
Bourse Doctorale Programme Miti « Chimie-Pollution-Textile le Textile Tue-T-Il » H/F CNRS
Villeneuve-d'Ascq - 59 CDD- Service public des collectivités territoriales
Détail du poste
Sujet « Chimie-Pollution-Textile : le textile tue-t-il ? »
(ChiPoTex)
Le secteur textile est le pilier de la « révolution industrielle » enclenchée au XVIIIe siècle, d'abord en Angleterre puis qui se diffuse avec plus ou moins de vigueur sur le continent européen et en Amérique du Nord. Cette « révolution » repose sur la culture et la transformation d'une fibre naturelle (le coton) cultivée en Amérique et en Asie et transformée et consommée en Europe (Chassagne 1987). Au tournant des XVIII et XIXe siècles, la mécanisation des filatures et l'introduction d'une nouvelle source d'énergie (charbon-vapeur) entraînent une croissance industrielle inégalée et la mondialisation. « Fibre propre », légère et de maniement facile comparée aux autres comme la laine, le chanvre ou au lin, le coton est apprécié pour sa souplesse et sa capacité à fixer les teintures.
La brutale rupture des approvisionnements européens liée à la guerre de Sécession incite à multiplier les sites de production en Asie et en Afrique. Le secteur textile reste le premier pourvoyeur d'emplois des territoires de l'industrialisation européenne. Il est à l'origine de fortunes familiales et de dynasties patronales souvent paternalistes (Mastin 2011, Daumas 1999) mais qui, du moins pour celles qui traversent les siècles, manifestent une capacité d'adaptation remarquable pour se procurer les matières premières, en inventer de nouvelles, résister à la concurrence de pays à bas salaire et trouver de nouveaux débouchés et de nouveaux fournisseurs (Roberts 1996).
La force du secteur réside moins dans la substitution du capital au travail (la main-d'oeuvre souvent féminine est peu couteuse) que dans sa capacité à innover et à nouer des alliances avec le monde de la chimie. Ces alliances expliquent le passage de la fibre naturelle à la fibre artificielle (ajouts de fibres non naturelles) puis à la fibre synthétique (fabrication de fibres par des procédés chimiques), qui commencent par imiter les capacités de la fibre naturelle puis qui les dépassent (Fibranne des années 1930 ou Tergal des années 1950, par exemple). La production textile est sans doute l'une de celles qui a connu le cycle d'innovation le plus complet, partant des innovations techniques, de procédés et de produits (mécanisation alliance avec la chimie), à celles des pratiques de vente (vente par correspondance qui bouleverse la distribution au milieu du XXe siècle) ou des alliances entrepreneuriales et des cartel (Barjot 1994). Pourvoyeur de profits élevés le secteur est aussi très sensible aux aléas de la conjoncture internationale et il sait être innovant. Les premières grandes alliances entre la chimie et le textile sont établies dans les années 1920-1930. La Seconde Guerre mondiale, l'occupation du territoire français, les difficultés du ravitaillement, les ponctions allemandes et la collaboration d'État consolident ces alliances autour de projets ambitieux comme celui de France-Rayonne (Pack 2024). A partir de 1945, la fermetures des débouchés coloniaux liées aux indépendances et la perspective du Marché commun obligent le textile français à de nouvelles adaptations. La concentration, l'externalisation ou les pressions sur les salaires dans les régions de mono activité textile ne suffisent plus à maintenir les marges. Les premières fermetures de sites, précurseurs d'une désindustrialisation à bas bruit, montrent que la crise du secteur est structurelle. L'alternative à la faillite est l'investissement et l'innovation. L'État soutient l'alliance entre le textile et la chimie à travers les plans textiles qui font la fortune de Marcel Boussac jusqu'à la crise de 1973 et son dépôt de bilan dans les années 1980. Peu d'entreprises françaises survivent alors à la concurrence asiatique et celles qui s'en sortent se spécialisent dans les textiles très spécifiques. La composition des fibres n'est plus du tout naturelle, le textile français est devenu hyper spécialisé et technique.
Ces transformations, et en particulier l'imbrication croissante avec le secteur de la chimie, sont étudiées dans deux thèses d'histoire récentes : celle de Victorien Pliez à l'université de Lyon 2 et celle d'Émilie Pack à l'université de Valencienne. Leurs recherches offrent des matériaux neufs pour reconstituer la chronologie de l'artificialisation du textile et analyser ses implications. Elles complètent une histoire du textile français qui est déjà très étoffée mais qui s'intéresse peu aux externalités résultant des transformations du produit.
La thèse devra à la fois analyser l'impact des procédés chimiques de fabrication des fibres sur l'environnement et préciser dans quelle mesure les fabricants qui créent ces nouveaux tissus se sont intéressés aux menaces qu'ils représentent pour la santé des personnes. Le projet revêt donc une triple facette, celle de l'histoire économique et sociale (des salariés du textile, des patrons et du patronat), celle de l'histoire environnementale (étude du cycle de vie des fibres et des possibilités de recyclage) et celle de l'histoire de la santé publique (effet de l'artificialisation des tissus sur la santé).
Trois régions qui ont plus ou moins bien réussi leur reconversion vers le textile artificiel ou synthétique au XXe siècle, Rhône Alpes ancien foyer de la soie, Est et Nord anciens territoires de la laine et du coton, seront étudiées pour la période courant des années 1920 (première poussée du textile artificiel) aux années 1970 (crise économique mondiale et crise structurelle du textile, - Chevalier 1991). Quelques cas comme celui du groupe Boussac, dont les archives sont conservées aux Archives nationales du monde du travail à Roubaix - ANMT- et qui est sans doute l'un des plus novateurs dans les années 1950, compléteront les recherches. Les effets des transformations du secteur sur l'environnement seront précisés en analysant les substances utilisées pour fabriquer les tissus les plus répandus (comme le Fibranne et le Tergal). Prélevés aux archives ou dans des musées, les échantillons seront analysés par le CEA (Orsay) qui précisera leur éventuelle toxicité pour la santé et étudiera leur processus de décomposition (impact environnemental). La recherche des procédés de fabrication et de la composition des tissus sera sans aucun doute semée d'embuches parce que les entreprises défendent jalousement leurs secrets de fabrication. Il faudra contourner ces résistances en mobilisant les archives départementales des principaux sites textiles (Épinal, Lille, Lyon) et les archives nationales (AN Pierrefitte pour les fonds des organisations professionnelles, ANMT à Roubaix, Service des archives économiques et financière de la France -SAEF- pour les politiques publiques), les musées du textile et la documentation et des techniciens et des entreprises qui fabriquent et commercialisent ces tissus (comme les catalogues de La Redoute ou de Damart, par exemple). La documentation professionnelle sera consultée à la Bibliothèque nationale de France, aux ANMT et dans les bibliothèques municipales pour l'essentiel. Une enquête auprès des entreprises textiles est également envisagée pour compléter ces données sur les effets de l'artificialisation du textile sur l'environnement et la santé publique depuis la Première Guerre mondiale.
Le/la doctorant.e d'histoire contemporaine recrutée pour ce projet sera intégrée à l'équipe pluridisciplinaire constituée depuis le début du projet Pollutex, J.-P. Renault et S. Devineau déjà cités, ainsi que Sarah Person, chimiste, doctorante financée par Pollutex qui travaille depuis un an et demi sur les échantillons de fils fabriqués depuis les années 1920. Hébergé à l'IRHiS, il/elle sera chargé.e de dépouiller les archives et d'étudier la documentation sur l'artificialisation du secteur.
Le travail est pionnier car si les effets de l'alliance du textile et de la chimie ont été analysés en termes de diversité des fibres et des tissus mis sur le marché, aucune recherche n'analyse l'impact des profondes transformations de la composition des tissus sur l'environnement ou la santé de leurs destinataires, qu'il s'agisse de vêtements, rideaux, tentures murales et autres fauteuils et coussins puis moquettes revêtements, etc.
Contexte de travail
- Rattachement à l'Institut De Recherches Historiques Du Septentrion (IRHiS) UMR 8529 de l'université de Lille (France)
L'Institut de recherches historiques du Septentrion est une unité mixte de recherche du CNRS concentrée sur l'histoire des sociétés de l'Europe du Nord. L'institut a été créé le 1er janvier 2006 à la suite de la fusion de trois équipes regroupant des historiens et des historiens d'art : le Centre de recherches en histoire de l'art pour l'Europe du Nord le Centre de Recherche sur l'Histoire de l'Europe du Nord-Ouest le Centre d'Études et de Recherches sur les Savoirs, les Arts, les Techniques, les Économies et les Sociétés. En 2008, l'IRHIS comprend un effectif de 58 enseignants-chercheurs, 3 chercheurs, 2 ingénieurs, 81 doctorants, 3 techniciens CNRS et 2 administratifs.
- Co encadrementI :
Jean-Philippe Renault (DR) CEA Paris-Saclay et Stéphanie Devineau (MCU), UMR 3685 laboratoire NIMBE Chimie
- Villeneuve-d'Ascq - 59
- CDD
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