Paris Pionnières : "L'écosystème des startups est très vivant à Paris, plus qu'ailleurs"

Comment est né l'incubateur Paris Pionnières ?

L'incubateur a été créé il y a 12 ans. Notre travail est de favoriser l'arrivée des femmes entrepreneures dans le domaine de l'innovation et des startups à Paris. En tout, nous avons accompagné plus de 350 entreprises innovantes avec un taux de pérennité de 85%. Paris Pionnières possède d'ailleurs le label Paris innovation attribué par la Ville qui permet à nos entreprises d’être éligibles à un financement du fonds Paris Innovation Amorçage abondé à parts égales par la BPI et la Mairie.

Quand Paris Pionnières est née,  on comptait moins de 5% de femmes à la tête de startups à Paris. Aujourd'hui, elles sont 21% à Paris, un pourcentage très important puisqu'elles sont moins de 10% à l'échelle nationale. Nous observons aussi un changement concernant les thèmes : auparavant les startups étaient plus serviciels, aujourd'hui  elles couvrent tous les champs de l'innovation.

Nous créons aussi des Possible Camp, des évènements qui permettent à des groupes de femmes qui ont une idée de projets mais beaucoup de questions de se plonger dans le monde de l'entrepreneuriat et de l'innovation.

Pourquoi Paris devient le nouveau paradis des startuppeurs

Paris, est LA ville où il faut entreprendre si l'on en croit tous les articles sur le sujet. Etes-vous d'accord avec cela?

Oui complètement. Il n'y avait que trois incubateurs à Paris il y a 10 ans, il y en a plus de 60 aujourd'hui.  Quand ailleurs en France, les projets en sont au stade 1 avec des financements de particuliers, ici, nous sommes sur un marché qui a gagné en maturité puisque les financements sont devenus publics et corporate. La Ville de Paris a déjà investi 1 milliard d'euros dans l'innovation et c'est énorme. L'écosystème est très vivant à Paris plus qu'ailleurs. Mais ce n'est pas gagné pour les femmes car les startuppeuses ne sont pas assez mises en avant.

Il y a urgence car l'innovation et les startups, c'est le futur de l'économie. Pour le moment il n'y a que 10% de femmes contre 90% d'hommes dans un univers qui concentre tout le capital actuel. C'est l'avenir qui se joue aujourd'hui et les femmes en sont absentes.

Paris, 12ème ville mondiale pour entreprendre au féminin

Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?

L'écosystème des startups est très tourné sur l'égo, lié à la culture du jeune geek. Nous sommes face à des jeunes hommes de moins de 30 ans sortis des grandes écoles, souvent bien nés, qui se ressemblent et s'habillent tous pareil. Et ça donne la Une de Capital avec une photo sur laquelle on ne voit pas une seule femme. La journaliste qui a réalisé le reportage nous a affirmé qu'elle n'avait pas trouvé de femme. Faux! Nous lui avons donné 10 à 15 exemples et sans chercher très loin. Il y a aussi un problème de représentation mentale. En général l'entrepreneur est un homme qui a reçu le goût de l'entrepreneuriat. Les femmes n'ont pas de modèle, elles ont donc besoin de se retrouver ensemble pour se soutenir.

Devialet, Actility, Algolia... nos start-up sont enfin prêtes à jouer dans la cour des grands https://t.co/oFNwA3bNAH

— Capital (@MagazineCapital) 29 août 2017

Le coup de gueule en photo des créatrices de start-up @AnneMarieRocco https://t.co/8A2LNvj0sf — Challenges (@Challenges) 4 septembre 2017

Quelles solutions pour les Parisiennes qui entreprennent ?

Beaucoup d'investisseurs sont présents à Paris. C'est une ville formidable pour créer son projet. Mais ils veulent des startups déjà "faites" en quelque sorte. Les investisseurs prennent des parts directement dans la startup. Il faut donc être un "killer". Or c'est avant que les femmes ont besoin de soutien, au moment de l'amorçage.  Si on ne les accompagne pas à partir de ce moment précis, elles n'iront pas jusqu'au bout. L'autre problème c'est qu'il n'y a pas non plus assez de femmes investisseur(e)s et les investisseurs masculins font plus facilement confiance à un homme.  Pourtant il y a de nombreuses opportunités du côté des femmes, toutes les grandes écoles ont leur incubateur maintenant, signe de réelles envies, en particulier chez les femmes.