Pourquoi les candidats devraient rester en position de force face aux recruteurs d'ici 2035

« Une bombe démographique qui affecte notre pays », prévient Clément Beaune, Haut-commissaire à la stratégie et au plan. L’évolution de la population française dans les dix prochaines années devrait avoir des conséquences directes sur le marché du travail. Ce que révèle une étude réalisée par Antoine Foucher, économiste, ancien directeur de cabinet de la ministre du travail Muriel Pénicaud. D’ici 2035, le nombre de personnes en âge de travailler devrait diminuer dans notre pays, phénomène inédit depuis 1945.

Les entreprises auront de plus en plus de difficultés pour recruter

Depuis 2019, les enquêtes « besoins en main d’œuvre » (BMO) de France Travail révèlent que les entreprises ont des projets de recrutement de plus en plus difficiles. En 2025, 50 % des recrutements sont jugés difficiles par les employeurs et ce pourcentage n’a pas baissé depuis 2019 (hormis une exception en 2021 liée à la période du Covid-19).

« Depuis plus de quarante ans, les entreprises ont été habituées à une main-d’œuvre plutôt abondante, liée à une augmentation de la population en âge de travailler de près de 200 000 personnes par an. Avec une division par deux de cette augmentation annuelle depuis 2014, et un ralentissement programmé jusqu’à la stagnation et la diminution d’ici dix ans, les tensions de recrutement sont condamnées à rester très élevées pour la majorité des secteurs économiques », conclut Antoine Foucher dans son étude. De quoi rassurer de nombreux salariés qui sont au début ou au milieu de leur vie active, les entreprises chercheront massivement à recruter dans les dix prochaines années.

Le chômage de masse va reculer

La peur du chômage semble s’éloigner de plus en plus et devrait de moins en moins être un sujet de préoccupation dans les dix prochaines années sauf crise économique ou sanitaire brutale mais qui ne serait que provisoire. « Démographiquement parlant, les quatre décennies de chômage de masse que nous avons vécues entre le milieu des années 1980 et la fin des années 2010 sont désormais impossibles », explique l’étude.

Même en l’absence de croissance sur l’emploi, le chômage ne devrait pas augmenter. « Désormais, l’économie n’a plus besoin de créer beaucoup d’emplois pour limiter ou faire diminuer le chômage », confirme la note.

Un nouveau rapport va donc s’instaurer entre candidats et recruteurs

Les candidats vont de nouveau avoir l’embarras du choix concernant les offres d’emploi et les recruteurs devront s'adapter à avoir devant eux des salariés exigeants et sélectifs. Le phénomène commence à se faire sentir aujourd'hui, et les salariés mécontents n'ont plus peur de quitter leur poste.

Ainsi, avec près de 2 millions de démissions de CDI par an depuis quatre ans, auxquelles s’ajoutent plus de 500 000 ruptures conventionnelles, environ 15 % des salariés quittent volontairement leur CDI chaque année,

soit autour d’un sur sept (soit 2,5 millions de départs volontaires pour 16 millions de salariés en CDI).

Et que font ces salariés après avoir quitté leur poste ?« Contrairement aux idées reçues, ils n'en profitent pas pour rester sur leur canapé ». 86 % des personnes qui démissionnent d’un CDI sont à nouveau en emploi six mois après selon les chiffres de la Dares, comme le rappelle l'étude. L'« épidémie de flemme » dont parlait certains experts est donc un fantasme puisque le taux d'emploi en France n'a jamais été aussi haut. « Les Français n’ont jamais été autant au travail depuis cinquante ans, et c’est bien pour cela que les entreprises ont davantage de mal à recruter et que les salariés sont plus exigeants parce qu'ils sont en situation de choisir leur employeur. »