La filière verte part à la chasse aux techniciens

En 1995, entourés d'une poignée de collaborateurs, Jean-Paul Cammarano et son épouse créent une petite entreprise spécialisée dans les pompes à chaleur, un système de chauffage respectueux de l'environnement. En 2008, France Géothermie emploie 130 personnes, dispose d'une filiale et continue de se développer.

"Nous envisageons de recruter entre 200 et 250 nouveaux collaborateurs d'ici à la fin de l'année sur tout le territoire national", explique le dirigeant. Une exception ? Non, car au-delà des entreprises de pompes à chaleur qui ont connu une croissance de 30 % l'an dernier, toute la filière de l'environnement affiche un moral au beau fixe. "Ces métiers représentent à l'heure actuelle environ 375.000 emplois en France et embauchent plus de 2% de main-d'oeuvre supplémentaire chaque année depuis dix ans", pointe ainsi Bernard Poupat, responsable de l'unité société et économie à l'Institut français de l'environnement (Ifen).

> Donner du sens à sa carrière

Il faut dire que le contexte est particulièrement favorable. Aujourd'hui, l'environnement constitue une réalité économique. Quelques exemples ? La directive européenne relative aux déchets d'équipement électrique et électronique (D3E) a imposé en juillet 2006 le tri, la collecte et le recyclage des appareils ménagers (réfrigérateurs...) et des équipements informatiques et de télécommunications (ordinateur, télés). Le récent Grenelle de l'environnement, lui, a rappelé que l'Union européenne prévoit de faire passer la part des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie de 8,5% à 20% en 2020. Autant de défis qui nécessitent de procéder à des embauches massives.

Ainsi, Suez environnement (environ 5.000 postes proposés chaque année en France) disposera pour la première fois d'un stand recrutement lors du prochain salon spécialisé Pollutec, fin 2008. Et dans le domaine, l'offre rencontre la demande et les candidats ne manquent pas. "Le terme environnement est connoté positivement dans l'esprit des jeunes diplômés. Nous voyons aussi passer beaucoup de candidatures de personnes en réorientation professionnelle, qui aspirent à donner du sens à leur carrière", éclaire ainsi Michael Pronier, créateur du site Envirojob.

> Nouveaux métiers

Si la variété des tâches est large - du commercial au consultant en passant par le manager -, la plupart des compétences recherchées se situent dans les domaines techniques (maintenance, exploitation...). "Ce sont les électriciens, installateurs ou encore les mécaniciens qui sont le plus demandés. Autant de profils d'ouvriers et d'employés, même si la filière a également besoin d'ingénieurs", confirme David Ascher, cofondateur du site d'annonces spécialisé Emploi-environnement. Nombre de métiers traditionnels sont eux aussi touchés. "Prenons un chauffagiste : ses compétences ne changent pas du tout au tout, mais il doit désormais savoir manier les chaudières à énergie positive", reprend David Ascher.

Enfin, de nouveaux postes de responsable ou de coordinateur environnement apparaissent dans les sociétés. Leur rôle ? Planifier et veiller à ce que la politique "durable" de leur groupe soit bien respectée. Désormais, l'environnement fait partie intégrante des préoccupations des entreprises.

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