Doctorant en Ergonomie - Conception Centrée Utilisateur de Dispositifs Numériques Interactifs et Engageants pour l'Accompagnement Rééducatif des Personnes Aphasiques H/F CNRS

L'aphasie est un trouble du langage, souvent lié à un accident vasculaire cérébral, qui peut affecter de manière variable les capacités d'expression, de compréhension, de lecture ou d'écriture (Repetto et al., 2021). Ce trouble pose des défis importants pour les personnes concernées, notamment dans leurs interactions sociales et leur autonomie quotidienne. La rééducation orthophonique permet d'accompagner ces patients, mais elle reste souvent limitée dans le temps et nécessite des formes de soutien complémentaires, notamment en dehors des séances thérapeutiques.
Divers outils numériques ont émergé ces dernières années pour répondre à ces besoins : applications mobiles, logiciels d'entraînement, dispositifs d'aide à la communication (Oussama et al., 2021 ; Phosanarack et al., 2025). Bien que prometteuses, ces technologies peinent parfois à soutenir efficacement l'apprentissage des patients tout au long de leur parcours de réadaptation et ne s'adaptent pas forcément à l'évolution de leurs capacités. En effet, la rééducation est un processus complexe qui nécessite l'engagement actif du patient, et les options personnalisées de ces technologies restent souvent limitées à des interactions communicatives (écrites, orales et informatives) fournies via une plateforme numérique. Or, ces dimensions d'adaptabilité et d'engagement sont encore peu explorées ou partiellement prises en compte dans les approches existantes.
Une voie prometteuse consiste à intégrer, dès la phase de conception, des techniques issues des interventions numériques pour le changement de comportement (Digital Behaviour Change Interventions (DBCI) et les Digital Health Interventions (DHI)) (Pinder et al., 2018). De nombreux DBCI intègrent de multiples techniques de changement de comportement (par exemple, la fixation d'objectifs, le retour d'information, le renforcement), mais sans qu'un cadre théorique clair ne guide leur sélection. Cette approche désordonnée peut aboutir à des combinaisons inefficaces ou à des mécanismes d'action contradictoires (Michie et al., 2013). Leur sélection et leur mise en oeuvre doivent être adaptées avec finesse aux caractéristiques cognitives, émotionnelles et interactionnelles des personnes aphasiques. Cela suppose une démarche ergonomique rigoureuse, centrée sur les usages réels et les expériences vécues (Barcenilla & Bastien, 2009).
Cette thèse contribuera à une meilleure compréhension des leviers d'engagement et d'autonomisation des personnes aphasiques dans un contexte de rééducation assistée par la technologie. En combinant les apports des sciences humaines et sociales, de l'ergonomie et de l'interaction humain-machine (IHM), elle visera à identifier les conditions d'usage, les freins et les facilitateurs spécifiques à cette population. En s'appuyant sur une démarche centrée utilisateur, associant patients et professionnels de santé à chaque étape, cette recherche visera à définir des principes de conception adaptés, respectueux des capacités cognitives et émotionnelles des utilisateurs, et aboutira à la réalisation d'un prototype qui sera testé et évalué.

Activités / Travaux réalisés et moyens mis en oeuvre :
Les étapes à suivre sont les suivantes :
- Réaliser un état de l'art sur les interventions numériques de changement de comportement (DBCI), en particulier celles intégrant des mécanismes de personnalisation et d'engagement, appliquées au domaine de la santé et de la rééducation ;
- Analyser les dispositifs existants (applications mobiles, aides technologiques, systèmes de communication augmentée, etc.) visant à accompagner les personnes aphasiques, en portant une attention particulière aux stratégies adaptatives mises en oeuvre pour répondre à l'hétérogénéité des profils utilisateurs ;
- Mettre en oeuvre une démarche centrée utilisateur, en impliquant patients aphasiques, proches aidants et professionnels de santé. Cette démarche inclura l'analyse fine des besoins, la co-conception de solutions numériques adaptées (ex. : technologies multimodales, interfaces adaptatives), puis l'évaluation des prototypes.

Compétences : Le ou la candidat(e) devra être titulaire d'un Master 2 en Ergonomie, de préférence reconnu par la certification d'Ergonome Junior Certifié (EJC). Il/elle devra démontrer un intérêt affirmé pour la conception centrée sur l'utilisateur et l'innovation. Le ou la candidat(e) devra manifester un fort intérêt pour la recherche pluridisciplinaire, en particulier dans les domaines de l'ergonomie et de l'interaction humain-machine. Une excellente maîtrise du français, à l'oral comme à l'écrit, est indispensable pour mener les activités de recherche et assurer une collaboration efficace avec les acteurs locaux. Une maîtrise de l'anglais est également souhaitée.

Encadrement :
Christophe Kolski, Professeur des universités en Informatique, directeur de thèse
Christian Bastien, Professeur des universités en Psychologie et Ergonomie, co-directeur de thèse
Eugénie Avril, Maître de Conférences en Ergonomie, co-encadrante
Sophie Lepreux, Maître de Conférences en Informatique, co-encadrante

Contexte de travail
La thèse se déroule au LAMIH-UMR CNRS 8201, situé à l'Université Polytechnique Hauts-de-France, Valenciennes, France. Elle s'intégrera dans le projet JCJC ANR TeCAPE (Technologie pour l'engagement et l'assistance personnalisée des personnes atteintes d'aphasie dans le cadre de la rééducation).
Le ou la candidat(e) s'intègrera dans une équipe de recherche possédant une longue expérience en ergonomie et interaction humain-machine, plus particulièrement en conception et évaluation des systèmes interactifs, interaction adaptative, personnalisée, sensible au contexte, et ceci dans différents domaines d'application, incluant celui de la santé.

Le poste se situe dans un secteur relevant de la protection du potentiel scientifique et technique (PPST), et nécessite donc, conformément à la réglementation, que votre arrivée soit autorisée par l'autorité compétente du MESR.
Contraintes et risques
Les travaux se dérouleront dans un laboratoire ZRR, le dossier de la personne candidate devra donc être validé par le haut fonctionnaire sécurité défense de l'UPHF.
Compte tenu des spécificités de l'unité, des fermetures sont imposées par l'UPHF : 4 semaines pour la fermeture estivale, 2 semaines en fin d'année, 1 semaine pendant les vacances d'hiver, 1 semaine pendant les vacances de printemps. L'agent recruté sera tenu de prendre ses congés durant ces périodes.