En Corée du Sud, le gouvernement veut augmenter le temps de travail à … 80h par semaine !

Alors que nos voisins européens se lancent dans des expérimentations autour d’un passage à 32h ou de la mise en place de la semaine de 4 jours, la Corée du Sud se tourne vers une voie radicalement différente.

Doublement du temps de travail hebdomadaire

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol n’y est pas allé par quatre chemins au moment de résumer sa nouvelle réforme du travail : « C’est impopulaire mais nécessaire ».

Et la mesure phare de cette réforme n’est autre que l’allongement du temps de travail hebdomadaire. Le président envisage de porter le volume horaire maximal à 80h ! La semaine de travail en Corée du Sud est actuellement de 40h, plus une douzaine d’heures supplémentaires autorisée.

Le gouvernement précédent avait mis cinq ans à faire adopter la semaine de 52h, contre 68 heures auparavant. Mesure votée en 2018 puis appliquée progressivement aux entreprises en fonction de leur taille, elle ne s’était finalement étendue à tout le pays que l’année dernière, en juillet 2021. Les Sud-Coréens n’auront donc pas profité longtemps du doux régime des 52h hebdomadaires…

Un climat social tendu

Pas de quoi inquiéter le nouveau président de Corée du sud, qui semble même avoir mis un peu d’eau dans son vin. Lors de son élection en mars dernier, Yoon Seok-yeol s’était en effet exprimé en faveur de la semaine de … 120h ! Mais uniquement sur certaines périodes de pointe bien sûr.

« Pour développer un jeu, vous devez travailler une semaine entière au lieu de 52 heures par semaine. Vous devriez pouvoir travailler dur même pendant 120 heures et ensuite pouvoir vous reposer autant que vous le souhaitez. »

Une semaine comportant 168h au total, travailler 120h par semaine laisserait tout de même à chaque salarié 7h par jour pour dormir et manger. Pas de quoi crier au loup, donc.

Ses adversaires politiques n’avaient pourtant pas hésité à assimiler sa proposition au régime nazi. L’opposant Kim Young-bae avait ainsi affirmé que « le camp de concentration d’Auschwitz, c’était 98 heures de travail par semaine, et les gens travaillaient 90 heures pendant la révolution industrielle en Grande-Bretagne ». Ambiance.

Pas sûr que la semaine de 80h apaise un climat social déjà très tendu dans le pays, qui se remet doucement d’une grève historique du secteur des transports. Les syndicats sud-coréens ont appelé le gouvernement à la table des négociations sur cette question du temps de travail, sans trop se faire d’illusion… Yoon Seok-youl s’étant félicité d’avoir tenu tête aux routiers malgré les protestations de l’OIT qui dénonçait une atteinte au droit de grève.

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