Digitalisation et automatisation : quels sont les impacts sur les emplois du commerce ?

Depuis 10 ans, le secteur du commerce a été chamboulé par la montée en puissance des nouvelles technologies. Internet a introduit de nouveaux canaux de distribution et de nouveaux usages. Il a aussi ouvert un nouveau terrain à la concurrence entre enseignes. Si le travail dans le magasin a changé, il a évolué aussi derrière le rideau, dans les entrepôts en charge de l’approvisionnement des rayons. La robotisation, le big data, l’intelligence artificielle entraînent la redéfinition de la chaîne logistique.

Les nouveaux usages des clients révolutionnent le travail des salariés

La digitalisation se généralise au sein des réseaux de distribution à travers la mise en place des caisses automatiques, des bornes digitales, des applications de géolocalisation des articles en magasin, etc. D’autres services sont en phase de test : la réservation de créneaux de passage en caisse, les caddies automatiques, les rayons connectés ... Ces pratiques révolutionnent progressivement l’organisation du travail en magasin et modifient l’activité des opérateurs, qu’il s’agisse des passages en caisse, de la mise  en rayon, mais aussi des tâches réalisées en amont de la prise de commande.

Entre bonnes conditions de travail et performance économique : l’équilibre délicat

Le contenu des postes évolue, les emplois vont être impactés  par  l’automatisation, la charge de travail s’intensifie ... Les conditions de travail sont donc au cœur de cette  mutation. Dans la plupart des cas, la rentabilité économique face à l’évolution des marchés explique le recours aux nouvelles technologies. Cependant, d’autres éléments d’ordre organisationnel et social sont à considérer.

Pour une enseigne, quel est l’arbitrage acceptable entre les conditions de travail et la performance économique face à l’évolution des métiers ? Cet enjeu nécessite l’implication des représentants du personnel mais aussi des employeurs qui ont une responsabilité sociale et pour qui la santé des salariés doit être une priorité.

L’impact de l’automatisation sur les métiers inquiète en Europe

Depuis peu, les réflexions autour de l’impact des nouvelles technologies sur l’emploi et l’organisation du travail se multiplient au sein des pays de l’OCDE,  notamment  en  France,  en Allemagne, en Europe. Des études récentes  réalisées  par l’OCDE et la France démontrent que 9% des emplois en Europe présentent un risque élevé d’automatisation complète. Par ailleurs, la part des emplois « partiellement automatisable » est importante, en particulier dans le commerce, caractérisé par un nombre significatif de métiers dont les tâches sont répétitives, et particulièrement exposés à l’automatisation partielle.

L’automatisation, une solution à la pénibilité ?

Les facteurs de pénibilité se traduisent régulièrement par des TMS (troubles musculosquelettiques) et/ou des RPS (risques psychosociaux). Ports de charges couplés à des gestes répétitifs, polyvalence accrue dans un contexte de sous-effectif chronique, rythmes de travail souvent soutenus, horaires atypiques entraînant un accroissement du risque cardio-vasculaire, risques de troubles digestifs, risques psychosociaux liés aux difficultés d’articuler vie de famille et professionnelle... La liste est longue ! Dans une certaine  mesure,  le  recours  à  l’automatisation et la digitalisation permettent d’atténuer ces problèmes.

Néanmoins, il ne faut pas oublier que cette amélioration des conditions  de  travail  peut  s’accompagner d’une baisse des emplois, notamment en ce qui concerne le travail en entrepôt.

Le conseil et la résolution de problèmes, les compétences de demain ?

Dans ce contexte, le contenu des métiers du commerce évolue et tend vers une dimension davantage orientée vers les interactions sociales et la résolution de problèmes – des tâches qui sont difficilement automatisables. Ces changements impliquent des modifications sensibles dans la cartographie des compétences, ce qui met en exergue la nécessité d’une réflexion approfondie avec les partenaires sociaux sur la mise en place d’une gestion des emplois et des parcours professionnels et sur la mixité des métiers (GEPPMM) qui soit en phase avec les orientations stratégiques du secteur et de l’entreprise.

(Article réalisé en partenariat avec Syndex)