De la passion à la souffrance, les 7 types de cadres en entreprise

En début d'année, l'Apec s'est donnée pour mission "d'appréhender la façon dont les cadres perçoivent leur travail aujourd'hui et le lien entre cette perception et leur rapport à la mobilité professionnelle". L'association a ensuite dressé une typologie s'appuyant sur les témoignages de 13 000 cadres. L'étude révèle aussi les soft skills jugées les plus importantes par les cadres pour faire carrière, selon leur catégorie d'appartenance.

1. Les passionnés optimistes

Réalisation de soi, plaisir, passion sont les adjectifs utilisés par les passionnés optimistes pour décrive leur emploi. Ils s'y sentent heureux et satisfaits sur tous les plans (ambiance, intérêt des missions, équilibre vie pro vie perso, etc.). "Ils détiennent souvent des responsabilités hiérarchiques (44 %) et budgétaires (48 %)" et leur entreprise est souvent en bonne santé économique. Ils bénéficient plus souvent d'opportunités de déplacements à l'international. Ils se disent particulièrement confiants dans leur avenir professionnel. Ils sont aussi ceux qui ont plus souvent quitté volontairement leur entreprise et à connaître une mobilité géographique en France et à avoir occupé un poste dans un pays étranger.

L'ouverture d'esprit, l'efficience, la rectitude morale, l'interaction et l'énergie font, selon eux, partie des compétences qu'un cadre se doit de disposer. Cela tombe bien : "ils s'estiment eux-mêmes suffisamment formés aux soft skills (73 %) et (...) ils sont plus nombreux à penser que ces compétences sont plus importantes que les compétences techniques (28 %)".

2. Les comblés sereins

Épanouis ! Les cadres de cette catégorie ont à la fois le sentiment de se réaliser et ont plaisir à travailler. Leur poste, tant sur le fond (intérêt des missions, sens au travail) que sur les conditions (matérielles, de rémunération, relationnelles), l'articulation entre les sphères privée et pro mais aussi leurs perspectives d'évolution et de développement leur conviennent. S'ils déclarent stressés parfois - ni plus ni moins que les autres cadres, - ils s'ennuient rarement dans leur poste et ont de bonnes perspectives de carrière. Logiquement, ils sont peu enclins à changer de poste à courte échéance.

Les comblés sereins se disent parmi les mieux formés aux soft skills et mettent en avant leur honnêteté et leur fiabilité (à, respectivement, 70 % et 63 %). Ils aimeraient néanmoins développer en priorité des techniques de négociation (36 %) et de communication (35 %) et voudraient suivre des formations relatives à la gestion du stress à la diplomatie ou à la prise de décision.

3. Les confortables en veille

Certes ils se réalisent au travail (26 %) mais les confortables en veille estiment tout autant que leur travail est une habitude (26 %) qu'une nécessité (24 %). Leur taux de satisfaction est toutefois élevé en raison, notamment, des relations qu'ils entretiennent avec leurs collègues ou encore du sens trouvé au travail. Un environnement de travail agréable mais aussi perçu comme un "cocon qui ne leur offre pas forcément d'ouverture et ne leur promet pas d'enrichissement ou la progression à long terme souhaités". Ils font d'ailleurs partie de ceux qui souhaitent une augmentation de leur rémunération rapidement. Ils ne cherchent pas cependant activement à changer d'entreprise : 54 % d'entre eux ont répondu à une offre d'emploi et seulement 44 % ont réalisé un entretien. Peut-être est-ce dû à leur principale motivation : une hausse de leur rémunération avant une évolution hiérarchique ou le fait de gagner en responsabilités ? Mais aussi parce qu'ils craignent de "trouver moins bien au final" et ont peur de ne pas être confirmé dans leur nouveau poste.

Leurs qualités ? Les confortables en veille se disent fiables, adaptables et ils ont l'esprit d'équipe. "Ils se distinguent par une volonté accrue de développer leur sens de l'initiative".

4. Les stressés inquiets

Pour eux le travail se résume le plus souvent à une nécessité, au sens où "il faut bien gagner sa vie" même si une part non négligeable (20 %) le vit comme une réalisation de soi. Près des deux-tiers des stressés inquiets sont satisfaits de leur travail mais ils dénoncent "la mauvaise conciliation de leur temps de vie entre les sphères personnelle et professionnelle, un climat difficile dans la structure". Ils sont également peu optimistes sur leurs perspectives de carrière. Davantage rémunérés sur un variable que les autres cadres, le salaire a un impact direct sur leur niveau de stress. S'ils cherchent à changer de poste, c'est d'ailleurs majoritairement pour faire reculer ce stress et alléger leur quantité de travail puis pour gagner un meilleur salaire. Mais ils craignent, comme les confortables en veille, qu'un nouveau poste soit finalement décevant.

Pour les stressés inquiets, le cadre idéal est "doté de solides résistances face au stress, des capacités d'adaptation et un sens développé de l'organisation". Près de la moitié d'entre eux déplore ne pas être suffisamment formé aux soft skills. Enfin, pour leur changement de poste ils se disent particulièrement demandeurs de soutien : partage d'expérience, formation métier, aide d'un consultant, etc.

5. Les déçus en recherche

Nécessité ou routine, le travail apporte peu de satisfaction à cette typologie de cadres. L'environnement de travail n'est pas un problème mais ils sont déçus de l'intérêt de leur poste, de leurs perspectives d'évolution et du développement de leurs savoirs et savoir-être. Pas forcément plus stressés que les autres cadres ils déclarent, en revanche, s'ennuyer ferme. En général, ils sont moins à des postes à responsabilités ou stratégiques. Leur volonté de mobilité s'explique par "le désir ardent de (re)donner du sens à leur travail (75 %). Ils sont, par ailleurs, particulièrement mus par l'ambition de relever un nouveau challenge (68 %) et par l'envie de découvrir un autre poste (54 %)". Enfin, ils souhaitent monter en responsabilités, grimper en hiérarchie et en autonomie.

Ils se décrivent honnêtes, confiants, adaptables et curieux. Ils estiment qu'un manager doit savoir s'organiser et décider. Ainsi, près de la moitié d'entre eux souhaiteraient développer leurs compétences humaines et relationnelles (48 %). Ils jugent en outre qu'un "accompagnement pourrait leur être bénéfique dans la définition d'un nouveau projet professionnel capable de les faire rebondir et de les inscrire dans une dynamique porteuse de sens".

6. Les insatisfaits craintifs

Stress et souffrance dominent chez les insatisfaits craintifs. 85 % se considèrent souvent tendus au travail même si 60 % déclarent également s'ennuyer et trouver leur poste monotone. Ces cadres évoluent plus souvent dans des entreprises en difficultés économiques. Ils se sentent coincés dans leur poste et trouvent insatisfaisante leur rémunération qui, selon eux, n'augmentera pas cette année. Leur carrière a aussi été plus morcelée que les autres cadres : chômage de plusieurs mois, licenciement, mobilité géographique. Ceux qui ont changé de poste l'an passé l'ont été également plus souvent que les autres cadres suite à un licenciement plutôt qu'à une démission. Ils sont aussi moins confiants face au risque du chômage et jugent leurs compétences insatisfaisantes.

Ils souhaitent apprendre en priorité à mieux développer leur sens de la communication, de leur résistance au stress et de leurs aptitudes à négocier. Pour eux, un cadre "exemplaire est avant tout un cadre qui sait gérer les tensions, sait s'adapter, faire preuve d'un sens pointu de l'organisation et qui détient un pouvoir de décision".

7. Les éprouvés persévérants

Pour eux non plus, ça n'est pas facile. Les éprouvés persévérants sont dominés par l'ennui, leur travail est une nécessité vécu "comme une contrainte et comme une souffrance". Plus stressés que la moyenne, ils sont aussi ceux qui s'ennuient le plus (82 %). Ils ont, eux aussi, subi plus d'incidents dans leur parcours pro et, plus que les autres, ils ont fait face à une longue maladie. "La moitié des éprouvés persévérants se sent directement menacée par le chômage dans un avenir proche". Leur principale motivation au changement est de retrouver du sens au travail, suivie par une hausse de leur rémunération et le challenge d'un nouveau poste. Ce sont les plus dynamique en matière de recherche d'emploi.

Ils se jugent les moins bien formés aux soft skills, qu'ils jugent aussi moins importantes que les compétences techniques. Ils n'en possèdent pas moins des qualités relationnelles et se décrivent honnêtes, de confiance, ayant le sens du collectif, à l'écoute, empathique et désireux d'apprendre. Ils souhaitent développer leur optimisme et leur motivation.

(Getty images / alvarez)