Le bâtiment engage sa "révolution verte"

"La profession est entrée de plain-pied dans un processus visant à mieux respecter l'environnement", se réjouit Yvon Tumson, directeur qualité, sécurité et environnement (QSE) de l'entreprise Spie Batignolles. Une prise de conscience nécessaire pour le bâtiment, secteur le plus pollueur du pays après les transports.

Les constructions tertiaires et résidentielles étant à l'origine de 22,4% des émissions de CO2 en France, le BTP s'est vu fixer des objectifs forts lors du Grenelle de l'environnement à l'automne dernier. La filière doit ainsi réduire la consommation d'énergie d'environ 20% dans les bâtiments tertiaires et de 12% dans le résidentiel en cinq ans, et de plus d'un tiers à l'horizon 2020.

> Nouvelles compétences

Quant à la construction neuve, elle adopte aussi cette nouvelle donne, en multipliant les réalisations répondant aux normes de haute qualité environnementale (HQE). Une bonne nouvelle pour les affaires... et pour l'emploi. "Nous comptons actuellement 65 salariés, et nous envisageons de doubler les effectifs d'ici à la fin de l'année", déclare ainsi Thierry Lepercq, fondateur de Solaire Direct, une entreprise qui conçoit, installe et exploite des infrastructures photovoltaïques utilisant l'énergie solaire. Des PME, situées sur des niches comme la récupération des eaux de pluie ou la construction à base de matériaux comme le chanvre, font également leur miel du tournant écologique du secteur.

Par ailleurs, cette révolution "verte" crée de nouvelles compétences. "Les entreprises de construction ont développé des postes de responsables environnement chargés de mettre en place des procédures respectant les exigences du développement durable, explique Yvon Tumson. Viennent ensuite les personnes dont la mission consiste à vérifier que ces procédures sont bien respectées sur les chantiers. Côté fournisseurs, des ingénieurs travaillent sur l'élaboration de matériaux écologiques. Enfin, les acteurs chargés de la conception - cabinets d'architectes, bureaux d'études - ont besoin de personnels sachant mettre au point des bâtiments à énergie positive."

> Eduquer les acteurs de la filière

Dans le domaine des travaux publics, mêmes transformations en vue. "Plutôt que de construire des routes, le Grenelle fixe pour objectif de développer les chantiers de construction de lignes à grande vitesse pour le train et le tramway, plus écologiques", explique Clotilde Terrible, chef du service environnement et développement durable de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP).

Reste à éduquer l'ensemble des acteurs de la filière. "Sur le million de professionnels qui travaillent actuellement dans le secteur du BTP, une infime partie est opérationnelle, estime Mickaël Micmacher, directeur de l'Institut de formation à l'écoconstruction (Ifeco), un organisme dédié aux métiers du bâtiment. Pour le seul volet réhabilitation, qui concerne 16 millions de logements, il faudrait former environ 200 000 personnes à l'utilisation des techniques et des nouveaux matériaux !" Rome ne s'est pas construite en un jour...

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