Pour réussir dans la vie, mieux vaut être fils de cadre que fils d’ouvrier

Nés sous la même étoile ? feint de s'interroger la Dares dans sa dernière étude sur l'origine sociale et le niveau de vie en France. La réponse ne surprendra personne : "personne ne joue avec les mêmes cartes". Le ministère du Travail s'est penché sur un échantillon de la population née en France et âgée de 27 à 44 ans afin de vérifier comment le niveau de vie des personnes varie selon la profession de leur père. Résultat, "la France, qui par ailleurs parvient à contenir le creusement des inégalités de revenus, accuse des inégalités des chances importantes, notamment aux deux extrémités de la distribution sociale". Ainsi, un fils de cadre supérieur a 4,5 fois plus de chances d'appartenir aux 20 % les plus riches qu'un fils d'ouvrier. L'âge, le sexe, l'ascendance migratoire joueraient à la marge face au poids de l'origine sociale, précise la Dares.

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Niveau de vie et origine sociale

Parmi l'échantillon étudié, sur dix individus nés entre 1970 et 1984, 4 sont fils d'ouvriers, 2 ont un père qui exerçait une profession intermédiaire, 1 a un père qui était employé. Les autres comptent, pour une première moitié, un père artisan, commerçant ou agriculteur et, pour l'autre moitié, un père cadre supérieur ou exerçant une profession intellectuelle supérieure ou, encore plus rare, un chef d'entreprise. Un échantillon qui correspond à la "réalité sociologique moyenne" en France.

Et d'une classe à l'autre, les mobilités sont rares, très rares. "On est bien loin d'une situation d'égalité des chances pure, où chacun aurait une chance sur cinq d'appartenir à un groupe ou l'autre, quelle que soit la profession du père". Un fils dont le père exerçait une profession libérale a 1 chance sur 2 de faire partie des 20 % les plus aisés. Et seulement 1 chance sur 14 d'appartenir aux 20 % les plus modestes. Suivent les enfants de cadres et de chefs d'entreprise de plus de 10 salariés qui ont 2 chances sur 5 d'appartenir aux 20 % les plus aisés, "contre une chance sur 10 parmi les plus modestes". Les enfants d'ouvriers agricoles, d'ouvriers non qualifiés et de personnels de services ont eux, à l'inverse, 3 chances sur 10 d'appartenir aux 20 % les plus modestes, contre seulement 1 chance sur 10 d'appartenir aux 20 % les plus aisés.

Le risque d'appartenir à un ménage pauvre, soit un niveau de vie 60 % inférieur au revenu médian, est, là encore, lié en grande partie à l'origine sociale. C'est, par exemple, seulement le cas de 4 % des enfants dont le père était cadre supérieur contre 16 % pour ceux dont le père était ouvrier non-qualifié.

Faire un bon mariage 

Qu'est-ce qui limite les chances de mobilité sociale ? Essentiellement le niveau de diplôme, qui déterminera ensuite le niveau de vie, mais aussi la reproduction sociale. "Ainsi l'homogamie éducative résulte de l'interaction entre homogamie sociale et inégalité des chances : c'est parce que les enfants d'ouvriers se mettent plus souvent en couple entre eux et que les enfants de cadres supérieurs font de même, et parce que la réussite scolaire est moins élevée chez les premiers que chez les seconds, qu'un enfant d'ouvrier a moins de chances d'être en couple avec un bachelier qu'un enfant de cadre". 

L'ascenseur social semble également bloqué en France. Une autre étude de l'OCDE, publiée au mois de juillet, explique qu'il faut 6 générations pour qu'un enfant de famille pauvre parvienne à gagner le revenu moyen... Bref, les classes sociales ne sont pas mortes et c'est en misant sur l'éducation qu'il est possible d'en limiter leur influence.

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