Julian Chénot, ex-alternant et champion de France aux Olympiades des métiers : « Maintenant c’est moi qui forme mes collègues ! »

Tous les deux ans, plus de 800 jeunes champions régionaux s’affrontent lors de la compétition nationale des métiers WorldSkills France. Plus de soixante professions sont représentées : métiers des saveurs, des arts, de l’industrie, de l’automobile, de la construction… C’est dans la catégorie « Aménagement paysager » que Julian Chénot, 20 ans, s’est illustré en septembre 2023 avec son binôme Thomas Costa, rencontré pendant ses études.

Julian Chénot

Paysagiste chez Daniel Moquet

Julian a décroché la médaille d’or au terme de trois jours d’épreuves alliant précision, efficacité et rapidité d’exécution. Et il ne compte pas s’arrêter là !

« J’étais curieux de voir jusqu’où je pouvais aller »

« J’ai commencé mon apprentissage chez Daniel Moquet en décembre 2019. J’étais alors en première au CFA de Roville-aux-Chênes, dans les Vosges. » Il enchaîne sur un BTS en alternance après l’obtention de son bac pro Aménagement paysager, toujours dans la même entreprise.

Alors que la fin de son alternance approche, il a l’opportunité de concrétiser un autre projet : « J’avais très envie de m’inscrire aux Olympiades des métiers depuis des années. Mais comme le concours n’a lieu que tous les deux ans, j’ai dû attendre début 2023 pour m’inscrire avec mon ami Thomas. »

Moins par jeu que par volonté de jauger ses compétences. « J’étais curieux de voir jusqu’où je pouvais aller et ce dont j’étais capable. C’est aussi un travail d’équipe, car on participe en duo. Il faut réussir à bien se coordonner lors des épreuves. On découvre également plein de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux. Je me suis dit que ce serait un plus dans ma vie pro si je devenais champion ! »

Quand alternance rime avec excellence

Julian et son équipier remportent d’abord la finale régionale, organisée à Metz fin mars 2023. « On s’est entraînés sans relâche pendant plus de trois semaines », se remémore-t-il. Horticulture, art floral, paysagisme et maçonnerie paysagère : l’épreuve mobilise un large panel de compétences dans les conditions du réel. « Le but est de créer un jardin paysager avec des matériaux imposés durant le temps imparti », explique Julian.

Le niveau de difficulté augmente d’un cran après cette première médaille, mais le duo se donne les moyens de ses ambitions : « Il a fallu poser des jours sans solde pour préparer la compétition nationale. On s’est entraînés pendant six semaines, au total, pour être fin prêts le jour J, aidés par les compétiteurs des mondiaux de l’édition précédente. On s’est basés sur leur épreuve pour préparer la nôtre, mais le plan de notre parcelle nous a été transmis seulement une semaine avant le concours. » Une règle qui place tous les participants sur un pied d’égalité durant les trois jours de la compétition.

Son employeur a, quant à lui, fait preuve de souplesse au quotidien. « Mon manager a été très compréhensif par rapport à mes absences, il était à fond derrière moi ! »

Une finale sous haute tension

La finale nationale WorldSkills s’est déroulée du 14 au 16 septembre dernier à l’Eurexpo de Lyon, face à un jury de 740 professionnels et plus de 100 000 visiteurs. « C’est ouvert à tout le monde. Il y a notamment beaucoup de collégiens et de lycéens qui viennent échanger avec nous. Ça leur permet de découvrir le métier de paysagiste autrement ! »

Le jour J, douze binômes issus de toutes les régions de France se donnent rendez-vous dans l’un des halls du parc d’expositions. Leur mission ? Aménager une parcelle de quatre par six mètres selon un cahier des charges précis. « On avait 18 heures pour le végétaliser, poser un dallage naturel et construire un mur en pierres sèches. Il fallait aussi créer un bassin et une arche en un temps record. C’était très stressant ! » se souvient le paysagiste.

Malgré une finale « très serrée », la réalisation de Julian et Thomas remporte l’adhésion des jurés. « Je pense que c’est notre cohésion et la minutie de nos ouvrages qui ont fait la différence. On est assez complémentaires ! »

La formation que Julian a reçue chez Daniel Moquet a aussi contribué à sa réussite : « Surtout pour la maçonnerie paysagère, car on fait beaucoup de pavage au quotidien. Même si on ne monte pas de murs en pierres sèches en entreprise, je connaissais déjà la technique pour les positionner correctement. »

Les mondiaux en ligne de mire

Julian n’a pas le temps de se reposer sur ses lauriers pour autant. Lui et son co-équipier ont intégré l’équipe de France des métiers dès la fin du concours. Ils défendront les couleurs de leur pays lors des prochains mondiaux, qui auront également lieu à Lyon du 10 au 15 septembre 2024. 22 nations participent à l’événement. « L’épreuve est un peu plus compliquée, avec un box plus grand, précise Julian. Les techniques à mettre en œuvre sont, quant à elles, similaires. »

La préparation est donc en toute logique plus intense. « On s’est déjà entraînés 100 jours depuis septembre ! » Le binôme bénéficie heureusement d’une préparation et d’un encadrement spécifique mis en place par les équipes de WorldSkills France.

Ultra motivé, Julian peut compter sur le soutien indéfectible de ses collègues chez Daniel Moquet. « Ils sont très fiers de moi. C’est en partie grâce à eux que j’en suis là aujourd’hui. Ce sont eux qui m’ont appris le métier à mes débuts, et maintenant c’est moi qui les forme à de nouvelles techniques ! »

Son parcours vous inspire ? « Il ne faut pas hésiter à se lancer dans les Olympiades, les MAF ou les MOF. Ce n’est jamais une perte de temps, car c’est une expérience très formatrice ! » conclut-il avant de nous donner rendez-vous à Lyon en septembre. On croise fort les doigts pour lui !