Chirurgien Dentiste H/F Société Française de Médecine Dentaire du Sommeil

Détail du poste

Du fauteuil dentaire au syndrome d'apnée du sommeil : le rôle pivot des chirurgiens-dentistes
Un patient se présente dans votre cabinet pour une douleur dentaire. Entre deux échanges, il vous confie être souvent fatigué malgré des nuits « complètes » et, presque en plaisantant, mentionne des ronflements qui perturbent ses proches. Et si ce n'était pas qu'une anecdote anodine ? Ce patient pourrait être atteint d'un syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS)
Le SAOS : quand le sommeil ne repose plus
Le SAOS est marqué par des interruptions répétées de la respiration pendant le sommeil, causées par un relâchement des muscles de la gorge.

Ces pauses respiratoires provoquent des micro-éveils qui fragmentent le sommeil, entraînant fatigue chronique, troubles de concentration et risques cardiovasculaires.
Ce trouble touche près de 10 % des adultes, et beaucoup l'ignorent. C'est là que vous, chirurgiens-dentistes, pouvez jouer un rôle déterminant en identifiant des signes auxquels vos patients ne prêteraient pas attention.
Dépistage en cabinet : vos premiers indices
Les indices d'un possible SAOS peuvent être visibles dès l'examen bucco-dentaire :
- Palais étroit ou voûte palatine haute
- Marques de bruxisme : serrage ou grincement des dent
- Langue volumineuse ou macroglossie
- Réduction de l'espace pharyngé
Vous êtes en train d'examiner un patient qui a la bouche grande ouverte : vous repérez peut-être l'un de ces signes. Dans ce moment où vous, dentiste, êtes le seul à pouvoir parler, c'est peut-être l'occasion idéale pour poser quelques questions importantes :
* « Ronflez-vous ? »
* « Vous réveillez-vous fatigué malgré une nuit complète ? »
* « Souffrez-vous de somnolence dans la journée ? »
Après tout, puisque votre patient ne peut qu'acquiescer ou marmonner, vous avez l'avantage de poser les bonnes questions sans trop risquer d'être interrompu ! Une opportunité parfaite pour initier un dépistage subtil et efficace du SAOS.
Pour aller plus loin, l'ajout d'un questionnaire validé comme le STOP-Bang dans votre fiche d'inscription pré consultation peut renforcer l'évaluation en identifiant les patients à risque élevé de SAOS.
Lorsque des signes de suspicion de SAOS sont identifiés, la confirmation du diagnostic repose sur des examens spécialisés. Les deux outils de référence sont la
polygraphie ventilatoire et la polysomnographie :
- La polygraphie ventilatoire : Cet examen mesure les flux respiratoires, les mouvements thoraco-abdominaux, la saturation en oxygène et les ronflements. Elle est particulièrement adaptée pour un dépistage initial en cas de suspicion modérée à élevée.
- La polysomnographie : Plus complète, elle enregistre également l'activité cérébrale, les mouvements oculaires, les muscles et les stades du sommeil. Elle est indiquée pour des diagnostics nécessitant une évaluation approfondie des troubles respiratoires et du sommeil.
Si le dépistage est une étape essentielle, le rôle du chirurgien-dentiste ne s'arrête pas là : il peut également intervenir activement dans le traitement, notamment grâce aux orthèses dentaires.
Les orthèses dentaires : une solution adaptée, mais ciblée
Pour les patients diagnostiqués avec un SAOS léger à modéré, ou ceux qui ne tolèrent pas le traitement par pression positive continue (PPC), les orthèses d'avancement mandibulaire (OAM) peuvent être une option efficace. Ces dispositifs repositionnent la mâchoire inférieure pour dégager les voies respiratoires.
Attention cependant : les orthèses ne sont pas adaptées à tous les profils. Une évaluation multidisciplinaire est indispensable pour garantir leur efficacité et minimiser les effets secondaires potentiels, tels que des douleurs articulaires ou des déplacements dentaires.
Conseils pour intégrer le dépistage du SAOS à votre pratique
1. Formez-vous : La médecine dentaire du sommeil est un domaine en plein essor.

Des formations spécialisées de la SFMDS vous permettront de mieux accompagner vos patients.
(webinar, congrès, articles scientifiques, s'abonner à ce journal...)
2. Travaillez en équipe : Une collaboration étroite avec les médecins du sommeil (chercher
des correspondants grâce à la SFMDS) garantit une prise en charge optimale.
3. Suivez vos patients : Si une orthèse est prescrite, son ajustement et son suivi régulier sont essentiels pour assurer son efficacité à long terme. (Des recommandations de suivi existent)
En tant que dentiste, vous êtes un maillon essentiel dans la chaîne de dépistage et de prise en charge du SAOS. Vos compétences et votre proximité avec vos patients font de vous un acteur clé pour améliorer leur qualité de vie et prévenir les complications. Alors, lors de votre prochain examen, gardez l'oeil ouvert : derrière une consultation dentaire peut se cacher une opportunité d'aider votre patient à mieux respirer la nuit, mieux dormir et améliorer sa qualité
de vie.
En jouant pleinement votre rôle dans ce processus, vous apportez une contribution essentielle à la prise en charge de vos patients, au-delà des soins bucco-dentaires. Votre patient vous dira merci, non seulement pour son sourire, mais aussi pour ses nuits...
Dr Jonathan TAIEB
Médecin spécialiste du sommeil
Directeur de l'institut médical du sommeil
Praticien hospitalier attaché au centre du sommeil de l'hôtel Dieu de Paris