Pourquoi 2025 ne sera pas forcément une année noire pour l’emploi

Croissance en berne, chômage en hausse, plans sociaux qui se préparent, la tendance qui se dégage pour l’année 2025 concernant le marché de l’emploi est loin d’être enthousiasmante. Certains médias parlent même d’année noire. Le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 4% ce trimestre selon les derniers chiffres du ministère du Travail. Alors, faut-il vraiment s’attendre à des difficultés si on recherche un emploi cette année ? On a demandé à David Beaurepaire, directeur délégué d’Hellowork, un décryptage de ce contexte morose.

Pourquoi y’a-t-il autant de prévisions pessimistes concernant le marché du travail en 2025 ?

« Ce qu’on peut dire c’est que le contexte n’est pas optimal en termes d’emploi mais je ne dirais pas qu’il est catastrophique. Et je n’aime pas parler « d’année noire », les volumes d’offres d’emploi restent supérieurs à ceux que l’on connaissait avant la crise sanitaire. On ne crée plus d’emploi dans le secteur privé et public, c’est une certitude, mais on a toujours besoin de remplacer des personnes qui démissionnent ou qui partent en retraite. Sur le site Hellowork, si l’intérim baisse, on n’assiste pas à un grand effondrement des offres en CDI même si on observe un léger fléchissement autour de 8% sur le dernier trimestre 2024  ».

On annonce une hausse des défaillances d’entreprise cette année, cela va donc menacer directement des emplois ?

« En fait, on assiste actuellement à un phénomène de rattrapage des années Covid, avec la fin des PGE (prêts garantis par l’Etat). Il y a des entreprises qui ont été maintenues artificiellement en vie et qui n’ont pas la possibilité de rembourser ces prêts. Tous les emplois ne sont pas concernés car certains secteurs sont plus impactés que d’autres. C’est notamment le cas de l’immobilier qui traverse par ailleurs une importante crise après des années fastes ou de la construction. Certains acteurs industriels sont également touchés. »

Faut-il craindre une remontée du chômage cette année ?

« On est dans une phase de rééquilibrage, avec une augmentation très probable du chômage jusqu’à la fin de 2025, au-delà, difficile de se prononcer même si cela s’inscrit dans une dynamique démographique : la population active n’augmente plus ou très peu et à moyen terme commencera à diminuer (en fonction des évolution de l’âge de départ à la retraite), à moyen terme, le chômage a vocation à baisser avec un déficit structurel de main d’œuvre, même si 2025 ne sera pas sur ce registre. Il y aura donc besoin de candidats à l’avenir. »

Est-ce qu’on pourrait craindre que dans ce contexte, les salariés hésitent plus à démissionner et donc que les entreprises recrutent moins ?

« Oui, il pourrait y avoir une interrogation du côté de certains qui resteraient pour de mauvaises raisons, par peur du changement dans un contexte dégradé. On peut donc craindre une baisse de la mobilité en 2025 en raison du contexte incertain qui se profile. Des candidats vont peut-être attendre et repousser un projet de mobilité professionnelle. La crise du marché de l’immobilier freine aussi les mobilités géographiques. »

Est-ce qu’il y a quand même des raisons de rester optimiste ?

« Oui, car le taux d’emploi en France reste élevé. Selon l'OCDE, il n'a jamais été aussi haut dans notre pays depuis 2008.  En plus, des métiers comme la santé, le commerce, et de nombreux autres secteurs continuent de recruter énormément ( il y a actuellement plus de 750 000 offres actuellement sur Hellowork) ! Il y a vraiment un gros enjeu pour augmenter l’attractivité de ces postes. Si ce premier semestre 2025 s’annonce compliqué au niveau de la conjoncture, il est tout à fait possible qu’une reprise ait lieu au second semestre, donc il est vraiment difficile de tirer des conclusions alarmistes dès ce début d’année. »