Lutte contre le sexisme : où en est le monde du travail en 2025 ?

Le sexisme persiste dans le monde du travail. D'après le baromètre du Haut Conseil à l'Égalité (HCE), la sphère professionnelle reste la plus inégalitaire (76 %, +2 % par rapport à 2022), devant la rue et les transports (71 %), le monde politique (70 %) et le monde du sport (67 %). À l’occasion de la journée nationale de lutte contre le sexisme qui était célébrée le 25 janvier dernier, faisons un point chiffré.

8 femmes sur 10 ressentent des inégalités au travail

Dans son rapport, le HCE observe « une zone d'évolutions, en ce qui concerne le sexisme dans le monde professionnel ». En 2024, 83 % des femmes (76 % des Français, -4 points par rapport à 2023) jugent encore qu’elles ne sont pas traitées à égalité avec leurs collègues masculins, bien que ce sentiment ait diminué de 4 points par rapport à l’an passé. Ces inégalités femmes-hommes se ressentent dès l'accès à un emploi, avec des opportunités professionnelles qui divergent.

2 femmes sur 5 se sentent discriminées au travail (en baisse)

À niveau supposé équivalent, 10 % des femmes disent avoir déjà vécu une discrimination à l'emploi (-2 % par rapport à 2022). Qu'est-ce qui explique ce phénomène ? Les stéréotypes de genres, qui impactent fortement « les conditions de travail et la reconnaissance des compétences des femmes et des hommes ». L'étude note quand même quelques améliorations sur ce point-là.

Le stéréotype selon lequel « les femmes prennent les postes des hommes sur le marché du travail » recule (15 %, -4 points), tout comme le sentiment d'avoir été discriminée dans ses choix d'orientation professionnelle (33 %, -7 points) ou dans son travail (41 %, -5 points). Dès les premiers pas sur le marché du travail, ces discriminations se ressentent, avec « plus de 80 % de l'emploi non-mixte », dont 57 % des métiers à prédominance masculine sur les 77 métiers étudiés par le baromètre. Pour rappel, selon l’Insee, un métier est considéré comme mixte s’il compte entre 40 et 60 % d’hommes et de femmes. Si les discriminations au travail semblent reculer, celles liées au salaire suivent-elles cette tendance ?

L'écart salarial recule… mais le plafond de verre résiste

D'après le baromètre, « l’expérience de l’écart de salaire avec un collègue masculin est également en recul » (21 %, -3 points). Ce léger progrès ne suffit pas à masquer les profondes inégalités encore constatées, avec des chiffres qui restent inquiétants : seulement 22 % des femmes figurent parmi les salariés les mieux rémunérés, et 55 % des emplois à bas salaire sont occupés par des femmes. Lorsque vient le moment de demander une augmentation ou une promotion, 33 % n'osent pas (-2 points par rapport à 2022), du fait des mêmes stéréotypes de genre et inégalités structurelles évoquées précédemment. Cette résignation s'observe aussi dans les interactions en groupe, où 18 % des femmes reconnaissent avoir des difficultés à prendre la parole au sein d'un groupe d'hommes (+3 points par rapport à 2022). Ce silence reflète un phénomène visible en réunion : le boys club, qui semble de moins en moins déranger les Français.

« Une plus grande tolérance au phénomène de boys club »

Le boys club au travail, c'est lorsque des hommes dominent les interactions, les prises de décision ou les discussions, souvent au détriment des femmes. Cette année, le HEC constate « une plus grande tolérance » à ce phénomène. Par exemple, 44 % des Français trouvent dérangeante une réunion de travail où il n’y a que des hommes, mais cette gêne semble s'atténuer : ils étaient 49 % en 2023. Même constat pour le mansplaining : 64 % des Français sont dérangés lorsqu'un homme explique à une femme ce qu'elle connait déjà, en recul de 5 points également.