchangeable. Des croyances mises à mal par les témoignages des jobsharers interrogées par Chloé Goudenhooft !

Des freins à lever en entreprise

Murielle Igier fait partie des pionnières de ce mode de travail alternatif. Directrice financière d’une multinationale américaine, elle est l’une des rares françaises à pratiquer le jobsharing, et ce depuis une vingtaine d’années. « Ça s’est passé de manière assez informelle au départ, relate-t-elle. Je trouvais très difficile de gérer mon poste toute seule et l’une de mes collègues ressentait la même chose. Notre manager, une jeune anglaise, était intéressée pour tester cette organisation avec nous. » Mais pas les autres dirigeants de l’entreprise : « Ils étaient inquiets et pensaient que ça ne marcherait pas. »

Contre toute attente, le binôme de choc parvient à déjouer les pronostics. « Nos managers nous ont challengées au début, mais ils ont arrêté quand ils ont vu que ça fonctionnait. Certains employés aussi ont fait preuve de mauvaise foi, ils essayaient de nous monter l’une contre l’autre. On a parfois dû déléguer le management à l’une d’entre nous pour régler le problème. »

Malgré ces quelques obstacles, les deux co-directrices ont réussi à gravir les échelons ensemble. « Souvent un temps partiel est considéré comme un retrait de l’entreprise. On avait l’ambition de continuer à progresser et on a réussi sur les deux tableaux, pro comme perso », se félicite Murielle.

Une formule qui a de nombreux atouts…

La clé de la réussite du jobsharing ? La communication. « On partage toutes les informations, tous les dossiers », souligne Claire Walker, co-directrice exécutive de la chambre de commerce britannique. Point de compétition entre elle et sa collègue Hannah Essex car leurs résultats sont jugés conjointement. « Chacune a intérêt à ce que l’autre réussisse. »

En plus de développer leur esprit collaboratif, le jobsharing permet aux managers de prendre davantage de recul. « Nous avons cette vision du leader toujours sur le qui-vive, concentré et présent. Mais passer du temps en dehors du travail permet de s’ouvrir à de nouvelles perspectives. J’ai souvent des idées quand je suis au parc ou sur le chemin de l’école, très différentes de celles que je peux avoir au bureau ! »

Dans un rapport rédigé il y a plus de 35 ans, le sénateur français Louis Boyer pointait déjà les nombreux avantages de cette formule, « malgré les coûts supplémentaires qu’elle entraine au départ pour les entreprises et le manque d’enthousiasme des salariés à voir leurs revenus amputés de moitié. Les sociétés qui ont expérimenté le système ont constaté que le taux d’absentéisme chute de façon spectaculaire. Les horaires deviennent plus flexibles, l’entreprise profite d’une plus grande productivité et la fatigue et l’inattention se font moins sentir. Elles profitent aussi d’une meilleure ambiance de travail, le recours à l’intérim disparait en cas d’absence et elles réalisent même de substantielles économies. » Le sénateur relevait à cette époque que la pratique pouvait être une alternative au licenciement de masse.

Mais aussi beaucoup de limites !

Là se trouve l’une des limites du système, comme le pointe Chloé Goudenhooft. Car si, pour l’instant, en Europe, la demande émane toujours du salarié, il ne faudrait pas que l’employeur impose un poste en jobsharing à quelqu’un, et notamment à une femme sous prétexte qu’elle a des enfants.

Le frein principal reste néanmoins la rémunération, même si l’impact sur le niveau de vie est moindre quand on occupe un poste senior de cadre dirigeant. « Cet outil ne prétend pas révolutionner le monde du travail, mais permettre à des personnes d’y trouver un meilleur équilibre, quand elles peuvent se le permettre financièrement parlant », explique la journaliste. Si elle évoque la piste du revenu universel pour favoriser son essor, le jobsharing a, selon elle, avant tout « le mérite de nous faire réfléchir sur notre équilibre personnel et sur la place du travail dans nos vies ».

 

* D’après l’association suisse Part-Time Optimisation, spécialiste du jobsharing

Crédit photo : Prostock-studio@stock.adobe.com  

Les sujets liés
Partager l’article
  • Facebook
  • X
  • Linkedin
Newsletter
Recevez par mail toute l’actu de l’emploi.
En cliquant sur « S’inscrire », vous acceptez les CGU et déclarez avoir pris connaissance de la politique de protection des données du site hellowork.com.

Préparez-vous à
décrocher votre job !

155 000

CV lus en moyenne chaque jour, soyez le prochain à être vu !

soyez visible auprès des recruteurs

Déposer mon CV

908 026

offres en ce moment, on vous envoie celles qui collent ?

soyez alerté rapidement

Créer mon alerte

Toutes les offres d’emploi

  • Paris
  • Lyon
  • Toulouse
  • Marseille
  • Nantes
  • Bordeaux
  • Rennes
  • Lille
  • Strasbourg
  • Montpellier
  • Nice
  • Aix-en-Provence
  • Dijon
  • Grenoble
  • Angers
  • Annecy
  • Reims
  • Metz
  • Tours
  • Nanterre
Voir les offres d’emploi par ville
Les sites
L'emploi
  • Offres d'emploi par métier
  • Offres d'emploi par ville
  • Offres d'emploi par entreprise
  • Offres d'emploi par mots clés
L'entreprise
  • Qui sommes-nous ?
  • On recrute
  • Accès client
Les apps
Application Android (nouvelle fenêtre) Application ios (nouvelle fenêtre)
Informations légales CGU Politique de confidentialité Gérer les traceurs Aide et contact
Nous suivre sur :